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Vie de La Brochure
14 octobre 2019

Marx, le déterminisme et le mysticisme

Dans un article récent René Merle revient sur cette question décisive du rapport que Marx a entretenu avec le déterminisme. D’où la question qu’il pose:

«Tout au contraire [«du marxisme vulgaire»], même si à l’évidence les hommes vivent dans des conditions déterminées, qu’ils ont reçues et non choisies, ne possèdent-ils pas la faculté de choisir librement leur mode d’action dans le cadre de ces conditions ? »

Les conditions déterminées font que la liberté consisterait donc à s’activer à partir de la connaissance des conditions déterminées, et non en les ignorants.

Les conditions déterminées ne produisent aucune mécanique mais si le marxisme vulgaire est tombé dans la mécanique (le socialisme naisssant des contradictions propres du capitalisme) c’est que la mécanique domine toute notre pensée et il n’y a pas eu besoin du slogan «il n’y a pas d’alternative» (je vous évite sa version anglaise) pour savoir que c’est le guide social des temps les plus reculés.

Bref, je vais traiter la question à partir de deux exemples qui me sont chers.

 Vazquez Montalban

Il a eu trois faces : la poésie, le roman noir, le roman blanc.

Le roman noir traite du déterminisme avec un Pepe Carvalho qui vieillit au rythme des livres et qui est soumis à ses propres réalités. Bien sûr Pepe a sa part de liberté mais dans le contexte d’une vie quasi inévitable. Voilà pourquoi à lire la nouvelle version, quinze ans après que MVM ait conduit Pepe en prison me pose problème. C’est bien sûr un Pepe vieilli et soumis aux impératifs de son âge, mais je le ressens comme un Pepe «hors-sol».

Pour le roman blanc MVM est maître à bord de A à Z. Y compris quand il invente une autobiographie de Franco ! Le déterminisme n’est pas nié mais il apparaît au second plan, en toile de fond.

Pour la poésie MVM se confronte directement à sa propre vie à la fois déterminée par ses origines et échappant aux dites origines. Il est la preuve que l’homme impossible existe à travers lui.

 Léon Cladel

Pour lui ça ne fait aucun doute, la «belle» c'est-à-dire la république démocratique et sociale, s’imposera un jour. Il s’inscrit dans un courant dominant en son XIXème siècle qui est aussi celui de Marx. Et ce courant va s’imposer jusqu’aux années 1960 environ. Les révolutionnaires n’ont jamais cessé d’observer que le capitalisme était à bout de souffle et que le socialisme (version actualisée de la «belle») était pour demain matin. Pourquoi et surtout comment cette confiance totale (voire aveugle) en l’avenir ?

Cladel n’aurait pas été dans le camp de Jaurès car ce dernier pensait que la victoire serait acquise grâce à l’éducation quand Cladel pensait qu’elle serait acquise seulement par une transmission conçue comme inévitable !

Aujourd’hui les deux pourraient constater que de transmission il n’y a plus, et que l’éducation n’a pas tout éclairé, surtout à l’ère de l’enseignement de l’ignorance !

Pour Cladel la seule liberté consiste à s’armer de réalités porteuses à la fois de beauté et de démocratie.

Les amis de la démocratie lui reprocheront son obsession pour la beauté.

Les apôtres de la beauté lui reprocheront son engagement obsessionnel pour la démocratie.

 Le mysticisme

Pour Cladel l’avènement de la «belle» est une mystique. Il pense le Christ en premier des socialistes. Il joue lui-même à être le Christ et juste avant de mourir il a un regret : n’avoir pu assister à la publication de son trente-troisième livre. Il était le mysticisme même !

Pour MVM, l’affaiblissement de la puissance du déterminisme (donc l’avancée d’une liberté élargie, tout en restant lucide) passe par la victoire d’un scepticisme mettant à mal tout mysticisme !

Avec la fameuse formule de Gramsci (mais certains pensent qu’elle vient de Romain Rolland) optimisme de la volonté (notre liberté), pessimisme de l’intelligence (à découvrir les déterminismes), nous sortons du face à face simpliste optimisme/pessimisme pour approfondir les lieux où l’optimisme peut s’exercer et où le pessimisme prend sa source. Pour les mystiques l’optimisme loge dans l’avenir et le pessimisme dans le passé. Oui mais au présent ? J-P Damaggio

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