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Vie de La Brochure
10 mars 2019

La Révolte en Algérie vu par Benchicou

Benchicou Rosendo Li 2006

Marie-France Durand rassemble chaque jour un dossier de témoignages et photos venus d’Algérie. Comme je ne peux joindre que des dossiers inférieurs à 1 Méga je reprends seulement ici un seul article d’un journaliste défendu il y a longtemps par notre journal Point Gauche ! Sur ce point je renvois à des articles de René Hervieu repris sur ce blog. J-P Damaggio

P.S. Dessin à la plume de Rosendo Li, juillet 2006

 LE REGARD de Mohamed Benchicou,  Le peuple, les brigands, la DGSE et le président-gangster      Alger, le 1er mars

Jusqu'à ce vendredi 1er mars, ils croyaient encore avoir quelque honneur à sauver l'«honneur » ! L’honneur chez eux se résumant à cette réputation en plastique que se procurent les écuyers du roi en parlant au nom de leur maître.

On a ainsi entendu, cette semaine, les derniers majordomes de Bouteflika, défendre sans grande conviction, mais défendre quand même, le principe de perpétuer l'indignité pour cinq autres années ! Les uns agitant le spectre syrien, les autres, la perspective d'une apocalypse, pendant que de petits chargés de mission s'appliquaient, sans grand talent, à décrédibiliser les révélations de l'hebdomadaire français L'Obs sur le président Bouteflika dont on apprend qu'il ne fut qu'un prévaricateur, un intrigant, voire un commanditaire de crimes odieux.

Toutes ces informations figuraient déjà dans le livre « Bouteflika une imposture algérienne », sorti en 2004, et pour lequel ce président, qui se pique de liberté d’esprit, m’avait jeté en prison pour deux ans. Les divulgations de la DGSE et de L’Obs viennent confirmer que ce fut un immense arbitraire.

Mais depuis cette soirée du vendredi 1er mars 2019, ceux qui forment le cercle de la conspiration autour de Bouteflika, savent. Ils savent qu'ils n'ont pas la carrure des grands dictateurs, ni le génie des grands manipulateurs de foules. Ils savent, pour avoir entendu les manifestants scander « Ouyahia et Sellal dégagez ! » que ce peuple qu'ils ont tant méprisé, tant dépouillé, ce peuple qu'ils ont cru pouvoir entourlouper pour quelques années encore, eh bien, ce peuple n'est dupe de rien ! en tout cas, pas de leurs fadaises !

Les imposantes manifestations de ce vendredi 1er mars signifient la fin d'une époque. L'heure, pour eux, de quitter la scène. Les peuples qui n'ont pas de voix, dit Benjamin Constant, n'en ont pas moins de la mémoire.

Leur énergie, leur nombre, leur mot d’ordre, leur détermination, tout était si impressionnant qu’il faut bien reconnaître que nous étions dans un de ces instants graves qui marquent l’histoire. Le peuple veut s’émanciper des méthodes archaïques et mafieuses du pouvoir.

Si, d'aventure, il venait à ignorer ce message du 1er mars 2019, Bouteflika et sa troupe d'obligés endosseront l'entière responsabilité des incalculables conséquences politiques et sociales qu'une telle obstination suicidaire peut engendrer. Toute volonté de passage en force pour le cinquième mandat entraînera le pays, sans doute aussi l'armée, dans un cycle d'instabilité inimaginable.

Ouyahia a sans doute raison : il faut éviter le syndrome syrien. Mais alors, si vous en êtes conscients, Monsieur le Premier ministre, si votre roi en est conscient, épargnez ce malheur aux Algériens, et partez ! Vous aurez quand même, dans votre palmarès, entre les cadres poussés à l'exode, la faillite financière du pays, paupérisation du peuple, bien des exploits à raconter à vos petits-enfants.

Ne regrettez rien : vous n'aviez pas les épaules des caudillos. À l'échelle des sauriens, pour reprendre Pablo Neruda, vous n'étiez que des lézards.

Et tant pis pour la grande mosquée d'Alger ! Votre président devra s'inspirer d’un Mandela qui n'a jamais rien édifié à sa gloire. Ni Grande cathédrale dont on aurait pu s’extasier sur la verroterie, ni quelque monument colossal qui imposerait à jamais l'évocation de sa personne. Dans un monde où les gouvernants sont obsédés par l'immortalité, torturés par le terrible passage de l'adulation à l'indifférence, Mandela a préféré s’en remettre au seul jugement de l’Histoire.

L'homme est parti en laissant à chacun de ceux qui lui ont survécu, la liberté de l'évoquer ou de ne pas l'évoquer, peu ou prou, avec passion ou avec détachement, selon l’idée qu’il se fait de l’œuvre de Mandela. Qui sait ? peut-être voulait-il signifier que le vrai secret de la gloire authentique est de n'être réductible à aucun monument, aussi pharaonique soit-il ? car aucun édifice ne peut restituer la majesté d'une vie admirable.

Mais allez exhiber une vie admirable quand les secrets qu'on croyait les mieux gardés sont dévoilés par ces fouineurs de journalistes qui fourrent leur nez dans les documents confidentiels des services secrets, et que l'on apprend que durant les innombrables années d'emprisonnement de Mandela, notre président se livrait à toutes sortes d'actes immoraux ! Alors, ce président n’a d’autre choix que de renoncer à nous imposer le souvenir de lui-même. Mieux vaut l'oublier !    Mohamed Benchicou

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