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Vie de La Brochure
16 avril 2018

En 68 les Sunlights en pleine lumière

sunlights

D’Henri Langlois viré de la Cinémathèque à Ariane Mnouchkine en quête d’un local (qui deviendra la Cartoucherie de Vincennes) l’agitation culturelle en 68 est riche et variée avant même les événements. Tout se fait sous l’emprise de ce refrain : «C'est aujourd'hui dimanche / Tiens, ma jolie maman / Voici des roses blanches / Que ton cœur aime tant... »

 Ce refrain ancien est repris par trois jeunes crooners italo-belges qui se désignent du nom amusant : les Sunlights. Je dis amusant car le tube une fois passé ils disparaitront de la lumière, mais contre toute attente, ils auront apporté aux descendants de Berthe Sylva une fortune imprévue.

 Cette chanteuse meurt le 24 mai 1941, et pour lui rendre le dernier hommage, il n'y a plus près d'elle que quatre personnes : Max Trébor, le directeur de l'Alcazar ; un chanteur inconnu ; une fantaisiste débutante et un imprésario de province. Quelques jours avant de mourir, la créatrice des «Roses blanches», disait : « Je ne ferai pas de testament, je n'ai plus rien à donner. Elle se trompait : depuis dix ans déjà Odéon-C.B.S. a diffusé plus de deux millions de «Berthe Sylva» et verse à ses héritiers plus de royalties que la Bertha des «Roses blanches» n'en toucha jamais.

Quand le 30 novembre 1967, dans un studio, au cinquième étage du palais tout rond de l'O.R.T.F., les Sunlights chantent, il y a dans l’ombre, Léon Raiter qui composa avec Charles-Louis Pothier, entre les deux guerres, dix-huit cents chansons aux fortunes diverses dont ces «Roses blanches». La chanson fait pleurer sur l’histoire pitoyable d'un petit orphelin voleur de fleurs par amour filial.

Léon Raiter intervient à la T.SF., au piano ou à l'accordéon mais en 1930, il innove en faisant interpréter sa chanson par une ex-femme de chambre bretonne, devenue chanteuse, Berthe Sylva, découverte la veille au Caveau de la République. Evénement sans précédent : personne n'a encore jamais chanté devant un micro, « pour la T.S.F.». Pendant qu'elle détaille «les Roses blanches», un ingénieur du son manœuvre un tableau noir sur lequel il griffonne fébrilement des indications techniques : «Eloignez-vous» «Plus près du microphone», «Trop fort», «Trop faible».

Au quatrième étage de la rue de Grenelle, Marcel Pellenc, directeur de la Radiodiffusion française, entend l'insolite séquence, descend au pas de charge, surgit dans le studio et, derrière les vitres de la cabine technique, applaudit. L'aventure a duré deux minutes cinquante secondes.

Le lendemain, des milliers d'auditeurs enthousiastes écrivent, télégraphient, téléphonent à Berthe Sylva, aïeule et chef de file de toutes les idoles radiophoniques. Trois semaines après cette émission historique, les disques Odéon gravent, son premier 78 tours. Cachet : 200 francs par face.

Des années plus tard le passé a refait surface grâce à trois jeunes venus de nulle part. L’histoire n’est pas linéaire. J-P Damaggio

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