8 mai 1978 le point de vue de Jacques Brière sur 68
Après Dominique Vidal, France nouvelle (l'hebdo du PCF) va donner la parole à un autre des journalistes de référence Jacques Brière. Il délaisse totalement le témoignage pour se consacrer uniquement à l’histoire. Bien sûr l’histoire est aussi faite de témoignages mais ce n’est pas parce qu’on y était qu’on peut voir tout le paysage.
Donc il discerne trois approches, l’avant, le pendant et l’après.
L’avant : Le modèle 1936 qui est clair quand on regarde la démarche «occupation d’usines» mais qui ne correspond plus à l’époque.
« De ce fait, mai 68 fut vécu — notamment et pour une part par la classe ouvrière et ses organisations — sur le mode de «36», selon ses catégories, sa manière de définir (et de séparer) l'économique du politique, le particulier du général, le court terme du long terme, ce que l'on dit «quantitatif» de ce qui est «qualitatif» etc. »
Le pendant : « … le mouvement ouvrier. Sa grève, ses aspirations, ses revendications furent certainement beaucoup plus complexes, comportèrent certainement beaucoup plus «d'inexprimé» (d'inexprimable alors) que l'on peut encore le penser. »
L’après : Mai 68 inaugure une troisième phase, celle des années 60.
«L'entrée de la crise dans sa troisième phase ne devient apparente — largement perceptible — qu'en 1968 mais déjà les années 60 (1960-1968) étaient, comme des cerisiers au printemps, chargées de signes annonciateurs.»
J-P Damaggio