L'ÉCHAFAUDAGE selon Léon Cladel
L'ÉCHAFAUDAGE
Dôme ou tour, quel est donc l'éternel monument
Qu'ils veulent ériger, tous ces nains périssables?
Le front de leur machine atteint le firmament;
Elle pousse ses pieds au plus profond des sables.
Immense elle projette impétueusement
Ses bras, ses mains, ses doigts, ses nerfs inextricables ;
Elle a je ne sais quoi d'étrange, d'alarmant ;
On n'ose interroger ces vis[1], ces pieux, ces câbles.
Cent, mille, un million, un milliard suspendus,
Au grand échafaudage, ils montent éperdus.
L'un d'eux, au ras du ciel : « Des clous, des ais, des toiles,
« Deux poutres, compagnons, et nous sommes rendus !
- Ni bois, ni fer! » Alors, mordant ses poings tordus :
« Encore un peu, dit-il, nous touchions aux étoiles ! »
Léon Cladel
(Paru dans le Boulevard, du 9 novembre 1862.)
Fabrice Michaux a aussi noté des parutions dans : Le Nain jaune (24 novembre 1862), La Plume (15 octobre 1890), La Revue monégasque (1er mai 1893), Lou Calel (avril-juin 1913)