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Vie de La Brochure
10 janvier 2020

PCF du 82 en 1939 : René Cazemajou

Cazemajou

En cherchant dans les archives départementales du 82 à propos de Castelsarrasin je tombe sur le dossier 4 M 622 où il y a une lettre concernant le Montalbanais René Cazemajou que je donne ci-dessous. Le dossier avait été tenu à jour puisqu’on trouve la référence au décès de son épouse en… 1965 ! J’en profite pour donner son portrait publié dans le livre Le PCF dans la résistance en TetG. La lettre du commissaire nous apprend sa révocation suite aux grèves de 1920. J-P Damaggio

 

Archives départementales du 82 4 M 622

Montauban 15 septembre 1939

Le commissaire spécial de Montauban à Monsieur le Général de Corps d’Armée

J’ai l’honneur de vous rendre compte que le nommé : Cazemajou Jean, René est né le 10 décembre 1890 à Villeton (Lot-et-Garonne) demeure à Montauban quartier Petit-Versailles, intersection des routes de Montauban à Caussade et à Nègrepelisse, chez son beau-père qui tient au dit endroit un atelier de charronnage et une station de distribution d’essence.

décès Mme Cazamajou

Cazemajou ne se livre à aucun travail, il est pensionné de guerre à 100% (gazé) et est souvent malade.

Ex-employé de Chemin de fer, révoqué pour avoir fait grève en 1920.

Au point de vue politique c’est un communiste au tempérament nerveux et violent, lorsqu’il est excité. Lorsqu’il est calme, il passe pour un homme tranquille, honnête, à l’esprit plutôt simple.

Dès qu’il est question de politique il devient violent en paroles (non en actes) et se livre à des écarts de langage répréhensibles.

Il est adhérent au parti communiste, mais, si ses conversations particulières ont des effets de propagande, il n’a jamais été considéré comme propagandiste à la disposition du parti. Son activité extérieure se trouve assez réduite en raison de son état de santé. Il fera l’objet d’une surveillance et sera poursuivi pour toute infraction qu’il viendrait à commettre.

 (le même commissaire n’était pas au départ très au courant car il cherchait à Nègrepelisse un garagiste nommé  Caza-Machou !)

 

Livre : LE PCF DANS LA RÉSISTANCE En Tarn-et-Garonne

JEAN-RENÉ CAZÉMAJOU

Une place particulière nous paraît devoir être réservée dans cet ouvrage — consacré à l'action du Parti Communiste dans la Résistance — à notre camarade CAZEMAJOU ( « Gabriel » ).

Tous ceux qui l'ont connu en parlent avec admiration et, en premier lieu, sa fille, Madame CALAS, que nous ne saurions trop remercier des renseignements précieux qu'elle nous a fournis sur son père.

René CAZEMAJOU (on n'employait pratiquement plus son premier prénom, Jean ) était un ancien combattant de la guerre 1914-1918. Il avait ramené de cette guerre de multiples décorations (médaille militaire, croix de guerre... ) témoignant de son héroïsme maintes fois affirmé... mais il en ramenait, hélas aussi, des séquelles qui allaient gravement hypothéquer sa santé : René revint fortement gazé.

A son retour, comme nombre de ses camarades, il prit place dans le combat politique. Avec Auguste MONSARRAT, Joseph DURÈGNE, André GROS, Paul GOLSE... il fut un des premiers militants du jeune Parti Communiste et, à ce titre, candidat lors des élections municipales de Montauban en mai 1925, en mai et juin 1929.

Dès 1939-1940, et malgré un espionnage de tous les instants des vychistes locaux, qui ne lui pardonnaient pas son courage politique de l'entre-deux guerres, il participe avec son épouse Eugénie ( « Madeleine » dans la Résistance) à la réorganisation du Parti et à la distribution des tracts...

Le 9 septembre 1941, avec quelques dizaines de camarades montalbanais, il est arrêté par la police « française ». Interné au camp de Nexon, il n'en fut libéré que le 19 mai 1942 et, avec l'aide de son épouse et le soutien de ses enfants, reprend aussitôt la lutte clandestine.

Sa maison de la route de Nègrepelisse accueillit de très nombreux combattants clandestins parmi les plus responsables : « Arthur » ( premier interrégional F.T.P. ), « François » ( interrégional F.T.P., M.0.I. )., « Maurice » ( Lucien NAULET), « Ricou » ( Robert PÉLISSIER )... sans parler des jeunes montalbanais qui y étaient accueillis comme des fils (et qui l'appelaient spontanément «papa» )... et, parmi eux, Louis SABATIÉ auquel René portait une affection particulière :

«Ils trouvaient chez CAZEMAJOU, parfois plus qu'au sein de leur propre famille, le soutien moral qu'ils sollicitaient, des conseils éclairés, et un réconfort de tous les instants (...). On y venait, fatigué, gelé l'hiver, quelquefois un peu déprimé par l'insuccès d'une action ou une nourriture insuffisante : René comprenait tout cela sans qu'on ait besoin de le lui dire. Tout de suite, la table était dressée et avancée auprès du feu (...). Et ce n'est qu'après nous être restaurés, après le petit verre d'eau de vie qui réchauffe l'estomac, qu'il nous permettait de parler de l'action que nous venions de faire... » Maurice OUSTRIÈRES

 

Accueil certes... mais aussi «boîte aux lettres» C'est là que selon le témoignage de G. ESTIVAL, «... tous les chefs de maquis F.T.P. du Tarn-et-Garonne venaient chercher les plis émanant de la région et de l'interrégion...»... mais aussi contacts et liaisons, réunions de travail... C'est chez lui que furent décidées les modalités de l'attentat contre l'Office de Placement Allemand... C'est chez lui que furent jetées les bases du maquis F.T.P.F. de Saint-Antonin...

Quant au petit garage situé de l'autre côté de la route, il recevait armes, munitions, explosifs, tracts... dont des agents de liaison venaient régulièrement prendre livraison. Et, parmi ces agents, n'omettons pas la propre épouse de René, «Madeleine», qui effectua plusieurs liaisons extrêmement dangereuses, notamment à Agen.

Très affaibli, son organisme littéralement usé par les séquelles des gaz, les privations subies à Nexon, les fatigues de l'action clandestine, la douleur ressentie lors de la disparition d'êtres chers (parmi lesquels L. SABATIÉ)... René put malgré tout assister à la Libération. Après une longue maladie, qui fut un véritable calvaire, il décéda le 15 juin 1949 dans les bras de son épouse («Madeleine » disparut à son tour en 1965) ; il n'avait pas encore 55 ans !

Avec René, qui —selon l'expression de M. OUSTRIÈRES — «... fut peut être le plus timide, mais aussi le plus courageux de nous tous...», avec René et son épouse a disparu un couple de militants communistes dont l'attachement (et le dévouement) à leur idéal n'a eu d'égal que la modestie et le courage ».

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