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Vie de La Brochure
22 septembre 2019

Jean-Claude Giavarini, souvenirs

giavarini

Ma compagne l’a eue comme proviseur au Lycée de Castelsarrasin et elle en a gardé un bon souvenir : homme de rigueur, mobilisé pour l’école publique, il a été une chance pour l’établissement par l’arrivée d’une section BTS. Il a même rêvé, en croisant des compétences, d’installer un enseignement des maths en arabe…

Maire Castelmayran dans la foulée de la victoire de la gauche à la présidentielle, en 1983, il a conservé le poste jusqu’en juin 2017.

A ce poste nous avons eu l’occasion de le croiser en tant que grand défenseur du projet LGV. Quand en avril 2010 les opposants au projet organisèrent une réunion d’information il était au fond de la salle, discret, jusqu’au moment où j’indique que la LGV Bordeaux-Tours allait être gérée par le Groupe Vinci. J’écrivais alors dans le compte-rendu : « A Castelmayran quelqu’un m’a repris en me disant que je n’avais pas à me plaindre que la ligne Bordeaux-Tours soit construite par Vinci car il n’y a pas d’entreprise publique pour le faire. Je m’étais mal exprimé car le problème ce n’est pas que Vinci soit le constructeur mais l’exploitant de la ligne. A mon rectificatif on [Giavarini] me répond, «non il n’est que le constructeur» or il suffisait de lire la suite du communiqué de l’AFP – ce qui a été fait - pour comprendre qu’il allait être aussi l’exploitant. On peut être pour ou contre la concession faite à Vinci, à partir du moment où on parle de la même réalité avec le même langage. Débattre c’est arriver à parler le même langage pour finalement choisir en connaissance de cause. »

J’ai conservé ce souvenir en mémoire car emblématique d’une réalité. A la lumière de cette réaction sincère et instantanée, j'ai compris que Jean-Claude Giavarini était un pro-LGV car comme tant d’autres, il a été trompé. Les promoteurs du projet, dans les hautes sphères du pouvoir, ont utilisé pour le faire admettre, le souci du progrès et la bonne image du train, en masquant le coût de l’investissement. La LGV Tours-Bordeaux est bel et bien exploitée aujourd’hui par Vinci dans le cadre d’un PPP tout à son bénéfice. Même ses amis socialistes le reconnaissent à présent... en proposant un système pire encore pour la LGV Bordeaux-Toulouse !.

D’ailleurs dans cette réunion les opposants au projet ont pu constater, par un autre type de réaction sincère, qu’ils étaient dénigrés : « vous n’allez pas nous mettre la LGV à côté de l’autoroute, on en a déjà assez bavé ! ». La Dépêche tout en masquant la réalité du projet savait dénigrer ceux qui le combattaient sur des bases radicales : jamais nous n’avons mis en cause, de notre côté, le tracé, mais le projet lui-même.

Un an après (le 16 avril 2011), dans sa commune, RFF (la SNCF) a décidé d’informer. En tant qu’opposants nous souhaitions entrer dans la salle, mais pour une fois Giavarini abandonna son rôle d’élu pour nous dire que la réponse appartenait à RFF, qui bien sûr accepta notre présence.

Jean-Claude Giavarini était donc un homme de progrès, aux valeurs de gauche affichées que j’ai aussi souvent vu à l’œuvre dans le cadre de l’intercommunalité autour de Saint-Nicolas de la Grave. La communauté des communes Sère – Gimone – Garonne a été une des dernières du Tarn-et-Garonne.

18 mars 2019

Comme la LGV, l’intercommunalité lui semblait un progrès, et donc, il a eu fort à faire pour rassembler les communes du canton, tout en prônant dès le départ une intercommunalité plus large autour de Castelsarrasin. Comme dans tant d’autres cas, il a pu voir la réalisation de son action aussi, quand en juillet 2017 il a abandonné son poste de maire, il est resté cependant vice-président de la nouvelle intercommunalité, Terres de Confluences dont je vais essayer d’écrire l’histoire un de ces jours.

Notre dernière rencontre c’est produite au cours d'une manifestation à Moissac, autour de la défense du climat le 18 mars 2019. Les Gilets jaunes étaient présents et j’aurai dû lui demander ce qu’il pensait de ce mouvement. Tout comme cette question qui me hante : comme expliquer la présence d’un électorat Front National si puissant sur sa commune ? J’ai posé la question à son ami de Garganvillar, M. Descazeaux, qui est dans le même cas, et qui n'a pas d'explication. Bien sûr, il n’y a aucun rapport entre vie locale et électorat FN, car celui-ci est issu de réflexes nationaux mais il me semble que la réflexion s’impose. J-P Damaggio

P.S. J'ai cherché sur la photo de la manifestation si je le retrouvais mais en vain.

P.S. Ses obsèques religieuses seront célébrées le lundi 23 septembre 2019, à 14 h 30, en l'église de
Castelmayran, suivies de l'incinération, à 16 h 30, au crématorium de Lafox. Et j'ai une pensée pour sa fille Laurence croisée par hasard un jour de colloque à Paris. Mes condoléances à toute sa famille.

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