François Ruffin manichéen ?

En zappant hier soir je suis tombé sur ce verdict : François Ruffin manichéen. D’un côté il y aurait l’élite donc le mal, et de l’autre le peuple donc le bien. Le hasard a voulu que juste avant je suive un documentaire et un débat sur le Che où Tancrède Ramonet a tenu un discours manichéen par excellence ! Je l’ai imaginé en fils d’Ignacio Ramonet à qui il m’est arrivé de demander ce qu’il pensait de Vazquez Montalban, et qui a préféré ne pas répondre, se contentant de justifier les honneurs rendus à Jean-Paul II par Castro, car il ne faut pas oublier que ce pape était un adversaire affiché du capitalisme ! Pour Tancrède il ne faut pas dire embargo de Cuba mais blocus comme si l’île ne recevait pas depuis toujours bateaux et avions ! (en ce moment ma soeur y est en voyage)

La question concernant François Ruffin est importante car elle concerne les forces de gauche en général, qui souvent ont pratiqué le manichéisme ; l’URSS tout est bon, les USA tout est mauvais. Le manichéisme se justifiait à partir du fait que toute critique, même juste, de l’URSS apportait de l’eau au moulin des USA, donc il fallait s’en dispenser !

Fakir manichéen serait mort depuis longtemps or il continue son chemin depuis vingt ans ! Avec Gilles Perret ont-ils fait un film manichéen : tout est bon chez les gilets jaunes et tout est mauvais chez l’adversaire ? Nous jugerons les faits, mais là, à la télé, c’est au sujet de son livre. A titre personnel je n’aurais pas passé du temps à taper sur Macron conduisant Fakir à mettre en Une la tête du président mais une coïncidence a voulu que les deux jeunes soient dans la même école. Et je soupçonne Ruffin d’avoir par ce livre réglé quelques comptes avec sa jeunesse, tout en réglant quelques comptes avec son présent. N’oublions pas qu’il est parmi les rares dirigeants de France insoumise à avoir dit ce qu’il a fait au second tour de la présidentielle : il a voté Macron. Dans son livre il raconte un événement éclairant : le passage de Macron à Amiens (donc chez eux) devant l’usine Whirlpool. Dans le livre, il dit à Macron : «Vous mesurez le paradoxe ? Ce sont vos deux opposants les plus résolues qui, ce jour-là, peut-être, vous ont sauvé la mise. Moi, bon, mon CV vous le connaissez. Mais Patrice Sinoquet, délégué CFDT certes, mais militant frontiste aussi, un historique, tendance Jean-Marie. La vie est étrange non ?» Le candidat Macron avait fini par se résoudre à aller devant l’usine sans imaginer les cris, les crachats, les jets de canettes… Là il a vu au loin un homme et il l’a appelé «François… ». Et Benalla était même largement présent… d’où la photo.

Eclairant quant à la présence du FN, et quant à ce lieu, Amiens.

Ruffin est un mégalo affiché comme toute personne aspirant à jouer un rôle majeur dans la société, mais pour ça il n’est pas le manichéen de service, car il perçoit l’évolution du monde sans s’accrocher à des dogmes. Il a écrit un livre coup de poing car il a été surpris de découvrir sur les ronds-points une haine envers Macron qu’il n’imaginait pas, une haine qui tient plus à ses petites phrases qu’à sa politique !

J-P Damaggio

P.S. J’apprends à l’instant que Ruffin crée un micro-parti « Picardie debout ! » avec l’association de financement qui va avec. Une opération contre France insoumise ? Il est bon de savoir que France insoumise, par ses statuts, ne permet pas la création d’associations locales, en conséquence, un an avant les municipales (délais indispensable pour participer à l’élection) et ensuite pour les départementales, Ruffin a souhaité avoir sa propre stratégie. Ailleurs les candidats LFI devront passer par l’aval du national pour accéder au financement ! Pas simple dans la pratique mais bon… J'avais cru que la leçon avait été tiré des dysfonctionnements pour les législatives...