Marc Patin, Noël Arnaud poètes
Sur la même page de la revue Les Réverbères les deux amis se retrouvent. Marc Patin sera une ombre vite effacée par la vie, Noël Arnaud restefa une lumière accrochée à la vie. J-P Damaggio
Les Réverbères n°3 novembre 1938
MATIN
le vent les arbres le ciel troué
les yeux sous les feuilles
comme les fleurs
aux fossés de l'eau
Tout à dire tout à rire les lèvres
se confondent toujours
grand vol impossible
en dépit des oiseaux
s'affolent s'emmêlent fils et bobines
les mots les images
je sais où aller
mais les chemins sont compliqués
il me faut tes mains au bout
tes yeux de chaque côté
La bouche qui ne sait qu'offrir
les doigts qui ne demandent
rien qu'un peu de rosée
c'est tout
plus rien à désirer
c'est tout c'est beau
les chemins faciles et compliqués
C'est tout c'est beau
être à la taille
exacte de ton cœur
à pleine force de toutes mes limites
Marc PATIN.
MATIÈRE
Quand nous aurons baissé les grands rideaux de sel
quand nous aurons levé les yeux vers les anges de glace
un faible chant traversera nos mains
et nous verrons briller au fond des vases
.un doux parfum de fauve
Sur le tapis sombre et seul
une opale glissera des jardins suspendus
en murmurant des mots violets.
et vos bras d'algues noires
monteront vers le ciel
grande reine aux ongles durs
tandis qu'au loin sonnent les cloches d'eau.
Noël ARNAUD.