Sergio Leone, il était une fois dans l’ouest
Le film revu hier soir à la télé m’a rappelé un vieux souvenir de 1974. A un moment, dans le film, le héros (Personne) passe dans une fête foraine où, en guise de jeu, on lance des immondices sur la tête de deux Noirs pris dans un drap.
J’étais alors dans une salle à l’américaine telle qu’on les connaît depuis en France. A l’entrée la vente d’une place était souvent liée à l’achat d’un paquet de pop-corn. Cette seule salle d’un petit cinéma de Louisiane était un lieu populaire, donc le public était surtout un public de Noirs.
Quand la scène de la fête est apparue sur l’écran, ce furent des cris d’indignation d’abord parce que les spectateurs regardaient le film comme ils regardaient chez eux la télé, en l’accompagnant de leurs commentaires, et que cette image de Noirs servant de jeu c’était comme si eux étaient à leur place. Autant dire que quand Personne a lancé la tarte contre le propriétaire du jeu il a été applaudi.
Revoir le film aujourd’hui permet de vérifier la rareté des femmes chez Sergio Leone (avec des variantes toutefois) et quand elles sont là c’est pas la joie pour elles. Mais l’ouest c’était l’ouest et les USA sont les USA.
Et le passage du temps, très net dans le film, puisque tout tourne autour du passage du monde de l'ancien au monde du jeune, renvoie au rêve permanent de Sergio : tourner enfin « il était une fois en Amérique » pour montrer le résultat en 1960 de cette fameuse conquête de l’ouest. Et Jacques Beauregard devenant une légende c'est peut-être aussi l'autre rêve du bon Sergio, devenir une légende. JPD