Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Vie de La Brochure
2 janvier 2020

Les législatives de 1936 et le PCF dans le 82

Je retrouve cet article dont je ne sais s’il a été publié sur Les Nouvelles du 82. Un numéro spécial devait rendre compte du sujet en 1986. Je n’y ai ajouté qu’un point, pour le reste le tableau reste identique à ce que j’ai étudié par ailleurs comme la brochure sur le front populaire à Castelsarrasin. J-P Damaggio

 Le Tarn et Garonne avait à ce moment là trois circonscriptions et comme c'était le cas depuis sa création en 1920 le PCF était présent dans les 3 batailles électorales différentes qui allaient animer la vie politique du département.

Le nom des trois militants qui furent désignés pour représenter ce parti est déjà un indice de l'implantation communiste. En effet il y avait un candidat de Laguépie (Granier), un candidat de Septfonds (Durou) et un candidat de Montauban (Matayron).

La circonscription de Moissac et celle de Castel ne purent qu' "importer" des candidats communistes extérieurs. Cet indice nous permettra de comprendre comment s'est constitué l'électorat communiste.

En effet les résultats par circonscription seront les suivants 7,9% dans la circonscription de Montauban et 3,5 % dans les deux autres (5,4% au total).

Cet écart n'est pas le résultat d'une implantation meilleure de la gauche dans la circonscription de Montauban puisque c'est la plus à droite. Cet écart ne peut donc s'expliquer que par les résultats du travail militant.

En effet depuis longtemps une activité communiste avait lieu dans les communes de Montauban, Laguépie et Septfonds. Cette activité non seulement a permis la formation des cadres communistes mais a aussi constitué le cœur de la première influence électorale du PCF.

L'analyse des résultats par canton nous confirme ces remarques (12% dans le canton de St Antonin et 10% dans celui de Montauban). Le travail de Jacques Girault (1) est aussi un indicateur précieux qui confirme, à travers d'autres régions les remarques précédentes.

J'ai déjà indiqué que par rapport aux autres forces politiques l'électorat communiste est en rupture. Il faut savoir en effet que dans la circonscription de Castel c'est un socialiste qui l'emportera et que dans celle de Moissac nous retrouverons un immanquable radical.

Si l'électorat communiste s'était constitué comme un électorat de gauche plus radical que l'électorat de la SFIO et que celui de la mouvance radicale, Castel et Moissac auraient du être les bases fortes du PCF. Notons que s'il n'en fut rien ce n'est pas par négligence des communistes montalbanais qui ne cessèrent de se préoccuper de créer une implantation communiste à l'usine de Castel. L'histoire était ainsi faite avant la guerre, qui vit se constituer une force communiste, d'abord à Montauban et Laguépie et pour l'essentiel en dehors des forces ouvrières.

Nous savons que pour le PCF en général la période 1934-1937 fut une période de large développement. Les résultats des législatives en furent une manifestation en Tarn et Garonne comme ailleurs. Mais ce développement pourrait mieux se mesurer avec les cantonales qui suivirent où on vit le PCF faire des efforts considérables pour présenter des candidats partout.

Il nous faudrait aussi évoquer un phénomène politique qui est né cette année là : le désistement au deuxième tour pour le candidat de gauche le mieux placé. Il faut se souvenir qu'encore en 1932 le candidat communiste s'était maintenu partout au deuxième tour et de même en 1933 dans une partielle à Montauban. Le candidat de l'époque Louis Aurin m'indiqua dans un témoignage qu'il était favorable au retrait du candidat de gauche, qu'il téléphona à Paris pour l'obtenir mais Duclos qui lui répondit et refusa sa proposition. A ce moment là l'électorat communiste était passé de 2,2% (1932) à 5,4% (1933) mais au second tour il se retrouva à 2,3%.

Tous ces éléments : implantation communiste réelle, percée socialiste, problèmes de l'union, questions gouvernementales ensuite font de l'époque 1936 un moment charnière de notre vie politique. Le Front Populaire reste de manière très liée, un fait politique et un fait social. Sa spécificité tient sans nul doute au type de lien qui s'est noué à ce moment là entre vie politique et vie sociale mais aussi au type de lien qui s'est constitué au sein même de la vie politique.

Concrètement pour terminer cette brève évocation, quelques aperçus de la campagne électorale des communistes. Pour l'essentiel elle s'inscrivit dans les formes habituelles de campagne des autres forces politiques : la réunion publique et contradictoire. D'ailleurs c'est par le compte-rendu de telles réunions que nous viennent le plus de renseignements sur la présence et le discours communiste local. Bien sûr il y avait la diffusion de la profession de foi qui était nationale mais nous avons vu toute l'importance de la présence militante sur le terrain. Matayron, Durou et Granier sont les intervenants les plus cités. Le dernier menait campagne avec un militant célèbre de l'Aveyron Ginestet. Ils organisaient des réunions propres ou portaient la contradiction dans les réunions des partis adverses. Pour mieux connaître ces trois militants vous pouvez concernant Granier et Durou vous reporter aux biographies publiées dans le livre sur la Résistance (2). Pour Matayron que j'ai rencontré il y a plusieurs années j'indiquerai qu'il était responsable numéro 2 de la CGT réunifiée, qu'il avait fait une école de un mois du PCF (à l'époque à Bezons) et qu'il travaillait chez un autre militant communiste notoire : Durègne. D'autres militants mériteraient ici d'être cités comme Gasc, Pédurand et Couchet qui allait devenir le responsable départemental mais il ne s'agissait que d'ouvrir quelques portes du souvenir et des lecteurs, par eux-mêmes ou par des connaissances, peuvent en apporter d'autres en mesurant bien qu'il n'y a pas de petits souvenirs en la matière. j-p damaggio.

(1) Jacques Girault, L’implantation du PCF dans l’entre deux guerres

(2) Le PCF dans la résistance en Tarn-et-Garonne

Note 2020 : Les Radicaux montalbanais ont toujours été très unitaires pour battre la droite alors que les radicaux castelsarrasinois ont toujours été anti unitaire pour bénéficier de l’appui de la droite. Alors qu’en 1936 Marcel Guerret devient député PS de la circonscription la ville ne sera jamais administré (sauf un très bref moment) par des membres réels du PS. Ce PS très à gauche dans le Castel de 1936 rendait plus difficile le développement du PCF.

Publicité
Publicité
Commentaires
Vie de La Brochure
Publicité
Archives
Newsletter
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 1 022 477
Publicité