Lettre à un anti gilets jaunes
Il ne s’agit pas d’une lettre à Castagnette et ses amis. A ce jour je ne pense pas avoir écrit sur ce blog le nom du ministre de l’intérieur car il ne fait que son travail et je n’ai rien à écrire au sujet des forces dominantes.
J’ai toujours préféré me passionner plus pour les insurgés de 1851 que pour les mérites du Second Empire. C'est une forme d’insurrection car les forces dominantes veulent toujours nous obliger à les placer au centre de l’histoire.
Cette lettre s’adresse donc à des opposants aux gilets jaunes qui appartiennent au peuple de ce pays, et qui parfois sont de mes amis.
Je pense particulièrement à l’un d’eux qui se bat de belle manière contre la pollution de la pub qui envahit tout, mais qui considère depuis le début, que les gilets jaunes sont des gens soumis au système et qui votent à l’extrême-droite.
Le manipulateur et le manipulé
J’ai décidé d’écrire cette lettre quand j’ai découvert qu’il me mettait dans le même sac que les antisémites qui viennent de taguer une vitrine parisienne. Aussitôt les gilets jaunes en ont été rendus coupables, puis le propriétaire de la vitrine lui-même a tenu à préciser que l’inscription odieuse n’avait rien à voir avec la manifestation des gilets jaunes. Alors l’ami en question a reconnu que son accusation n’était pas fondée mais, comme d’autres, il pense que la violence des gilets jaunes, si elle n’est pas directement responsable de le'acte en question, elle a ouvert la porte à toutes les violences !
Or, les gilets jaunes sont fondamentalement pacifistes et l'ami aurait pule vérifier à Montauban, ce qui n’empêche pas quelques excités de prôner la violence. Ils le font parce que le plus souvent, les grands médias relaient un million de fois la voiture qui brûle, que la foule paisible qui parcourt les rues !
D’un côté, l’œuvre de Castagnette qui sera toujours la même, diviser pour régner, et de l’autre des révoltés qui, parce qu’ils appartiennent à notre société peuvent parfois se faire manipuler. Mais dans tous les cas le manipulateur est plus coupable que le manipulé !
Le pluriel et le singulier
Les gilets jaunes sont dès le départ un mouvement pluriel, une pluralité qui a souvent été ridiculisée. Or elle est au cœur même de toute révolte d’où, en face, la stratégie toujours efficace de division. Prenez une manifestation syndicale et comparez les drapeaux qui sont en main, demandez l’estime que le membre de la CFDT a pour celui de la CGT etc. Mais la pluralité des gilets jaunes s’affiche sous une même couleur, le jaune ! Parce qu’il est des revendications qui transcendent les opinions ! Mon ami qui se bat contre la pub pourrait très bien retrouver à ses côtés des électeurs sincères de l’extrême-droite !
Les gilets jaunes démontrent que pour développer un mouvement capable de faire trembler les forces dominantes il ne faut pas voir la bête noire là où les dites forces la désignent ! Que dans le peuple on puisse croire que le Front national est un vote qui exprime la révolte n’est pas une erreur plus grave que celle qui réduit ce peuple à de vils fascistes ! Revenons au point de départ : l’augmentation des taxes sur le carburant : était-elle juste ou injuste ? Ce n’est pas parce que l’Italien Salvini la trouve juste que je vais la trouver injuste d’autant que devenu ministre, il ne tient pas sa promesse de baisser les dites taxes. Dénoncer le double discours de Salvini peut mieux se faire de l’intérieur des Gilets jaunes que de l’extérieur ! Bref, l’avenir impose d’en finir avec les analyses à l’emporte-pièce, avec les catégories classiques, avec les images fixes, pour aller vers ce qu’on appelle la fraternité, à savoir la capacité à admettre le pluriel sous le singulier. J-P Damaggio