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Vie de La Brochure
29 octobre 2018

Ecologie, Clouscard, Michéa

Aymeric Monville, grand défenseur de Clouscard dont il assure la réédition avec les éditions Delga, indique dans un article de La Pensée, n° 356, oct-dec 2008 :

« En recentrant la problématique éthique autour de la production, l’un des grands mérites de Clouscard est également d’avoir anticipé, quarante ans avant le chantage à la « décroissance », le rôle du discours « écolo » dans la stratégie capitaliste. C’est, et ce sera de plus en plus, pour « défendre l’environnement » qu’on délocalisera les industries vers les pays à bas salaires. Clouscard rappellait opportunément aux ancêtres des «décroissants», les idéologues du Club de Rome, qui agitaient déjà les peurs millénaristes pour mieux justifier les privilèges de la bourgeoisie, que nous ne consommons évidemment pas plus que ce que nous produisons. Que la conduite des firmes fasse courir par endroits des risques environnementaux, c’est bien possible, mais cela justifie d’autant plus une économie organisée, rationnelle, démocratique et socialiste. C’est le capitalisme qu’il faut restreindre, et non la production. »

 Sur le Comptoir R. Kévin Boucaud-Victoire, grand défenseur de Michéa indique en conclusion d’un article de 2015 à la gloire de Clouscard :

« Si Clouscard, qui ignorait (voire méprisait) complètement les problématiques écologiques ou les combats dits «minoritaires» (féminisme, antiracisme, etc.),  n’est pas exempt de critiques, son apport reste essentiel. Il a en effet été le premier à comprendre ce que – deux décennies après lui – Luc Boltanski et Ève Chiapello ont nommé « le nouvel esprit du capitalisme »[v]. En percevant dans la montée du libéralisme-libertaire l’avènement d’une classe moyenne éduquée et urbaine soumise à ses désirs et à sa libido, le philosophe préfigure la littérature houellebecquienne[vi]. On retiendra donc surtout de lui qu’il a su comprendre que la libéralisation des mœurs prônée par la petite bourgeoisie, sans remise en question du capitalisme, rejoint la fausse liberté de consommer défendue par la grande bourgeoisie.»

 Michéa affiche clairement son attention à la crise écologique, une crise majeure, à une certain forme de décroissance avec comme référence fréquente l’écolo Bernard Charbonneau.

 Jean-Claude Leroy présentant le livre majeur Michéa l’inactuel donne ainsi les références de Michéa :

« Bien davantage disciple des sociologues de l’école de Francfort, de Socialisme ou Barbarie, de la critique situationniste et de Henri Lefebvre, de Jacques Ellul et de Bernard Charbonneau, sans oublier Christopher Lasch, que de la génération suivante, Michel Foucault, Gilles Deleuze, en premier lieu, dans laquelle il voit l’écueil libéral où s’est engouffrée le gros de la pensée universitaire, et le renoncement à la critique de la vie quotidienne, Michéa constitue assurément une cible parfaite pour le pouvoir intellectuel en place.»

 Le hasard a fait qu’en 2011 je me suis retrouvé avec plaisir à la même tribune que le fils de Bernard Charbonneau, Simon Charbonneau qui continue à sa façon le travail de son père et j’évoque la question ici (au sujet de a LGV). 

Il se trouve que Jacques Ellul est aussi la référence de José Bové.

Une fois de plus avec les mots écologie et décroissance nous avons face à face deux visions : l’écologie du capitalisme vert que Clouscard avait bien repérée sans noter l’autre face, l’écologie sociale ; la décroissance au nom de l’austérité, face à la décroissance en tant que droits de tous.

Je prends l’exemple de l’eau qui va devenir la source de guerres futures.

Dans la ville chilienne d’Iquique coincée entre la mer et d’immenses dunes, un modeste commerçant m’expliquait voici peu que la guerre de l’eau était en cours : la forme de développement industriel suppose pour les mines un besoin immense en eau, que les habitants paysans n’ont plus dans les oasis et que les citadins de la ville paient de plus en plus cher. D’un côté la mine et le tourisme source de «richesses» ; de l’autre les autochtones devenant des êtres de seconde zone.

On peut décroître l’extraction des minerais pour le bien de tous. Mais si la décroissance c’est non pas une affaire sociale, mais individuelle, alors c’est le piège. La réflexion doit continuer pour mieux articuler un projet social démocratique et populaire et le terme d'éco-socialisme lancé par Pierre Juquin n'est pas suffisant. Ceux qui me connaissent savent que sans rejeter la référence à Bernard Charbonneau (1910-1996) j’aimerais aussi des références à Vincent Labeyrie (1924-2008). Je vais donc revenir sur le cas de ce communiste qui habitait à 20 km de Michel Clouscard. Une rencontre entre les deux marxistes aurait été épique ! J-P Damaggio

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