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Vie de La Brochure
27 mars 2019

Macron l’orléaniste

Le hasard m’ayant fait revisiter le moment fondateur de l’orléanisme (1830-1848) je mesure mieux les trois exploits de Macron.

1 ) La France des gilets jaunes a confirmé le brouillage du rapport gauche/droite et en retour l’existence effective d’une France macronnienne. Quand Macron s’est mis En Marche j’ai cru avec d’autres qu’il s’agissait d’une bulle médiatique, et nous savons à présent qu’il s’agissait d’une insertion dans une France historique.

2 ) Dans ce capitalisme de la séduction qui a balayé les structures sociales qui ont donné en France toute sa solidité à la gauche, il a su trouver le point de jonction avec la France nouvelle qui n’est pas seulement celle du 1% les plus riches.

3 ) Et enfin il a réussi à faire renaître l’orléanisme dans le cadre d’une Constitution qui avait eu pour fonction son assassinat.

 L’élection présidentielle ne s’est pas jouée contre le macronisme qui semblait surgir de nulle part mais contre la gestion d’Hollande dont il était pourtant un des responsables ! Mais tout comme Sarkozy qui fut l’homme de Chirac s’est fait élire contre la tradition chiraquienne, Macron s’est fait élire contre Hollande.

L’orléanisme a toujours imprégné sa marque à notre histoire politique, à travers le radicalisme, le socialisme de 1945 à 1960 et aussi pour une part le MRP (il avait pour nom la troisième voie). Il n’est pas une position politique par défaut de ceux qui ne veulent être ni à droite ni à gauche mais bien un engagement original représentant socialement, hier la France censitaire, aujourd’hui la France «moderniste». Il n’y a aucun bulle médiatique à dégonfler mais une stratégie profonde à construire.

 Contre le bilan d’Hollande Jean-Luc Mélenchon a su construire et dynamiser un mouvement, loin du clivage droite/gauche, mais qui dans les faits, fut un retour de la gauche déboussolée. Face au macronisme, la France insoumise, comme les autres forces politiques (sauf le Rassemblement national) s’est trouvée prise dans ses contradictions. La première a été de croire que sa force n’était pas une faiblesse, et qu’inversement la faiblesse de Macron n’était pas une force.

 

Pour comprendre ce phénomène il suffit de rappeler le résultat comparé des présidentielles et des législatives qui ont eu lieu quelques semaines après.

Macron de 24% à 28%

Mélenchon de 19,5% à 11 % pour France insoumise

 Observons cependant qu’en 2012 l’écart Mélenchon/Législatives avait été encore plus grand (11% à Front de Gauche 6,9%) mais observons aussi que les candidats LERM étaient pour l’essentiel des inconnus ce qui, dans une élection législative où le poids du notable compte, avaient un temps de retard important. Et malgré la crise des gilets jaunes cette faiblesse d’un personnel politique nouveau, et d’une implantation locale réduite, n’a pas joué contre Macron.

Au contraire, après avoir laminé le PS, Macron s’est évertué à laminer la droite avec grand succès au profit clair du courant bonapartiste qu’il désigne depuis toujours comme son adversaire préféré. Il est fabuleux de constater que LERM a désigné sa tête de liste aux européennes en usant à son service… d’un débat télé avec Marine Le Pen (voir plus loin) !

 Dans ce contexte Jean-Luc Mélenchon a cru qu’il pouvait à présent reprendre la tête de la gauche, une gauche pourtant aussi ridicule que du temps d’Hollande (vu son atomisation) et aussi peu liée au peuple. Avec la crise des gilets jaunes ce fut le grand écart : coller à ce mouvement qui est le peuple, et placer sur la liste aux européennes une militante de la cause animale, Carole Mare qui « souhaite porter la voix des animaux, victimes invisibles et silencieuses du capitalisme. »

 L’orléanisme ne se combat pas avec de grands écarts mais avec une stratégie bien assise ce que le FN puis le RN ont assumé depuis longtemps, stratégie que je combats loin des petites phrases du genre fâchés mais pas fachos.

 Pour la grande masse des gilets jaunes (anciens ou actuels), la solidité de LERM dans les sondages est un mystère et là bizarrement on retrouve juin 1968 quand la gauche a découvert que non seulement le gaullisme tenait la route mais gagnait comme jamais !

Pour comprendre le macronisme il faut se souvenir que si parfois les grands médias fabriquent des bulles fragiles, ils ne font pas que ça. Non seulement la collusion entre les grands médias et le pouvoir est de notoriété publique mais en plus ils savent viser la cible sociale qui les intéresse ! Qui a décidé d’un débat télé Marine Le Pen-Mme Loiseau ? Ce n’est pas Marine Le Pen, on peut en être sûr ! C’est la chaîne télé qui a subitement eu envie d’un tel débat et qui a demandé à LERM qui pouvait venir affronter la dirigeante du RN ? Et à la fin du débat subitement Mme Loiseau a avoué être convaincue qu’elle pourrait être tête de liste aux européennes, dans un grand éclat de rire de Marine Le Pen. Et on connaît la suite !

Alors que Mélenchon considère qu’il peut convaincre le peuple puisque le peuple dans son ensemble est victime du 1% qui nous domine, Macron ne cherche à convaincre que le 20% de l’électorat qui lui assure la victoire. Et, dire à partir de là, qu’il est mal élu, c’est être mauvais joueur, car si Mélenchon avait été au second tour, et s’il avait gagné il aurait été tout autant un mal élu !

 Combattre un orléaniste dans le contexte d’aujourd’hui suppose pour les forces de l’émancipation sociale, de l’écologie sociale et de la révolte sociale, de repenser totalement une stratégie réelle. Les européennes sont déjà un rendez-vous manqué ! J-P Damaggio

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