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Vie de La Brochure
18 avril 2019

Gilets jaunes et Medef

René Merle pointe un fait incontestable : pour une large part les gilets jaunes affrontent l’Etat et bien peu le grand patronat que je symbolise par son organisation, le MEDEF. D’où à mes yeux la difficulté de la rencontre avec les organisations syndicales (ce n’est pas la seule), d’où l’impossible grève générale. Ceci étant, on a entendu des appels à bloquer l’économie, à commencer par les dépôts de carburant, où des entreprises comme Amazone. Ceci étant, personne n’attend une grand déclaration du chef du Medef (mais qui est-ce au fait ?) car la résolution des problèmes serait entre les mains du monarque républicain.

Pour moi cette réflexion doit se prolonger par une autre : l’Etat est considéré aujourd’hui par la classe politique de gouvernement comme une entreprise, la plus grosse de toutes. Une entreprise qui, n’étant pas côté à la Bourse, peut se permettre une gestion totalement obscure.

Je viens de relire la fabuleux livre d’Arnaud Montebourg de l’an 2000, La machine à trahir. Il est aujourd’hui plus fabuleux encore ! J’avais surtout gardé en mémoire le chapitre sur l’impossible contrôle parlementaire du budget de la nation, et il reste de la plus grande actualité. Cette situation enferme TOUS les députés dans une contradiction : soit ils reconnaissent qu’ils ne contrôlent pas le budget et ils dévalorisent leur fonction (en clair ils ne servent presque à rien sauf à amuser la galerie), soit ils font semblent de contrôler le budget et même en le contestant, ils le cautionnent.

 Beaucoup s’étonnent que des chefs d’entreprise entrent en politique mais l’Etat étant devenu une entreprise ils y sont à leur place. Celui qui a donné le ton n’est autre que le produit du laboratoire italien : Berlusconi.

Il faudrait faire l’inventaire des milliardaires devenus hommes politiques mais ça serait dérisoire. Je pense au cas de l’Argentine, du Chili que je connais bien et un peu à Trump.

 Quelle différence entre un Etat géré politiquement et économiquement ?

Je ne dis pas que la gestion précédente était un modèle quand les querelles politiciennes étaient parfois le critère de la mauvaise décision politique. Je ne dis pas non plus que les évolutions des modèles de gestion des entreprises sont sans intérêt pour une bonne gestion de l’Etat. Je constate seulement qu’il n’y a plus rien à continuer, vu les mutations depuis les années 8U0, mais tout à inventer.

 Pour tout inventer les gilets jaunes ont permis de rappeler que le pouvoir politique n’est pas rien, comme le prétendrait une vulgate dangereuse. Même s’ils sont sous la pression de lobbies, même s’ils ne sont parfois qu’une façade, ce sont TOUJOURS eux qui décident, et quand on est à la tête d’une entreprise de plusieurs milliards d’euros, chaque signature d’un chèque, d’une loi, d’un décret, a des conséquences énormes.

 J’ai entendu un gilet jaune à Moissac appeler que Macron n’était que la marionnette du pouvoir économique quand je prétends qu’il en est devenu le chef d’orchestre. Du temps du capitalisme monopoliste d’Etat, l’Etat était donc au service des monopoles et c’était… un moindre de mal par rapport à un Etat passé au service de lui-même. Dans ce fameux CME il existait encore l’état-providence (pour justement faire avaler les services rendus aux grands monopoles) qui n’est à présent que la providence de l’Etat. Hier il fallait une carotte pour les citoyens aujourd’hui le bâton suffit.

 L’action des gilets jaunes n’est pas le résultat d’une théorisation mise en œuvre mais la réaction épidermique suite à une sensation issue du quotidien. En pointant la start-up nation, ils ont considéré qu’ils désignaient bien le chef d’orchestre.

 L’avocat Arnaud Montebourg a décidé de s’investir dans le monde économique en devenant le promoteur de la production des amandes et du miel (pas des amendes car ça c’est du domaine de Macron). J’avoue que j’aimerais bien lire son analyse de la lutte des gilets jaunes. Dans son livre, il annonce clairement ce qu’il fera par la suite, c’est-à-dire démissionner d’un gouvernement s'il ne change rien. Il a pensé qu’il pouvait être le recours et qu’a-t-il découvert que dans son sillage Benoît Hamon, profitant de son franc-parler sans en subir les conséquences, allait le griller à la primaire socialiste ! Hamon n’a jamais écrit : La machine à trahir, puisqu’il savait qu’il était un rouage de cette machine. J-P Damaggio

P.S. Je ne suis pas un inconditionnel de Montebourg mais je regrette qu’on ne puise pas dans ses combats réels.

P.S. : La primaire du PS : Sept candidats, Benoît Hamon (36%), Manuel Valls (32%), Arnaud Montebourg (17%), Vincent Peillon (7%), François de Rugy (3,8%), Sylvia Pinel (2%) et Jean-Luc Bennahmias (1%) se présentent et arrivent dans cet ordre au premier tour du scrutin.

Deux ans après, Hamon a son propre parti, Valls est parti à Barcelone, De Rugy est ministre et les autres… Tout va vite.

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