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Vie de La Brochure
23 janvier 2019

Steve Bannon, le mythe derrière les monstres

J'ai traduit cet article qui nous alerte sur un phénomène qui va traverser les élections européennes. L'article nous vient du Mexique. Il évite les manipulations autour du cas Bannon, tout en pointant des réalités. Peut-il alimenter la réflexion ? JPD

 

Steve Bannon, le mythe derrière les monstres, Katu Arkonada La Jornada, Mexique

Un fantôme traverse la mondialisation néolibérale en décomposition, le fantôme du populisme d'extrême droite. Ce fantôme de l'ombre, de manière diffuse et plus nette aujourd'hui, a eu son premier succès avec la victoire de Donald Trump aux États-Unis et a fini par se solidifier avec l'arrivée de Jair Bolsonaro au Brésil. Un troisième sommet de ce triangle se trouve dans l'Europe de Matteo Salvini (Italie), Víktor Orban (Hongrie), Marine Le Pen (France) et Vox (Espagne).

Et pour articuler ce phénomène monstrueux, nous trouvons un nom: Steve Bannon, qui a été pendant sept mois chef de stratégie et conseiller présidentiel à la Maison Blanche de Donald Trump.

Qui est Steve Bannon? Ancien banquier, il était connu pour être le directeur exécutif de Breitbart News, la référence Web de l'anti-établissement d’ultra-droite aux États-Unis, à partir duquel la création du mouvement Alt-right (droite alternative, un euphémisme de la suprématie blanche), et ce qui l'a catapulté au poste de responsable de la campagne de Trump, et plus tard comme homme fort à la Maison Blanche jusqu'à sa démission en août 2017.

En réalité, cette démission a été le moment du décollage pour un Bannon qui a très bien appris à lire et à tirer profit du moment gramscien où l’ancien ne finit pas de mourir et le nouveau ne finit pas de naître. Un moment historique de crise terminale du capitalisme dans un monde multipolaire où le projet de mondialisation néolibérale des élites économiques est entré en crise et où des monstres naissent dans ce clair-obscur.

Jusque-là, Bannon avait commencé à tester certaines idées par le biais de Cambridge Analytics, le cabinet de conseil qui avait tiré les données de 50 millions d'utilisateurs de Facebook et les avait utilisées pour manipuler psychologiquement l'élection qui avait procuré la victoire à Trump aux États-Unis.

Mais c'est un an plus tard, en août 2018, que Bannon rencontre Eduardo Bolsonaro, actuellement député fédéral le plus voté de l'histoire du Brésil, avec près de 2 millions de voix, et accepte de collaborer pour prendre son père, Jair Messias Bolsonaro, à la présidence du Brésil.

Le résultat est connu de tous et Bolsonaro représente le triomphe d'un monstre d'extrême droite dans le plus grand pays d'Amérique latine.

Un autre réseau social, comme ce fut le cas aux États-Unis, dans ce cas Whatsapp (également détenu par Facebook), a été décisif pour le large avantage obtenu par Bolsonaro au premier tour et pour le résultat final du second, créant ainsi tout un écosystème de fausses nouvelles qui transitent par le biais du système de messagerie, et qui, par le moyen de la micro-segmentation et de l'utilisation du Big Data a fini par déconstruire la réalité politique, tout en créant un parallèle dans l'imaginaire de la population.

Aux États-Unis comme au Brésil, le message encouragé était similaire (avec les caractéristiques spécifiques de chaque pays): la lutte contre le marxisme culturel et l'idéologie du genre, ainsi qu'un discours critique contre les médias du pouvoir (que ce soit CNN ou Globo), et faisant appel aux craintes et aux aspirations des secteurs populaires.

À partir de cette idéologie d'extrême droite, de l'expérience de Breitbart et comme moyen d'articuler et d'élargir l'Alternative à droite, Bannon a créé The Movement et s'est fixé pour objectif l’Europe où pendant longtemps le seul parti d’extrême-droite ayant une force politique était le Front national de Marine Le Pen (qui a remporté les élections européennes en France avec le vote anti-immigrés de la classe ouvrière blanche).

Le Mouvement est né à Bruxelles, ce qui n’est pas une coïncidence, car là est son allié, le parti populaire belge, et là est le siège du Parlement européen [erreur c’est le siège de la Commission], donc le prochain objectif de Bannon, est de tenter de créer un groupe d’eurosceptiques et de populistes de droite après les élections européennes de cette année.

Les premiers à former cet Eurogroupe sont les partis des premiers ministres, italien, Matteo Salvini, et hongrois, Viktor Orban, ainsi que le parti d'extrême droite espagnol Vox, dont le contact avec Bannon est Rafael Bardají, ancien conseiller de la fondation FAES de José María Aznar. Vox vient d'obtenir 10% des suffrages aux élections en Andalousie (dont la taille est similaire à celle du Portugal), point décisif pour renverser le PSOE de la Région et donner la présidence au PP, et qui pourrait être la grande surprise des prochaines élections européennes de Espagne.

Mais, de plus, les tentacules du Mouvement ont déjà des ramifications en Allemagne (AfD), en Autriche (FPO), en Pologne (PiS), en Suède (SD), en Finlande (Perussuomalaiset) ou au Royaume-Uni (Ukip). L’Eurogroupe qui émergera après les élections de mai pourrait être le deuxième plus grand, avec un programme radical de droite contre les migrations, l’islam et le féminisme et pour la défense de la sécurité et des frontières. Avec cette nouvelle carte politique de l'Union européenne, aux côtés des États-Unis de Donald Trump et du Brésil de Bolsonaro, un « trivote » [terme que je ne comprends pas] regorge de monstres. Et derrière ces monstres, la figure de Steve Bannon se développe, articulant une alternative globale ultra-droite à la mondialisation néolibérale. Entre nos mains, il faut non seulement construire une résistance à ce mouvement, mais aussi y faire face avec des propositions et des alternatives à ce monde fragmenté, et en crise, dans lequel nous vivons.

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