Contre Kamel Daoud

J’attendais une charge contre Kamel Daoud "cet ectoplasme de la propagande occidentale". Elle est venue d’un blog sur Mediapart où l’auteur écrit !:

« Que le corps du manifestant soit joyeux, riant, chantant, féminin, masculin....et après? Que Kamel entre dans n'importe quelle boîte de nuit parisienne, il pourra tirer le même constat du corps dansant : joyeux, riant, chantant, féminin, masculin...Définir donc le corps du manifestant algérien en ces termes ne veut pas dire grand chose. C'est d’une grande banalité. »

C’est une référenceà un article du Point disponible sur ce blog.

Comparer la rue algérienne à une boîte de nuit parisienne, il fallait y penser. Comme banalité c’est en effet difficile à trouver !

Le corps de l’article consiste à dire que Kamel Daoud joue la facilité en dénonçant Bouteflika alors qu’il ne dit rien quand un étudiant du Zimbawe est assassiné le 5 février 2019 à Annaba. Et que ce faisant, il a les honneurs de la presse occidentale. Car voici qui est Kamel Daoud : «C'est l'occidental-typique dans sa version colonisée, post-colonisée, ou même décolonisée, hélas toujours aussi vide de sens, toujours aussi bizarre dans le style, toujours aussi plat dans les idées.»

En fait le mépris envers cet homme qui risque sa vie en Algérie n’est qu’un des aspects du mépris de l’auteur envers le peuple algérien en général. Voici la première phrase : « Il aura fallu un, deux, trois, quatre mandats et un Bouteflika complètement hors d’usage pour que le "peuple" se lève enfin pour barrer la voie au cinquième mandat du président.» Peuple indigne qui a tant attendu ! Pour seulement barrer la route à Boutef ? C’est ne pas avoir voulu suivre ce qui dit Kamel Daoud et les millions de manifestants qui disent non au SYSTEME ! Mais l’auteur de l’article a vu le visage d’un ami en Algérie alors il peut conclure : « Et pendant que la France qui mate les gilets jaunes salue la sage décision de son excellence Bouteflika, je ne voudrais pas me confondre avec elle dans ces moments d'effusion.» Ce n’est pas la France qui mate les gilets jaunes mais le pouvoir en place et s’il parle de sage décision avec l’hypocrisie qui le caractérise, je réponds solidarité avec le peuple algérien en lutte mais ça c’est trop difficile à admettre pour des décolonisateurs de salon. «Je saluerai le peuple algérien lorsqu'il aura donc manifesté pour une véritable alternative politique.» Je crains que la véritable alternative politique ne soit que celle de quelques néo-colonialistes qui s’habillent de déclamations anti-colonialistes. Tel est notre monde et si je prends la peine de lire une telle prose c’est pour mieux cerner ceux qu’il faut combattre. J-P Damaggio

P.D. Dans mon souci de démocratie je donne le texte en question : Médiapart_Kabango_Daoud