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Vie de La Brochure
5 février 2019

Les contradictions des gilets jaunes : facebook

5 Etoiles

A revoir le tome 1 de mon livre sur les gilets jaunes j’ai fait le point sur la présence au mot «contradictions». D’abord pour préciser qu’il n’est pas négatif : le capitalisme vit par ses contradictions !

Les six contradictions des gilets jaunes mentionnées dans mon récit sont loin du compte mais donnent un aperçu de la question : contradiction politique des acteurs qui appartiennent à tout l’éventail de la société, contradiction entre la remise en cause majeure du président et le fait de refuser tout président pour les gilets jaunes, contradictions entre le rejet de la police et le souhait qu’elle rejoigne le mouvement, contradictions qui font la vie mais qui peuvent faire la mort du mouvement.

Aujourd’hui je veux revenir sur le rapport à facebook (où les autres éléments numériques).

Nier l’importance du phénomène est ridicule quand, même de grands organismes, comme la CGT, qui ont leur site internet, usent de facebook. Pendant le mouvement le premier ministre s’est adressé à la population par le moyen de facebook !

Cette importance étant reconnue qu’est-ce qu’elle apporte ?

Le vieux monde et le nouveau monde

Les gilets jaunes, porteurs de la France périphérique, défendent le vieux monde, avec entre les mains, l’agent majeur de la fabrication du nouveau monde. A l’apparition de l’ordinateur certains, sous prétexte révolutionnaire, ont refusé de le prendre en compte. Il était facile de répondre que l’outil n’est rien en soi mais que tout dépend de son usage ! Puis est arrivé internet avec les mêmes réactions. Avec le téléphone portable il me semble qu’on change d’univers. L’usage est de peu de poids par rapport à l’outil car l’outil connecté parle même quand vous ne dites rien ! Par exemple pour la géo localisation !

Le privé et le public

Dans ce nouveau monde, facebook donne l’impression que c’est le monde de la vie privée or il n’y a pas plus public que l’outil ! Certains répondent qu’il suffit de bien paramétrer le compte pour qu’il reste entre les «amis», et non ouvert aux quatre vents. Ou alors vous êtes dans un groupe fermé puis subitement le groupe est ouvert à tous par l’administrateur tout puissant !

La grande question n’est plus l’outil mais les connections permanentes !

Un outil pour la démocratie

Donc j’en arrive à la question majeure : les gilets jaunes luttent pour plus de démocratie avec un outil dont je considère qu’il existe pour en finir avec la démocratie ! Non que les inventeurs des prétendus réseaux sociaux aient eu au départ cette idée, mais cette idée est venue en marchant ! Nous sommes un peu comme un poisson pris dans la nasse. Il a faim, il se précipite pour manger et il est prisonnier ! Je n’écris pas qu’il faut bannir l’usage de facebook (ce que certains font) mais que sans réflexion sur la question on se fabrique sa propre prison !

Et sur le refus de toute réflexion ?

Car là est le piège qui me sort par les yeux. Rares sont des instruments de réflexion sur le phénomène. Pire même : chez les gilets jaunes une information relayée sur facebook apparaît aussitôt plus crédible que celle des grands médias ! Or le nombre de fausses informations y est hallucinant ! Certains diront qu’avec un peu d’éducation on va résoudre le problème or je n’en crois rien. D’une part parce qu’en effet les grands médias truquent l’information (et justifient ainsi les médias alternatifs) et d’autre part parce que l’outil vaut plus que son usage comme je l’ai déjà indiqué !

Qui est le maître ?

Parce qu’à la fin tout tient dans cette question : qui est le maître ? Le marché publicitaire ? Dans le livre de Federico Mello, il latto oscuro delle stelle qui date déjà un peu puisqu’il est de 2013 le sous-titre est : la dittatura digitale. Le livre démontre comment deux hommes Grillo (le carburant) et Casaleggio (la machine) conduisent une dictature numérique. Après avoir découvert sur facebook un Macron en Hitler, j’ai découvert un Macron en Pinochet, des détournements d’images aussi odieux l’un que l’autre. Faute d’analyser ce sentiment d’être dans une dictature, on se rabat sur les dictatures du passé qui empêchent de penser ! Le Mouvement 5 Etoiles, sans Grillo et Casaleggio est finalement arrivé au pouvoir en Italie. Sous les apparences d’une démocratie dite horizontale, numérique, une nouvelle classe politique est née. C’est dire la force du laboratoire italien mais je ne crois en rien que Di Maio soit Berlusconi souvent comparé à Mussolini. Suis-je loin de gilets jaunes ? Non car ils conduisent à revisiter l’ensemble de la vie sociale. D’où leur mérite historique. Jean-Paul damaggio

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