Le Clézio face à l’esclavage à Maurice

En 1991, Karl Noël a publié un livre : «L’esclavage à l’isle de France de 1715 à 1810». Sur l’édition d’occasion que je possède, une feuille a été agrafée, c’est une lettre de Le Clézio qui félicite l’auteur en ces termes :

 Nice 8 juin 1992

Cher monsieur,

Après quelque temps d’absence, j’ai retrouvé votre beau livre que j’ai pu lire avec intérêt. Il n’est pas facile d’évoquer la période maudite de l’esclavage, à Maurice, malgré le temps écoulé ; vous l’avez fait avec toute la justesse et hauteur de pensée que ce sujet méritait. Les tableaux permettent de mieux comprendre l’engrenage de cette situation qui semble s’aggraver à mesure qu’on s’approche de l’ère moderne (et de la date de l’abolition). Les conditions de la traite, les prix, et surtout la règlementation, le tristement célèbre «code noir», tout cela est étudié par vous de la façon la plus claire et la plus directe. Ce qui transparaît dans votre livre, et qui me touche infiniment, c’est le sentiment de révolte qui inspire toute âme bien née, devant l’extrême cruauté de la société coloniale, devant un système qui avait réussi à défaire de sa dignité humaine une partie de la population, un système qui avait transformé les propriétaires terriens en bourreaux. Votre essai est de ceux que tous les Mauriciens doivent lire, puisque seule la mémoire peut nous préserver des démons. Croyez à toute mon estime, toute ma considération. J-M G. Le Clézio.»

Le livre a un mérite supplémentaire que Le Clézio ne mentionne pas, il permet d’aller à la rencontre de personnages qui, dès le début, furent contre l’esclavage. J-P Damaggio