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Vie de La Brochure
30 septembre 2018

Ferrat-Buffet, 2002

Buffet-Ferrat

FERRAT : C'EST (TOUJOURS) UN JOLI NOM CAMARADE

Vendredi, 15 Novembre, 2002, L'Humanité

" Il y a une réelle envie de changer ce monde. Les communistes doivent y participer et ne pas rester dans leur coin "

Le rendez-vous était fixé hier matin au restaurant La Montagne, place de la Résistance, à Antraigues, " village de caractère ". Elle, débutait une journée dans l'Ardèche avant un repas-débat avec des militants communistes, une rencontre avec des salariées du textile puis, en soirée, un forum sur l'avenir de la gauche. Lui, crinière blanche au vent, est arrivé les mains dans les poches. Un tête-à-tête " fructueux " aux dires de Marie-George Buffet : " Nous avons parlé du communisme et surtout d'utopie. Je sors confortée de cet entretien ", nous a déclarés la secrétaire nationale du PCF. Plus tard, Jean Ferrat s'est longuement confié à l'Humanité.

 Pourquoi avoir accepté cette rencontre ?

 Jean Ferrat. Je n'ai jamais été au Parti même si tout le monde le croit. Mais je partage beaucoup de choses avec Marie-George Buffet, notamment le souci des autres et surtout de ceux qui sont le plus en difficulté. Je m'interroge comme elle sur l'avenir du pays, sur le manque de perspectives. Elle a beaucoup de sympathie pour moi. J'en ai pour elle. J'ai suivi avec attention son parcours de ministre. Mettre une femme à la tête du PCF donne incontestablement une meilleure image, d'autant qu'on sent chez elle une volonté d'écouter les autres. Je lui fais confiance pour l'avenir.

 Justement, après la débâcle de la présidentielle, l'avenir du PCF est en question. Comment en est-on arrivé là selon vous ?

 Jean Ferrat. Il y a plusieurs raisons ! La dernière participation des communistes au gouvernement a été mal vécue, d'autant que ce gouvernement n'a pas eu de gestes significatifs envers les plus défavorisés. Le PCF a été en quelque sorte sanctionné. Après, rien n'est écrit. Il peut y avoir un renouveau communiste, tout comme l'organisation peut disparaître du jour au lendemain comme on l'a vu dans d'autres pays. Je crois qu'il faut reparler d'utopie, faire rêver les gens. Et surtout éviter le repli sur soi qui serait catastrophique. Les communistes doivent se mêler aux autres, partager, écouter, échanger. Regardez tous ces forums à Seattle, Gênes ou Florence, cette jeunesse qui commence à agir. Pour moi, c'est extraordinaire de voir ça ! Il y a une réelle envie de changer ce monde. Les communistes doivent y participer et ne pas rester dans leur coin.

 Pourquoi selon vous le PCF a du mal à se faire entendre du reste de la société ?

 Jean Ferrat. On ne mesure pas, je crois, les conséquences de l'implosion du monde communiste et singulièrement de l'Union soviétique. Le passif est lourd. Ce stalinisme, ces goulags, ont fait et continuent de faire beaucoup de mal aux communistes français, même si je sais que fondamentalement, ils n'ont rien à voir avec tout ça. Mais il y a eu aussi de purs staliniens au PCF, des gens qui parlaient de " rapport attribué à Khrouchtchev ". À l'époque, disaient-ils, il ne fallait pas désespérer Billancourt, il y avait un " attachement indéfectible " à Moscou. Je n'oublie non plus pas le jugement de Georges Marchais sur le " bilan globalement positif " des années quatre-vingt. En réaction, j'ai même écrit une chanson. Cette façon terrible de voir les choses a aussi amené au désastre actuel. Il a fallu attendre ces dix dernières années pour voir un réel changement. Mais je crois néanmoins qu'il faudra plusieurs générations pour changer la donne de ce point de vue là. L'image est réellement, durablement brouillée.

 Qu'est ce qui vous fait encore espérer ?

 Jean Ferrat. Il possède encore une force : le capital de sympathie qui entoure les militants communistes. Et puis, il faut bien rappeler que ce parti a été un parti majeur de la Résistance et contre les guerres coloniales, quand même ! Mais disons-le sans nostalgie car le passé du PCF possède plusieurs visages. Les gens me semblent encore conscients de son rôle pour la défense des acquis sociaux. Il n'y a pas d'autre issue d'être plus près des gens. Mais pas comme avant. Le travail, la société, l'information avec Internet, ont évolué à une telle vitesse. Le politique doit le faire aussi. Les salariés ne se retrouvent ainsi plus dans des classes. Nous sommes au troisième millénaire. Face au monde tel qu'il est, le marxisme semble toujours d'actualité mais, comme l'utopie, il faut le faire évoluer. Il y a un retard d'analyse, de comportement, qui est dû à ce schéma de pensée qui a trop longtemps perduré au PCF. Pour s'en sortir, il faut se mélanger à toutes ces associations et ces mouvements de plus en plus nombreux qui contestent ce monde ultralibéral. Se mélanger et surtout écouter. Mais il faut pour cela que ce parti retrouve un souffle.

 Entretien réalisé par

 Laurent Flandre

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