La fonction de l’élection européenne

Cette élection a mis du temps à se mettre en place. Tout a commencé en 1979 et le fait d’avoir une liste nationale à la proportionnelle a porté le PCF a son plus haut résultat de la Cinquième république. Cinq ans la nouveauté était le FN dont l’élection va tellement le servir qu’un changement de scrutin a été décidé pour en 2004 proposer des listes régionales. Il est plus difficile d’avoir des élus quand 5% concerne un liste de 10 candidats qu’une liste de 70 candidats.

Les opposants internes au FN ont bien compris la situation : en 1999 comme en 2019 c’est le moment où une dissidence a cru pouvoir s’imposer.

En 1989 c’est au tour des Verts à profiter de cette élection qui va les propulser très haut dans les batailles des municipales de l’année. Et depuis les Verts en ont fait leur meilleure élection de l’histoire. Précisons que depuis le début le FN est un parti construit par en haut et Les Verts un parti construit par en bas.

 La fonction de l’élection européenne n’était pas de faire émerger deux nouveaux partis capables de briser la domination «de la bande des quatre» chère à J-M Le Pen (PCF-PS-Centre-Droite) mais de faire reculer d’un grand pas la démocratie sous des allures démocratiques (avec la proportionnelle si chère au PCF et à d’autres).

 Dans l’univers de la «gauche» certains ont tenté de faire comme le FN et Les Verts. Ce fut le cas de J-P Chévènement qui en 1994 anticipa le Front de gauche en s’unissant avec un communiste d’envergure, Anicet Le Pors. L’échec fut tel que Chévènement qui pensait surtout à la présidentielle, abandonna toute candidature en 1995 pour attendre 2002.

 Mélenchon a décidé de quitter le PS avec sa tendance organisée en parti interne (le PRS), parce qu’il savait qu’en créant le Parti de Gauche, le Front de Gauche allait naître dans la foulée, grâce à l’union avec le PCF. Et ce fut dans la perspective des européennes de 2009. Le score fut bon mais avec un décalage, tous les élus ont été membres du PCF sauf Mélenchon élu dans ma région. Mais c’était un pas en avant vers l’essentiel ; la présidentielle de 2012 dont Mélenchon s’est aussitôt vu en candidat. Le score a été bon mais avec un décalage : tous les députés élus furent membres du PCF.

 Aux européennes suivantes, le score n’ayant pas bougé en cinq ans, Mélenchon a décidé de mettre fin au Front de Gauche. Il se trouve qu’aujourd’hui le score de LFI correspond au score du Front de Gauche de 2014 (il y a le score en plus du PCF). Si Mélenchon devait tenait les propos de 2014, en 2019, il signerait la mort de LFI !

 Bref, si d’un côté on a les bons résultats du FN et des Verts et de l’autre les mauvais résultats de la gauche dite radicale, je vais tenter de démontrer que du côté des deux partis vainqueurs, globalement la position sur l’Europe est la même depuis 30 ans, tandis que du côté de la gauche radicale le citoyen ne sait pas sur quel pied danser, hors le vote n’est pas un exercice de danse. J-P Damaggio