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Vie de La Brochure
4 mai 2018

En 68 qu’est-ce que le politique ?

Si vous lisez le texte d’Olivier Todd sur les étudiants en 1964 vous verrez qu’une des questions qui se posait en 1964 chez les étudiants c’était la dépolitisation.

Si vous lisez les leçons tirées de 68 par Jacques Duclos vous verrez ce qu’est pour lui la politique, et vous comprendrez la dépolitisation des étudiants.

En 1968 un des slogans fut le suivant : «Tout est politique». Comme souvent pendant le mouvement, c’était une exagération mais si certaines étaient des «non sens» comme CRS=SS, celle sur la politique ouvrait des réflexions.

Il s’agissait alors de faire comprendre que la pollution des eaux c’était politique, la solidarité c’était politique, la domination masculine c’était politique, l’évolution des médias c’était politique etc.

Et si le mouvement a pris l’ampleur qu’il a pris c’est parce que la politique a pu fédérer les actions citoyennes.

Ajouter les revendications n’a jamais donné un mouvement social cat chaque secteur se bat pour lui-même.

Politiser les revendications peut donner un mouvement social à condition de faire évoluer le sens du politique.

Quand les paysans veulent augmenter le prix du lait, ils ne peuvent rencontrer les revendications des ouvriers qui veulent un lait le moins cher possible. Le corporatisme divise, le politique unit ! Et c’est le politique qui en proposant de contrôler les marges de la grande distribution peut unir les deux secteurs de la population.

Le politique n’est pas défini une fois pour toute mais évolue avec la société.

Les luttes sociales ont permis petit à petit de développer par exemple un système de retraite, et au bout d’un moment ce système devient général et devient par conséquent politique.

J’ai évoqué les 15 000 morts des accidents de la route en 1968. Malheureusement ce point n’a jamais été considéré comme étant politique et n’a pas suscité de luttes sociales or il était et est politique.

Pendant des siècles la mortalité infantile a été considéré comme inévitable puis à partir de 1880 pour repeupler la France en vue de la revanche contre l’Allemagne des mesures politiques ont été prises et elle a baissé à grande vitesse. C’était politique.

Concernant les rapports syndicats/partis, il y a eu en France les trois positions :

-         Les syndicats occupent la place du politique (c’est l’anarcho-syndicalisme)

-         Les syndicats sont la courroie de transmission des partis (communistes ou socialistes)

-         Les syndicats d’un côté et les partis de l’autre, à chacun son domaine.

En 1968 le syndicat CFDT en Tarn-et-Garonne (section enseignement privé) s’est indigné de la politisation du syndicat :

«Il regrette très vivement cette prise de position [en faveur de Mendès-France] estimant qu’en aucun cas un syndicat ne peut se lier à un parti ou à un homme politique, voire prononcer son nom.»

De son côté la CGT n’a pas cessé de demander aux partis politiques de gauche de s’unir sur un programme commun et une fois le programme réalisé elle l’a défendu.

En 68 tout devenant politique, ça n’a pas empêché les négociations sur telle ou telle revendication, et le Grenelle permettait un union entre le politique et le syndical, les deux se renforçant l’un l’autre.

La lutte pour le droit de vote à 18 ans (on pouvait se faire tuer sur la route à 18 ans mais il fallait voter seulement à 21 ans et c’est seulement en 1978 que pour la première fois les jeunes ont pu se diriger les urnes) était une lutte politique donc cette reconnaissance avait des répercussions dans tous les domaines de la société.

Des écoles mixtes c’est une revendication politique.

Pour comprendre comment la régression du politique est intervenue à gauche, à partir des années 1970, il suffit de relire le programme commun pour qui l’écologie n’est pas politique (simple exemple).

Défendre la nation, c’est défendre le tissu industriel du pays, c’est donc une action sociale et pourtant totalement politique.

Bref, l’évolution du champ du politique est la première des données pour définir le politique. Quand tout devient seulement «comptabilité» le politique meurt au profit de l’économique (et pas seulement dans les couloirs du pouvoir). J-P Damaggio

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