Européennes 1984
Oui, le titre de Libération est exactement ce que j’ai ressenti. Le Choc ! Et même le double choc. A partir du 18 juin 1984 l’histoire de France ne sera plus la même et personne n’imagine alors jusqu’à quel point le paysage va changer ! L’Humanité préfère titrer sur l'abstention puis sur Sévère mise en garde avec cette indication en sous-titre : Le recul du parti communiste va être l’objet d’un examen approfondi. Dans les faits il s’agira d’un enterrement approfondi car il est trop douloureux de pointer une baisse aussi énorme dans une élection faite pour le PCF ! De 20% à 11% ! Or dans le même temps Le FN est aussi à 11%, juste 50 000 voix derrière le PCF.
Du côté de la droite c’est la victoire de Simone Veil avec 42% dans une liste d’union des droites, union qui a favorisé le succès de Le Pen. Quant au PS il ne brille pas non plus puisqu’il ne bénéficie en rien de la chute du PCF en restant à 20%.
Côté PCF c’était les mêmes candidats qu’en 1979… à une variante près que j’avais noté dès l’époque mais sans en connaître les raisons : l’élimination de Félix Damette. Ce communiste aura été un atypique : n’appartenant à aucune tendance il s’activait à partir de ses propres analyses. C’était un géographe fait rare dans ce parti. Il m’est arrivé de l’écouter une seule fois, juste avant sa disparition des radars, en 1985. Plus tard j’ai demandé de ses nouvelles et on m’a répondu qu’il aimait surtout le désert.
Il est atypique dans le sens où, découvrant le mur vers lequel se dirigeait son parti, il a préféré se taire. Dès les années 85 ses solutions étaient irrecevables. Plutôt proche de Juquin, il n’a pas suivi Juquin. Plutôt proche de Guy Hermier il n’a pas suivi Guy Hermier. Sans doute plus proche de Marcel Rigout que d’Anicet Le Pors il n’a pas suivi Marcel Rigout. Bref, le PCF en tirera une conclusion : quitter le gouvernement.
Côté FN ce fut la divine surprise et contrairement à la pensée commune de l’époque le succès de ce parti n’était pas destiné à mourir aussi vite qu’il était arrivé. Je donne quelques écrits de l’époque (voir lien en haut de l'article : on y tourve des références au Monde, Edwy Plenel, à Libération et à l'Humanité).
Les élus du FN sont dans l’ordre : J-M Le Pen, Michel de Camaret, J-P Sirbois, Gustave Pordea, Dominique Caboche, Olivier d’Ormesson (élu en 1979 avec Simone Veil), Bernard Antony, Martine Lehideux, Michel Collinot, J-M Le Chevallier.
L’électorat de Le Pen appartient à toutes les classes d’âge, à toutes les catégories sociales, est plus masculin que féminin et provient surtout d’abstentionnistes de 1981.
Et dès le départ la personnalité de Le Pen attire l’essentiel des électeurs FN.
Tout le monde comprend qu’en 1986 la gauche va perdre et Mitterrand se prépare à la cohabitation. Il prendra Chirac comme premier ministre pour mieux diviser la droite
Côté écologistes la bataille continue de faire rage.
Cette fois Brice Lalonde a tenté de faire une union au centre avec Olivier Stirn et François Doubin, le MRG ayant décidé de quitter l’union avec le PS. Une opération sans doute téléguidée par Mitterrand pour essayer d’arrêter les Verts (une obsession du vieux socialiste), tout en poussant à l’existence d’un centre à sa mesure. Cette liste sera devancée de très peu par la liste des Verts chacune faisant 3,3% ce qui ne donne aucun député.
Tout le monde le comprend l’opération à trois va entrer dans la case de l’éphémère tandis que la liste de Denis Anger par pouvoir scellé l’existence de l’écologie politique qui aura cependant toujours la difficulté de choisir entre droite et gauche. JPD