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Vie de La Brochure
16 décembre 2019

Noël Arnaud Gilles Brenta

conversations noël Arnaud

Pour les cent ans de Noël Arnaud (1919-2003), des amis de Penne ne l’ont pas oublié et autour du film de Gilles Brenta et Dominique Lohlé 'L'ami fantastique ' ou 3 journées avec Noël Arnaud et ils se sont retrouvés avec grand plaisir.

Pendant trois jours passés avec Noël Arnaud pendant l’été 1999, la caméra a suivi son quotidien sans respect des logiques scolaires : introduction, développement conclusion, au profit de la logique : vagabondages, vagabondages, vagabondages.

Gilles Brenda fait des dessins que l’on ne voit presque pas et dont on ne comprend pas l’utilité, Noël écrit quelques mots, une équipe de France 3 passe à ce moment-là, le labyrinthe de la maison est au cœur du décor, nous trouvons que tout est en longueur, habitué que nous sommes à ce qu’il y ait un message au bout.

mirabelia muséum

Pour le premier jour, l’installation est longue à se mettre en place suivant un principe vieux comme Noël Arnaud : l’art n’est pas le résultat mais le chemin qui mène au résultat. Il manque des lunettes, le crayon marche mal, l’équipe de TV a disparu… Tout est filmé en gros plan, voire en très gros plan, des personnes circulent que l’on devine plus qu’on ne les voit, et des voix sont là difficiles à repérer.

Pierre Malrieu dira : «Un film pour ceux qui connaissent Noël Arnaud» et c’est vrai, car la tête de Noël souvent hilare, fait le film sans plus d’explications sauf exceptions. Le contraire du film documentaire cher à la TV.

Brenda Arnaud

Des explications viendront le deuxième jour quand sur un ton sérieux il explique le cœur de sa vie, la Résistance, et dans la Résistance la publication du poème d’Eluard, Liberté.

Là, un paradoxe peut surprendre le spectateur : «il n’y avait pas de censure». Une phrase qui, comme tout le film, pousse à chercher plus loin : en 1942 dans la zone occupée la censure était post-publication, tandis que dans la zone de Vichy, la censure intervenait avant publication !

La diffusion de Liberté pouvait donc se faire aisément mais avec un éventuel retour de bâton qui met Eluard dans tous ses états (il partira se cacher) tout en laissant Noël Arnaud paisible (il sera arrêté dans d’autres circonstances aussi loufoques que sa vie). Le manuscrit d’Eluard est à l’image, on y vérifie que le titre de départ est rayé. Le changement s’est fait au profit de Liberté juste avant l’impression. Il a été très largement diffusé. Il est à présent au Musée de la Résistance à Saint-Denis. Eluard ayant cependant recopié à la main des versions pour les présenter comme des manuscrits.

couv noël arnaud

Le troisième jour, détour par la musique avec des électrophones qui marchent plus ou moins, des anciennes cassettes… De mémoire, le détour commence ainsi : «Breton n’aimait pas la musique alors on a fait de la musique ».

Une réflexion qui nous rappelle que Noël était poète sans être poète, trotskiste sans être trotskiste, surréaliste sans être surréaliste, situationniste sans être situationniste, lettriste sans être lettriste mais que Noël Arnaud était bel et bien Noël Arnaud.

On le voit à l’œuvre créant avec son ami, car toute création est dialogue. Le cœur du film tient à mes yeux dans ce face à face, avec autour de lui Françoise qui cherche un document, Dominique qui montre la caméra, et ce jeu à la fin où un petit train électrique avec circuit, et des figures d’indiens et de soldats, nous ramène à l’enfance à jamais vivante.

Après la projection des conversations par petits groupes faisaient revivre le Penne de Noël Arnaud. A commencer par le cas du Son et Lumières. Pendant les trois jours, le spectacle a eu lieu, les cinéastes sont allés le voir pour filmer un peu, Noël décrète ringarde cette activité. Et tout d’un coup on a ce morceau d’histoire locale, élément de l’histoire globale car les années 1990 et peut-être 2000 furent celles des spectacles «son et lumière» qui par la suite ont parfois disparu suite à des règles de sécurité plus strictes. Pourquoi ringard ? La question n’est pas posé à Noël alors j’avance une hypothèse : l’art y est mis en machine, une machine qui peut devenir répétitive ce qui n’est pas de l’art. Je pense à ce moment-là à Bernard Lubat qui dans le rap n’aime pas le côté machinal. Je pense que si le film passait à Uzeste, il ferait écho à l’art des lieux.

Noël mérite d’être toujours mieux connu pour ce qu’il a inventé d’où l’idée en rentrant chez moi de retrouver le cas Gilles Brenta qui n’est pas dans mon livre «Noël Arnaud par ses complices». Le travail que décrit le film est dans la Dragée Haute n°38, La Nuit de Noces, un numéro de la revue que je lis à présent sous un autre angle. Et belle surprise le Belge Gilles Brenta (1943-2017)  est arrivé à l’art par Marcel Mariën, le premier des complices que j’évoque dans mon livre !

Ce premier compte-rendu de la soirée sera suivi de plusieurs autres.

Un grand merci au PENNE MIRABILIA MUSEUM. J-P Damaggio

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