Maurice : les pistaches ou les cacahuètes

On peut manger des pistaches pendant des décennies sans se poser la question de la nature de la plante. C’est pareil pour l’ananas ou les avocats. En conséquence découvrir un beau jour un arbre énorme portant des tonnes d’avocats, ça fait drôle.

A Maurice, pour les pistaches, il ne s’agit pas d’un arbre mais d’une légumineuse dont les pistaches sont dans le sol mais pas comme pour les patates car ce n’est pas un tubercule ! En fait en français il s’agit de cacahuètes. Elles se fécondent en tant que fleurs pour évoluer ensuite dans le sol ! L’origine est mexicaine et en Amérique du Sud le nom est celui des Amérindiens : manobi mais cacahuètes vient aussi du nahuatl : tlālcacahuatl.

A Maurice en mange à toute heure de la journée, que ce soit pour calmer une petite faim ou pour accompagner un verre… Appelées pistaches aussi à la Réunion, ces cacahuètes sont mangées bouillies, grillées ou frites. Elles sont vendues fraichement ramassées, souvent encore couvertes de terre, au marché et même dans certains supermarchés.

En ville, des marchands ambulant dans les rues, ou même à bord des autobus, interpellent les passants par un « Pistass bwi pistass bwi ». Bouillies dans de l’eau salée, encore dans leurs coques, elles sont fondantes à souhait et ont du succès à tout moment de la journée.

Dans les boutiques, on trouve souvent des petits sachets en plastique avec des pistaches à la peau rose, accrochés sur un rectangle en carton. Pour préparer ces pistaches, il faut mettre de l’eau à bouillir avec du sel et de la teinture alimentaire et y mettre les pistaches pendant cinq minutes. Ensuite on les enlève de l’eau, on attend qu’elles sèchent et on les met à griller. Certains les mettent au four, mais à l’époque, on les faisait griller dans une casserole avec du sable pour qu’elles ne brûlent pas. L’arachide locale qu’on trouve au marché a un prix plus élevé que celles importées d’Inde, ou Madagascar. La cacahuète est très utilisée dans la cuisine asiatique, à Maurice on la retrouve un peu dans le dry curry. On fait aussi des satinis brinzel avec du beurre de cacahuètes, plus connu comme « diber pistass », ou encore des rougailles. A la Réunion, un mets populaire est le rougail dakatine, Dakatine étant une marque de beurre de cacahuètes.

La pistache-cacahuète se retrouve à Maurice dans les expressions. Ainsi lorsqu’on assiste à un événement plutôt intéressant – dispute, révélation ou autre – en tant que simple spectateur, on dit « Manz pistass guet sinema ». Il y a aussi le très utilisé, mais quelque peu péjoratif, «Kan dé touriss pé kozé, marssan pistass pa rant ladan» qui veut dire qu’il ne faut pas se mêler de ce qui ne nous regarde pas. J-P Damaggio