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Vie de La Brochure
22 novembre 2019

Guénolé et Mélenchon : avril 2017 (suite)

apéro-débat 2

J'ai déjà évoqué : la conclusion du livre : ICI.

Le chapitre le plus utile du livre de Guénolé c’est celui sur la tragédie de Jean-Luc Mélenchon où je suis d’accord avec sa conclusion mais pas avec son explication !

Oui, Mélenchon a pris pour une victoire politique, son score au premier tour de la présidentielle, qui n’était en fait qu’une victoire circonstancielle.

Toute élection a sa part circonstancielle. Le cas le plus évident fut la victoire de Chirac en 2002 et son 80%. S’il avait été face à Jospin, toutes les enquêtes d’opinion le donnaient perdant ce qui fait que Mitterrand ayant utilisé le FN pour diviser la droite, il s’est trouvé que le FN a pu la faire gagner !

D’ailleurs beaucoup pensaient en 1988 que le vote Le Pen était circonstanciel et qu’il allait donc s’effondrer assez vite ! Or le vote FN est le vote le plus politique d’où sa solidité ! Deux camps ne pouvaient comprendre ce phénomène : ceux qui pensaient que le FN était fasciste et que les Français ne l’étant pas ils allaient vite ouvrir les yeux, et ceux qui pensaient qu’il s’agissait seulement d’un vote protestataire. Oui, une part est toujours protestataire mais une large part est une adhésion aux thèses de ce parti qui n'est pas fasciste.

Est-ce qu’en 2017 le score de Mélenchon était un socle solide destiné à se développer ? L’analyse de ce point est importante pour la suite de l’histoire. Mélenchon a cru qu’en septembre 2017 LFI pour lancer une énorme manifestation contre la loi travail de Macron et ce fut l’échec. Dernièrement sur France inter Mélenchon fut mis en face de sa déclaration sur le million de personnes dans la rue et l’échec qui s’en suivit, et il a eu comme réponse : «C’est mon rôle d’appeler à l’action.»

En fait, dès le résultat des élections législatives LFI pouvait mieux mesurer la force du mouvement soit 11%. Ce qui n’était pas mal pour un parti naissant mais loin du rêve de 20% sauf que la création du groupe parlementaire a masqué  cette situation. Dès ce moment là, la question majeure devenait celle des alliances nécessaires. Bref, d’accord avec Guénolé : « Jean-Luc Mélenchon  porte personnellement la très lourde responsabilité de cette erreur historique.»

Mais Guénolé porte aussi la sienne. Pour expliquer le succès de Mélenchon il s’en tient aux sondages : au départ Hamon est à 16-17% et Mélenchon à 10%. Puis ensuite ils font jeu égal avec 12-13%, une partie de l’électorat de Hamon allant vers Macron.

« C’est alors qu’advient sur TFI, le 20 mars 2017, le premier grand débat télévisé de la campagne présidentielle. La chaîne a décidé de se limiter aux cinq candidats en tête dans les sondages : Emmanuel Macron, Marine Le Pen, François Fillon, Benoît Hamon, et Jean-Luc Mélenchon.» Et là, Mélenchon est bon et il passe devant Hamon et ensuite il récolte le vote utile à gauche. C’est comme ensuite le débat Le Pen Macron de l’entre deux tours : Marine a été si mauvaise qu’elle a perdu !

Je conteste radicalement la façon de surévaluer le rôle de tels débats aujourd’hui.

Pour moi le succès de Mélenchon vient fondamentalement d’une mobilisation citoyenne inouïe autour de sa candidature, qui est apparue d’ailleurs avec le nombre de personnes inscrites sur le site internet mais bien plus encore dans les réunions locales organisées. Ayant eu l’occasion de participer à de nombreuses campagnes électorales je peux dire que les présidentielles-législatives de 2017 furent une heureuse surprise. Il faudrait comparer dans mon département (et ailleurs) avec la campagne de 2012 et la réponse serait nette : en 2012 une campagne classique (où la télé a pu jouer un rôle plus grand), en 2017 une campagne pleine de créativité, d’inventivité, de nouveautés. Ceux-là même qui y ont participé n’ont pas toujours eu conscience du phénomène.

Et cet oubli du rôle de la base de la part de Guénolé qui a surtout agi par le sommet, invalide l’essentiel de son livre. Il condamne la dictature interne mais à quoi servirait un autre fonctionnement si une élection se décide dans un débat public à la télé ? Inversement Mélenchon est cohérent : comme le succès vient de son intelligence de la réalité pourquoi écouter la base ? En cela le succès de Macron ne peut que le conforter dans cette stratégie.

Dans le livre de Guénolé les militants de base sont évoqués parce qu’il les rencontre pour prêcher la bonne parole. 

Les simples citoyens sont glorifiés pour la forme mais totalement oubliés dans les analyses des médias (et autres commentateurs) car cela signifierait qu’ils pèsent plus que les médias ! Une horreur ! Le simple citoyen est juste bon pour le radio-trottoir !

L’erreur historique de Guénolé rejoint finalement celle de Mélenchon : le simple militant compte pour rien si bien qu’en effet l’association LFI n’accepte que TROIS adhérents ! Inutile de dire que les inscrits sur internet sont très largement repartis dans la nature ! Normalement, depuis le début LFI, proposait une Convention nationale par an : cette année elle est passée à la trappe, remplacée par une assemblée auto-désignée représentative qui rassemble les vestiges d’un passé glorieux ! J-P Damaggio

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