8 janvier, Les gilets jaunes et la violence

Parmi les moments émouvants que j’ai vécu avec les gilets jaunes il y a cette réunion tenue à Montauban en un lieu improbable et avec des moyens improbables quand un motard est monté sur l’estrade improbable pour inviter l’assistance à plaider en faveur du pacifisme. Il a bien sûr soulevé quelques murmures de désapprobation mais il a aggravé son cas en précisant qu’il avait des amis CRS et qu’il savait que dans le face à face avec eux il était impossible de gagner. Les CRS sont équipés, organisés et l’arme que nous avons c’est le seulement le nombre. Ce constat ne signifiant en aucun cas qu'il faut les laisser faire n'importe quoi !

J’ai déjà écrit sur le sujet dans le même sens, mais j’y reviens car la question devient chaque jour plus cruciale.

Depuis longtemps les grands médias ne retiennent d’une manifestation que les actes de violence et les actions gilets jaunes ne font pas abstraction du phénomène. Sur facebook on a des films qui montrent longuement des cortèges pacifiques mais ils ne représentent rien pour les grands médias, et la double pensée se retrouve ici aussi : ceux qui condamnent les dits médias le plus fortement ne sont pas les derniers à subir leur influence ! La violence reprise en boucle sur les écrans c’est pour inciter à la violence, pour la valider, pour signifier : « voyez, seule la violence paie ! ». Comme si les dits médias pouvaient être de bons conseils !

Bien sûr, ralentir la circulation est une violence mais si les CRS viennent vider les lieux alors il faut aller ailleurs ! Mais pourquoi au départ les CRS n’ont pas vidé les ronds-points et ils le font aujourd’hui ? Car aujourd’hui il y a cinq fois moins de monde en gilets jaunes ! Les chiffres donnés par le pouvoir sont divisés par cinq ce qui fait qu’en passant de 250 000 à 50 000, on est passé d’un million à 200 000 ! Cette chute provient de trois phénomènes : les quelques concessions, les images de violence et la fatigue. Il reste les irréductibles et pour eux le premier ministre vient de trouver la solution : plus de répression, plus de répression !

Ce choix risque pourtant de relancer le mouvement d’autant que le gouvernement s’arrache les cheveux pour remettre en cause les concessions obtenues.

Pour diviser le mouvement, les médias utilisent l’autre arme : inciter à la création de partis politiques gilets jaunes. Jamais aucune information sur les réunions locales, départementales qui existent pour structurer réellement le mouvement mais tout sur des appels dits «nationaux» pour créer des partis.

 Tout comme il est vital pour le mouvement d’inventer une forme nouvelle de structuration, il est vital de mettre en avant une forme de violence capable d’unifier et de mobiliser. L’invention de l’occupation des ronds-points a été un coup de génie qui a surpris le pouvoir à cause de son ampleur. A présent cette forme est limitée et le mouvement doit donc rester visible par des moyens nouveaux. J-P Damaggio