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Vie de La Brochure
25 janvier 2019

Gilets jaunes 2019 face à ceux de 2018

Au cours du débat sur les premiers cinquante jours de 2018 je vais retenir quelques éléments.

1 ) La répression

A été mentionné l’écart entre les flics du départ et ceux de la suite à partir d’exemples montalbanais. Je peux confirmer le même phénomène à Castelsarrasin (où il existe encore un Commissariat). Pour la prise du péage le 17 novembre, aucun problème et à un moment, un conducteur irascible est descendu de sa voiture furax,  et un flic en deux secondes l’a remis dans sa voiture.

Chez les flics comme ailleurs il y a tous les tempéraments mais l’essentiel c’est d’obéir aux ordres et les ordres ont changé. Pourquoi ? Certains diront, chassez le naturel il revient au gallot.

Au départ le pouvoir a-t-il été déstabilisé par un mouvement totalement inimaginable ? Il y a un peu de vrai mais surtout le pouvoir avait besoin de la violence des casseurs pour justifier sa propre violence auprès d’une opinion favorable au mouvement !

Il a donc attendu le 24 novembre et même les semaines après.

En déclenchant sa propre violence le pouvoir atteignait deux objectifs ! décourager certains et en tromper d’autres en faisant croire que c’est par la violence qu’on obtient des résultats, quand en fait pour Macron seul le nombre compte !

Bilan, on a eu les gilets jaunes de 2018 occupant les ronds-points et ne déclarant pas les manifs, puis ceux de 2019 chassés pour l’essentiel des ronds-points et déclarant les manifestations !

 2 ) La réponse à la répression

Des répressions sans cris de colère des forces démocratiques (ou si peu) a fait observer un participant. Je n’ai jamais pointé cette passivité. Des dizaines de comparution immédiate, des centaines de PV, des blessés à la pelle et globalement aucun grand mouvement de dénonciation ! Un militant syndical qui arrache une chemise est poursuivi mais ça fait du foin. Des dizaines de gilets jaunes avec de la prison ferme et on n’a même pas les noms, même quand ils sont du département ! Des milliers de personnes sont entrés dans la lutte sans imaginer les suites judiciaires et le mouvement des gilets jaunes n’a pas pris la mesure d’une riposte organisée. C’est à la réunion que j’ai appris qu’à Valence d’Agen aussi cette répression a frappé (voir article sur le cas du Tarn). Bilan, des manifestations en hommage aux morts (pourquoi avec des croix dont au moins d’un d’eux aurait refusé qu’on y écrive son nom ?) ont été mises en place ici ou là, mais pas contre la répression elle-même (je rappelle que les morts ne sont pas l’effet de la police).

 3 ) Le cas de facebook

L’exemple du boxeur est un des témoignages considérables de l’effet facebook. Alors qu’il y a peu de solidarité envers des victimes proches, là une cagnotte nationale est lancée et les organisateurs en très peu de temps sont submergés !

Ce rôle de facebook a été évoqué sous deux formes : le bouche à oreille est plus fort que facebook, des recherches aux USA démontrent qu’en fait, pour l’essentiel sur le long terme facebook avantage surtout la soumission aux puissants.

Le public présent n’était pas représentatif des fanas de facebook pour bien analyser le phénomène. En conséquence beaucoup sont surpris de voir arriver dans le débat le cas du RIC. Or c’est un effet facebook par les deux grands dirigeants du mouvement Eric Drouet et Fky Rider. Le mouvement se prétend sans chefs sauf que quand ces deux jeunes parlent aux 200000 personnes qui les suivent l’effet est considérable. Et pourquoi ils utilisent la vidéo ? Car pour eux ça leur coûte beaucoup d’écrire le français ! (voir texte d’Eric Drouet)

En Italie le Mouvement Cinq Etoiles et en Espagne Podemos sont nés sur internet, plus sur une plateforme que sur facebook. Je l’ai étudié pour le cas italien mais je reste sur ma fin concernant ce point.

