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Vie de La Brochure
4 octobre 2018

Comment travestir Jean-Claude Michéa ?

On peut combattre une pensée pour ce qu’elle dit, mais aussi, surtout quand elle dérange l’ordre ambiant, pour ce qu’elle ne dit pas. Il est possible qu’on fasse à Michéa le reproche de travestir lui-même Michel Foucault par exemple, mais en fait les travestissements dont il est souvent victime, évacuent ses travaux pour le réduire au rôle de charlatan.

Si je prends son dernier livre sur la fonction du droit dans une société libérale beaucoup peuvent lui reprocher de ridiculiser tellement la liberté (en fait celle du renard dans le poulailler) que les acquis, depuis des générations de luttes, ne seraient que des « libertés formelles » comme on savait le dire du temps des « démocraties populaires ». Par ce trompe l’œil on réduirait sa pensée à une face or il y en a bien deux comme l’exprime parfaitement cette phrase :

 «Comment alors échapper à ce cercle infernal ? Sachant qu'il ne s'agit évidemment pas, ici, de dénoncer comme purement «formelles», «illusoires» ou «mensongères» ces libertés fondamentales dont l'idéologie des «droits de l'homme» prétend monopoliser aujourd'hui la défense (parler sans plus de précaution de la «fable des droits de l'homme» — comme le font, par exemple, les Indigènes de la République — risquerait surtout de réintroduire les fables stalinienne, fasciste ou islamiste) [26]. Il s'agit, au contraire, de proposer une autre manière philosophique de fonder ces libertés indispensables qui, en permettant enfin de désamorcer le principe d'illimitation qui ronge de l'intérieur l'idéologie libérale des droits de l'homme, éviterait ainsi d'ouvrir en grand les portes de la bergerie socialiste au loup de Wall Street (car qui commence par Kouchner finit toujours par Macron !).»

 Il l’écrit ailleurs quand il parle de trouver les mots capables de prendre en compte l’instance de la vie commune et de distinguer ainsi les libertés qui renforcent notre autonomie individuelle et collective, de celles qui accroissent notre atomisation. Je l’ai écrit cent fois en distinguant la fidélité qui est soumission (les fidèles à l’église) et la fidélité à des valeurs traditionnelles d’insoumission. Et la bataille de la lutte des classes dans les mots devrait être générale.

 Pour reprendre un fait plus direct et plus clair, Michéa se moque de cette assemblée nationale élue en 2017 célébrée par les médias pour son côté très féminin et très jeune par rapport au passé il note aussi : « cette double révolution de l’âge et du genre, constitue indéniablement, par certains côtés, un véritable progrès humain.» On comprend la mise en italique de « par certains côtés » car par d’autres, oubliés par les médias, c’est l’assemblée avec le plus grand degré de consanguinité sociale. Les classes populaires y représentent seulement 3% des élus. Les merveilles de notre société tiennent exactement à ce double phénomène qui n’a rien à voir avec le « en même temps » sauf à dire qu’il y a en même temps révolution de façade pour confirmation du système de domination.

Après ce cercle infernal du capitalisme qui atomise l’individu, unifié seulement par le marché, et qui conduit Michéa à dénoncer l’idéologie des droits de l’homme, il propose que les libertés existantes prennent une autre direction sur la base du fait que l’homme est d’abord un être social.

 Dans la citation ci-dessus, il y a un nombre [26] qui renvoie à un commentaire où Michéa analyse les deux faces de la stratégie du Parti des Indigènes de la république, car là aussi il y a deux faces : une face critique du capitalisme et une face «oubliant» le dit capitalisme. Là aussi célébrer une face en oubliant celle qui la disqualifie (les deux faces n'ont pas la même valeur), est bien triste mais normal chez certains qui veulent se présenter comme la part récupérable de la race blanche, pour courtiser ainsi les adeptes du PIR ! Parmi eux Isabelle Garo qui ne mâche pas ses mots contre Michéa : Au nom du peuple. J-C. Michéa réécrit l’histoire. Ce qui n’empêche pas Michéa de saluer la revue Contretemps, où Isabelle Garo tient chronique. Je reprends sa phrase totalement injuste :

« Par la voix de Michéa, c’est d’abord la Nature qui parle. En découle à la fois l’explication de la crise dans la civilisation et un nouveau projet d’alliance de classes, incluant les « petits » (petit peuple vrai, petits commerçants, petits entrepreneurs, petits paysans) opposés aux élites et aux sans-frontières, d’en haut comme d’en bas, conspirant de concert contre les premiers. Ce redécoupage des classes et leur alliance autour d’un ressentiment partagé correspond à ce que les historiens marxistes ont identifié depuis longtemps comme la base sociale traditionnelle du fascisme, trans-classe par chauvinisme.»

Michéa ne parle jamais d’une alliance pour l’alliance (comme souvent dans le camp d’Isabelle Garo) mais d’un projet philosophique pour cette alliance, qui est l’exact contraire du fascisme ! Mais bon, à suivre. JPD

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