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Vie de La Brochure
2 juillet 2018

2011, Mexique : Querelles sur un massacre

Je reprends ici un article de 2011 :

 

Le crime organisé met le feu de sang froid à un Casino, un acte de barbarie qui s’inscrit dans une histoire noire et la revendication de certains à gauche est la suivante : fermons les casinos, éliminons le président Calderon et tout ira pour le mieux.

Je ne suis pas au Mexique, je n’ai de conseils à donner à personne mais comment ne pas reconnaître un comportement classique de la classe politique, y compris en France : quand un doigt montre un drame, les médias et les autorités se focalisent sur le doigt et oublient le drame…

1 – La Corruption

Que la gauche mexicaine se «rassure» : la corruption n’est pas une originalité nationale ou mieux encore, celle du parti du pouvoir, le PAN. La corruption gagne du terrain partout et à grande vitesse et il y a de bonnes raisons à ça. Parce que le fait est général, ce n’est pas pour excuser Calderon et ses sbires, c’est pour porter le regard sur le structurel en même temps que sur le conjecturel. Si le Mexique était une anomalie et l’assassinat de 52 innocents un fait isolé nous pourrions chercher tout le mal dans l’absence d’une deuxième porte de sortie du Casino…

2 – Le Crime organisé

Le qualifier de «terroriste» ne serait plus qu’un jeu ridicule pour plaire aux USA car ça leur donnerait ainsi le prétexte pour intervenir militairement dans le pays. Un jour au Panama, les armées des USA partirent à la capture d’un de leurs hommes (Noriega) dont ils avaient fait le président du pays, car il était devenu un chef de la drogue. Tout le monde sait très bien que le Mexique n’est pas le Panama. D’autant que le Mexique est à présent économiquement lié aux USA. La défense de la souveraineté du pays devrait être d’abord économique.

Au Pérou, les USA firent aussi tomber un de leurs hommes à eux (Montesinos) le jour où il a cru que le trafic de drogue lui donnait une quelconque indépendance.

Le Mexique n’est pas le Pérou. La crainte majeure n’est plus la possible intervention US mais la domination de criminels très organisés. En 2012, il suffit que la gauche gagne les élections, qu’elle démontre sa capacité à rétablir l’autorité de l’Etat et une page sera tournée ?

3 – La démocratie demain

Pourquoi au Mexique, des phénomènes internationaux y ont pris une telle ampleur que le pays est devenu le moins sûr d’Amérique latine ? Car si le crime et la corruption sont partout, ça serait ajouter au crime que de banaliser la situation. C’est en dix ans que les phénomènes sont devenus gigantesques, c’est-à-dire depuis le multipartisme, les élections libres, la liberté de la presse, autant de phénomènes qui ont fait que le pouvoir politique est passé des mains du PRI à ceux du PAN.

Par sa main de fer, le PRI réglait en interne des conflits qui sont devenus des drames humains quotidiens. Quand la mafia achète le pluralisme, la démocratie repose en quelques mains éparses qui peuvent réaliser des cortèges de 500 000 personnes, l’impuissance reste au bout. Je ne vais pas en revenir aux oppositions chères à la guerre froide, la démocratie bourgeoise face aux démocraties populaires, les deux démocraties ayant, pour le compte de forces différentes, joué de divers masques, mais nous en sommes toujours au même point : la démocratie comme mot miracle revient encore et toujours à donner à manger au renard pourtant libre dans le poulailler. Les Mexicains et les Mexicaines sont face à un défi qui a été souvent le leur : comment inventer enfin une révolution démocratique ? Avec ou sans Casino, avec ou sans double porte de sortie aux casinos, avec ou sans double, peu de pouvoirs en place peuvent tenir.

3-09-2011 JPD

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