Le Progrès de Lyon et Shahinyan

Voici deux articles du Progès de Lyon qui présentent  Hayk Shahinyan très souvent évoqué sur ce blog. JPD

Le Progrès de Lyon 24 janvier

Nous vous en parlions la semaine dernière. Hayk Shahinyan, présenté dans les médias comme “Gilet jaune lyonnais”, sera le directeur de campagne de la liste Gilets jaunes pour les Européennes : Ralliement d’Initiative citoyenne.

Sur les réseaux sociaux, les réactions n’ont pas tardé à pleuvoir. «C’est une manipulation grossière», peut-on lire sur la page Facebook Gilets jaunes département du Rhône. Une pétition «retrait du nom gilets jaunes sur la liste de Mme Levavasseur», circulant sur le Net, a recueilli déjà plus de 6 000 signatures.

Fabrice, cofondateur de «Gilet jaune le mouvement», réagit : «Verticalité et manque de transparence qualifient cette liste. Personne n’a élu ces représentants. C’est une personnification du mouvement assez regrettable »

Hayk Shahinyan avait cofondé cette association (Gilet jaune le mouvement) localement, avant de s’en retirer il y a quelques jours. Lui, se défend sur la chaîne BFM TV: «Les eurodéputés seront au service des citoyens.»

LYON - DÉCRYPTAGEQui est ce Gilet jaune lyonnais qui fait le tour des plateaux télé ?

Véritable coqueluche des médias, Hayk Shahinyan est présenté comme l’un des leaders des Gilets jaunes. Et serait commerçant à Lyon. Mais entre Rhône et Saône, le personnage et ses engagements intriguent.

• Le 17/01/2019 à 05:00

Il est partout. Depuis le début du mois de décembre, Hayk Shahinyan enchaîne les plateaux télés : BFM, LCI, Cnews, France télévisions, sans oublier un détour sur Europe 1. Hayk Shahinyan, au discours rodé et au calme olympien, est un “bon client”.

Sonia Mabrouk, présentatrice de l’émission Les Voix de l’Info sur Cnews, l’a invité trois fois. «Il a un discours très construit. Ses interventions sont préparées. Son parcours est réfléchi et ses ambitions politiques affirmées. Il s’est présenté à moi comme un petit artisan, un commerçant lyonnais», nous confie-t-elle. Des attaches lyonnaises bien difficiles à cerner.

Un restaurateur?

À 29 ans, il serait propriétaire d’un restaurant du 6e arrondissement. Au 32 de la rue Boileau, les rideaux métalliques de La Bohème sont fermés depuis un mois et demi… Depuis le début des Gilets jaunes. L’entreprise ne compte aucun salarié. Des voisins confient avoir aperçu le jeune homme ici pour des travaux. Puis, plus rien. À quelques mètres, les responsables d’une petite boulangerie n’en savent pas beaucoup plus. «Nous ne l’avons jamais vu. Avant, il y avait un dépôt de pain, le Boileau Gourmand, puis nous avons vu la devanture changer.» Antoine, voisin du restaurant, a déjà échangé avec Hayk Shahinyan. «Il vit à Paris. Il est sympathique. Pour moi, il s’est sacrifié pour les Gilets jaunes.»

Investi dans le mouvement, le manifestant a-t-il suspendu son activité ? Le restaurant n’a en tout cas jamais ouvert ses portes. L’homme serait également entrepreneur à Paris. Une seconde société, qui là encore, ne compterait aucun salarié.

« Récupération politique »

Au sein du mouvement des Gilets jaunes, un flou similaire persiste. Qui est Hayk Shahinyan ? Personne ne peut vraiment répondre à cette question alors que près de 4000 internautes “likent” sa page Facebook officielle. Ses interventions sont saluées par bon nombre de Gilets jaunes. Comme son sang-froid. Sa prestance.

Localement, les avis sont plus mitigés. Les administrateurs de la page Gilets jaunes Lyon Centre ne l’ont jamais vu. Idem pour bon nombre de militants lyonnais que Le Progrès a contactés. «Il n’est jamais venu sur nos ronds-points ou à TEO», s’agace Yacine. «J’ai essayé de contacter Gilets jaunes le mouvement, son association. Je voulais y adhérer. Je n’ai eu aucune réponse.»

Abdelazize Boumediene, l’un des organisateurs des rassemblements de Lyon Croix-Rousse, explique l’avoir croisé une fois lors d’une manif. Puis il n’en a plus entendu parler. «Il y en a toujours qui se servent de nous pour accéder à des postes prisés ou pour lancer des campagnes. Nous le répétons : nous sommes un mouvement apolitique», affirme le militant.

Hayk Shahinyan aurait cofondé l’association Gilet jaune le mouvement. Et il aurait été choisi par ses pairs pour être “le communiquant” du groupe. Un porte-parole qui enchaînerait donc à Paris les interventions médiatiques. Rôle qu’il a joué à merveille.

Jusqu’à ce qu’il fasse «cavalier seul», nous renseigne Fabrice, autre fondateur de Gilets jaunes le mouvement, qui dénonce «une surmédiatisation complètement folle.» «Plusieurs fois, on lui a demandé de stopper les interventions télévisées. Il a refusé», raconte son ancien associé. Ce mercredi 16 janvier, Hayk Shahinyan annonçait son départ de ce groupe. Il souhaiterait «créer une nouvelle structure.» Le “bon client” intrigue. Qui représente-t-il à part lui-même ? Sollicité depuis deux jours, Hayk Shayninan n’a pas donné suite à nos demandes d’interview.