Jean Vilar en 1964

Oppenheimer_par_Jean Vilar

Qu’en 68 Jean Vilar ait été injurié à Avignon ne me pose pas problème mais les arguments utilisés oui. Les mêmes que ceux utilisés par les maîtres du pouvoir pour virer après les événements un wagon de journaliste de l’ORTF, des journalistes qui tentèrent ensuite de faire une info parallèle distribuée par la FOL aux jeunes de l’Ecole normale de Montauban. Dans les deux cas on a assisté, pour des raisons différentes, à la promotion de l’ignorance rance. Dans un cas au nom du culte lamentable du facile (il est toujours plus facile d’être ignorant) dans l’autre au nom du culte lamentable de la désinformation (il est toujours plus facile de désinformer).

En conséquence l’article ci-joint de Jean Vilar (voir le lien) en 1964 que je ne présente pas au nom d’une défense et illustration de son œuvre permettra de vérifier que même à la fin de sa vie l’homme n’était pas un fossile. J’écris juste au moment où un ami me téléphone et m’indique qu’il se souvient qu’à Montargis en 1968 un dirigeant communiste venant tenir réunion, s’est écrié en voyant la tribune : « Mais nous sommes en 1936 ». Dans son article Vilar fait une référence atypique au Front populaire de 1936 :

« Que la fraction la plus vive et la plus courageuse, la moins égoïste de cette génération [celle qui a fait 1936], ait démarré dans la vie, à vingt ans, en exprimant ou en combattant physiquement les idées et les espoirs de la gauche et de l'extrême gauche, trotskysme compris, cela est évident. L'histoire de la France n'est pas uniquement celle des institutions, celle de «Gnôme et Rhône», voire celle de «Cyrano de Bergerac» ou de «Chanteclerc». Les plus indifférents, humiliés ou non par la misère, et même les pantouflards, étaient alors eux aussi, sensibles à cette montée de la gauche et de l'extrême gauche, dont le plus haut fut, en ce qui concerne la France, l'établissement efficace (et brouillon, j'en demande pardon) du Front populaire.»

Efficace et brouillon le Front populaire ?

Après les événements d’Avignon 1968, pouvait-il dire : «efficace et brouillon» ce mouvement ?

Ce qui est sûr c’est qu’en 1968 ils furent nombreux à inventer le fil à couper le beurre. C’est le destin de la jeunesse… J-P Damaggio