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Vie de La Brochure
15 septembre 2018

De Bugeaud à La Boétie

la boetie

bugeaud

chateau excideuil

Parmi les 1000 châteaux de Dordogne, Excideuil a le sien dans le genre semi-public, semi privée. Pour le public des écuries servant de salle des fêtes et pour le privé des appartements où loge l’inventeur de jouets en bois emboitables. Du promontoire on a une vue sur la statue de Bugeaud (1784-1849) dont on se demande ce qu’elle fait là. Une plaque sur le socle raconte le voyage d’Alger à la Dordogne que le «grand homme» a suivi de 1962 à 1969. Bugeaud a suivi le sort des Pieds-noirs ! «Mais le 7 juillet 1962, les événements en Algérie conduisent les soldats du Génie à démonter promptement la statue du Maréchal qui trône à Alger et à la placer sur le premier bateau en partance pour Marseille.»

Elle avait érigée le 15 août 1852 à Alger au rond-point d’Isly un peu avant de celle installée à Périgueux le 6 septembre 1853. Le Second Empire savait célébrer les siens et si je ne suis pas du genre à proposer la destruction de telles références je trouve odieux que la plaque commence par «En l’honneur du grand homme».

Le lecteur de la plaque peut éventuellement se demander pourquoi elle a été démontée «promptement». Faut-il rappeler que Bugeaud a été le pionnier dans l’extermination de paisibles algériens dès les années 1840, qu’il a fait des émules du genre de Saint-Arnaud cheville ouvrière du Coup d’Etat du 2 décembre 1851 et à ce titre père du Second empire ?

Bugeaud, natif de Limoges, avait été très actif à Excideuil d’où la mobilisation de notables pour obtenir l’installation de la statue dans la ville. Dans un très beau petit livre[1] Joëlle Chevé préfère retenir «il se fait détester des républicains pour le massacre de la rue Transnonain» tout en rappelant qu’il triomphe d’Abd el Kader.

 

Tout en restant en Dordogne il est possible, en voiture, d’aller un peu plus au sud en une heure de temps, pour y découvrir la statue de l’anti-thèse de Bugeaud. Elle n’est pas dans sa maison natale surmontée d’un pignon car sa famille avait pignon sur rue. Quand j’ai appris que cet écrivain était la référence majeure de Léon Cladel j’en ai été ravi mais pas surpris. Les rares œuvres d’Etienne de La Boétie (1530-1563) avait été oubliées pendant des siècles quand la Révolution française les a sorties de sous la poussière. Aujourd’hui que dirait-il de l’invasion touristique de sa ville de Sarlat ? Que la soumission a pris des formes nouvelles ? Sur le livre déjà mentionné Joëlle Chevé rappelle : «Il est encore une guide pour tous ceux qui luttent contre la tyrannie.»

Sa statue réalisée par le sculpteur Tony Noël fut érigée en 1892 (centième anniversaire de la première république) sur la place de la grande Rigaudie (à deux pas de la poste), une place ombragée utilisée aujourd’hui en parking. La première Loge maçonnique de la ville, La Parfaite Harmonie, a financé en grande partie son érection. Au cours de mon premier voyage à Sarlat j’avais ramené La Boëtie le magistrat aux nombreux mystères de Jacques Joseph Desplat, aux Editions PLB. Un livre complet qui permet de bien situer le philosophe.

Bref d’une statue à l’autre on a parcouru le chemin de la thèse à l’antithèse dans l’univers des progressistes car les deux hommes avaient de point commun : vouloir le progrès social mais conçu sous deux angles différents, deux angles toujours présents. J-P Damaggio



[1] Sur les traces des illustres en Périgord, Editions Echappée Belle

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