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Vie de La Brochure
20 janvier 2020

Napoléon III, l’église et l’avortement

Dans son livre, Ma vie sur la route, la féministe nord-américaine Gloria Steinem (déjà évoqué) rapporte un fait totalement surprenant pour moi mais documenté. En 1978, le père Harvey Egan, de l’église catholique Sainte-Jeanne-D’Arc de Minneapolis lui propose de prononce l’homélie devant les fidèles à la messe du dimanche. Autant dire qu’il n’est pas en odeur de sainteté du côté du papel.

 

« Quand je me retrouve seule [devant les fidèles], je suis soudain prise d'un trac violent. Le pupitre d'une église catholique est le dernier endroit où je pensais devoir parler un jour. Mon cœur bat à tout rompre, j'ai la bouche sèche, l'esprit vide et je voudrais être n'importe où, sauf ici. Le père Egan me présente et lève les bras, sa chasuble telles les ailes d'un papillon, disant avec un sourire malicieux : « Gloire à Dieu pour Gloria ! » L'assemblée éclate de rire, et moi aussi. Soudain, tout va bien. Le rire est un remède souverain.

Je ne parle pas de la position du Vatican sur l'avortement. La plupart des gens ont leur propre idée sur la question et, grâce aux historiens jésuites honnêtes et à l'organisation Catholics for a Free Choice (à présent appelés Catholics for Choice), ils savent peut-être que, jusqu'au milieu du XIXe siècle, l'Église ne s'y opposait pas et le régulait même. C'est devenu un péché mortel avant tout pour des raisons démographiques. Napoléon III voulait plus de soldats ; de son côté, Pie IX voulait les postes d'enseignants dans les écoles françaises et la reconnaissance de l'infaillibilité papale. Alors, ils ont passé un marché. De toute manière, le catholicisme est loin d'être la seule religion à essayer de contrôler le corps des femmes. Les sociétés patriarcales ont évolué de manière à donner aux hommes la maîtrise de la sexualité féminine et de la reproduction. Je préfère évoquer ce qu'il y avait avant et pourrait nous indiquer une voie pour demain. »

 

Note :

Lv. L'Église a régulé l'avortement jusque dans les années 1860. Ainsi, un fœtus féminin pouvait être avorté jusqu'au quatre-vingtième jour et un fœtus masculin jusqu'au quarantième jour, car l'homme étant supposé supérieur, on pensait qu'il se développait plus rapidement. C'était seulement pour déterminer le moment du baptême que se posait la question de l'âme et du début de la vie. Cf. John T. NOONAN (dir.), The Morality of Abortion : Legal and Historical Perspectives, Cambridge, Harvard University Press, 1970.

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