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Vie de La Brochure
5 juin 2019

LFI et ses militants

Le commentaire ci-dessous que j'ai reçu, m’oblige à étudier plus rapidement que je ne le pensais, la question du rapport entre LFI et ses militants :

« Ecrire que les militants ne sont en rien responsables de l'échec de le FI est assez surprenant. Un seul exemple : il n'y a rien eu de comparable en terme de mobilisation entre la Présidentielle et les Européennes. Pour ma part, je n'ai jamais été sollicité par eux. Leur meeting au Mans n'a réuni - selon eux - que 70 personnes (le PCF en a réuni 3 fois plus dans une commune de banlieue + une réunion publique dans une commune qui vient de perdre d'un coup l'essentiel de ses emplois avec la fermeture d'Arjowiggins et où un candidat du PCF, ancien salarié dans une autre usine du groupe, est venu). Le paradoxe est que le PCF a remobilisé ses militants mais a été inaudible là où il a disparu alors que LFI a peu mobilisé ses sympathisants mais est resté à flot parce que Mélenchon est connu. »

 Pendant la campagne de présidentielles-législatives la naissance de LFI a donné lieu à l’obligation d’inventer de la part des soutiens de LFI. Quand tout est à faire il faut inventer.

La campagne terminée nous avons eu en Tarn-et-Garonne une réunion bilan (qui n’était pas demandée par la direction) et nous avons fait des propositions pour conserver longtemps, l’originalité de la base, l’inventivité au quotidien, la créativité permanente et l’organisation qui va avec. Toutes les suggestions ont été considérées comme nulles et non avenues. De ce jour, dans la conception de je ne sais qui à LFI, les militants ont disparu de l’organigramme sauf pour des appels à contribution, à s’inscrire pour le tirage au sort, sauf pour les appels financiers, à afficher etc. Un mouvement pire que le plus pire des partis quant au respect des militants.

Donc pour les européennes les militants survivants ont fait ce qui leur était demandé de faire, mais sans nouveauté, sans dynamisme, sans enthousiasme sauf pour les champions de l’affichage si nombreux au PCF avec les résultats historiques que l’on sait. Et la situation va être pire encore aux municipales si rien n’est fait pour qu’enfin la direction fasse confiance aux militants. D’autant que ce manque de confiance a eu des conséquences sur la mauvaise stratégie retenue. Tout se tient dans un parti même s’il veut se donner la forme artificielle d’un mouvement.

Je rappelle, puisque ce n’est pas dans le débat public, l’organisation de LFI : des groupes de soutien de moins de 12 membres (la loi interne va loin) et les organismes nationaux. Pas de structuration départementale, régionale même si dans la pratique des réunions départementales existent. Pas de finances pour ces groupes, toutes les finances étant nationales. Cette structure est la copie de la structure du Parti de gauche mais aggravée puisqu’il s’agissait d’un parti qui avait sa structure départementale. Une copie dans le sens du refus de toute confiance faite aux militants. Pourquoi ? Car Mélenchon craint comme la peste les luttes de tendances qu’il a connues (et animées) au sein du PS.

Ainsi les mécontents de LFI sont seulement des individus, pas des structures ou des groupes. Et ainsi le débat interne est sous contrôle. Or LFI est dès le départ traversé par trois tendances équivalentes, manifestées au moment du vote des membres encore nombreux, pour dire la position concernant le second tour.

Il y a ceux qui votèrent Macron, ceux qui votèrent blanc et ceux qui ne se déplacèrent même pas. Trois tendances qui avaient cohabités sans problème pendant la campagne et pouvaient cohabiter ensuite, mais encore fallait-il que les questions politiques puissent être débattues largement. Car ces trois choix ne sont pas circonstanciels. Ils recoupent des positionnement de fond. Celui qui vote Macron pense que le FN est fasciste donc il faut l'arrêter. Celui qui vote blanc pense que l'extrême-finance et l'extrême-droite sont comme des frères. Celui qui s'abstient pense que voter n'a de sens que si on peut renverser le système (je schématise). Ces derniers ont le plus souvent été absents des législatives. 

Bref, sur l'organisation qui a imposé la religion du tirage au sort ? Le principe structurel ? Mais, me dira-t-on, le vote des membres qui ne sont même pas membres puisque ce « mouvement » n’a pas de membres ! Il suffit de s’inscrire sur internet et vous êtes dans le fichier ! N’importe qui peut s’offrir ce privilège pour tout savoir de la vie interne ! Bref, ce point qui n’a aucun intérêt pour les médias me paraît pourtant crucial et je sais que je ne suis pas le seul à le penser.

Quant au PCF, le propos du commentaire est aussi totalement juste. Le discours sur l’autonomie du PCF, sur sa force propre a redonné une dynamique qui cependant a été sans effet en matière de vote. Sur un blog un assesseur LFI a reconnu avoir finalement voté PCF vu son désarroi. Mais  les résultats sont là, le score n’a pas décollé et comme il ne peut pas s’effondrer davantage…

A suivre. J-P Damaggio

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