 4 ) Un débat sur le RIC

La mise en doute du RIC comme revendication majeure en a surpris plusieurs. En France le plébiscite s’invente en décembre 1851. Comme c’est un deuxième plébiscite qui va donner naissance au Second Empire, la République va se méfier du référendum. A juste titre, car pour l’essentiel tous les référendums ont été pour ou contre le pouvoir en place sans le moindre souci de la question. En 1969, la question posée ne comptait pas : ce fut le Non à de Gaulle si bien que pour une part, ensuite, la Régionalisation demandée est mise en place (pas la remise en cause du Sénat cependant). En 2005, c’était un Non au TCE mais c’était tout autant un NON à Chirac que Sarkozy utilisera et il reste à Macron de trouver la question qui évitera que son cher référendum (je suis qu’il cherche cette porte de sortie) soit Oui ou Non à Macron (par un choix multiple). Le cas de la Suisse a été évoqué pour aller dans le sens du RIC. Le cas du parking en projet à Montauban a aussi été évoqué : si la population pouvait être consultée il y aurait au moins le débat. Mais bon je ne reviens pas sur le sujet je l’ai souvent traité.

 5 ) Un débat sur la structuration

Comment conserver le côté foisonnant sans tomber dans l’organisation classique ? Entre ceux qui se méfient de toute organisation et ceux qui veulent noyauter le mouvement, nous aurons toujours les deux extrêmes. Sauf qu’une recherche sur ce point est due à la mutation imposée par la répression. Là aussi les gilets jaunes de 2019 ne peuvent être ceux de 2018 sous peine de sous-estimer les dégâts que vont causer les élections européennes qui sont de plus en plus à l’ordre du jour. Pour moi ça va être l’épreuve la plus difficile à franchir. Et elle ne le sera que si les travaux équivalents à ceux du secteur de Revel et donc de Commerçy sont popularisés mais là pas question de compter sur les médias. Des médias qui ont été seulement évoqués en lien avec le RIC. Sans changement du fonctionnement des médias, pas d’espoir d’avoir un RIC possible. Le cas des réseaux mis en place par la lutte pour les droits civiques aux USA ont été évoqué. Je confirme que cette lutte a été la plus victorieuse des USA allant jusqu’à détruire les écoles des ghettos. Ce fut une révolution que j’ai vécue de près mais qui est à présent totalement effacée (les écoles des ghettos sont redevenues des écoles du ghetto) et si cette victoire a conduit à la formation d’une bourgeoisie noire ayant assuré le succès d’Obama, elle a été vidée de son contenu. La lutte des mouvements plus violents n’a pas fait mieux. D’où mon idée de l’invention d’un contre-pouvoir ou pour reprendre une parole entendue d’une invention du contrôle du pouvoir. A ceux qui aiment la référence à la Révolution française je les renvois à la création des comités de surveillance que j’ai étudiés de très près à Montauban dans un livre sur les sans-culottes.

 6 ) Un débat sur les oubliés affichant leur dignité

L’émergence des oubliés a été rappelée. Je ne l’ai pas dit, je le pense seulement à l’instant mais la décision de quelques-uns de manifester à Paris a permis la mise en place de la violence (les gilets jaunes avaient contre eux la police mais aussi la population de la ville) et la… marginalisation des ronds-points. Ce sont des raisons médiatiques qui ont rendu le passage par Paris inévitable sauf que le 17 novembre a été considérable sans manif à Paris.

Les oubliés sont dans la pensée de Guilluy qui a été évoquée. Quand la gauche traditionnelle a renvoyé ce chercheur et Michéa vers l’extrême-droite elle a annoncé par avance son incompréhension du phénomène des gilets jaunes.

 7 ) L’avenir du mouvement ?

Le tournant du 5 février avec la grève des syndicats ?

Quels syndicats appellent exactement à la grève ?

Mais alors les syndicats c’est l’avenir ?

Entre ceux qui pensent que le spontanéisme fera l’avenir et ceux qui pensent que seule l’organisation fera l’avenir, je laisse l’avenir trancher.

8) Les discussions d'après réunion

Sur les ronds-points les discours en petits groupes ont pris le dessus sur celles en grand groupe et c'est de toute façon la réalité de chaque fin de réunion. J'ai retenu ce commentaire avec un participant au débat de Montech : si à la fin la parole n'a pas été donnée à la salle (sauf à trois élus) c'est que les intervenants craignaient de ne pouvoir répondre ! Je doute que ce soit là une démarche gilets jaunes si tel est le cas. Quant à la vidéo de ce soir là après vérification elle faisait une belle place à l'extrême-droite sur le fond et dans la forme... même si, j'en conviens, tout le monde ne l'a pas entendu ainsi ! JP Damaggio

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