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Vie de La Brochure
29 janvier 2020

Les citoyens et la politique

Montauban magazine

Le premier à remettre le citoyen au cœur de la politique s’appelle Jean-Pierre Chevènement quand il crée le Mouvement des Citoyens. En fait il s’agit surtout du mouvement de Jean-Pierre Chevènement !

Ce choix en 1993 n’est pas le fruit du hasard mais le fuit d’une crise politique qui n’a pas cessé depuis. Avant 1981 la politique devait changer la vie à défaut de changer le monde. Après 1983 le monde ou la vie a changé la politique !

Les éléments critiques au sein du PCF se firent de plus en plus nombreux avec la génération des « RE » : rénovateurs, reconstructeurs. En 1992 l’échec électoral réel et annoncé de la gauche pousse Charles Fiterman et Jean-Pierre Chevènement à lancer un mouvement commun : Rénovation. A ce moment là Chevènemlent prépare les élections européennes de 1994. Il obtient l’appui d’Anicet Le Pors mais pas celui de Fiterman qui préfère la CAP (Convention pour une Alternative Progressiste) et il crée donc le mouvement des citoyens.

L’histoire démontrera par la suite la capacité du mot citoyen pour servir à toutes les manipulations !

D’un côté le PS va renaître de ses cendres, par le miracle Jospin, et y compris Charles Fiterman lui apportera son soutien !

De l’autre le PCF reviendra à l’union de la gauche sans programme commun !

Mais l’expérience « gauche plurielle » aboutira à nouveau, en 2001, au retour plus massif que jamais des listes citoyennes aux municipales. Convenons-en, les municipales sont le lieu majeur de l’intervention citoyenne mais jusqu’à quel point ? J’ai suivi avec grand intérêt la liste Condom Citoyenne où des amis des Alternatifs se sont investis et avec les Motivé-e-s je garde en mémoire l’effort réalisé après les municipales pour fédérer les listes citoyennes de France dans le cadre d’une grande réunion toulousaine.

Le bilan ? Comme toujours les partis ont repris le dessus ! A Condom, il y eut un problème : que faire à une élection cantonale qui sa suivre ? Il est décidé de soutenir une candidate PS sensible à la parole citoyenne. Elle deviendra même députée ! Quant au tête de liste Condom citoyenne qui avec d’autres avaient été élus minoritaire, il quittera ce mouvement et deviendra à la municipale suivante tête de liste de la gauche contre ses anciens amis. Il sera même élu et comme au niveau national, sa gestion ramènera la droite au pouvoir.

Les Motivé-e-s qui semblaient si puissants vont disparaître tout en continuant à participer à la vie municipale avec ses quatre élus.

Dans la formule Mouvement des citoyens cher à Jean-Pierre Chevènement il y avait deux abus de langage : le mot citoyen et le mot mouvement qui a fleuri en parallèle de celui de citoyen. Les partis sont condamnés de par leurs archaïsmes, leurs dogmatismes, ils seraient l’ancien monde ! Le mouvement est souple adapté aux temps nouveaux ! Avec mouvement va fleurir aussi le mot : collectif en lieu et place du mot association ! Que de collectifs morts aussi vite qu’apparus ! Et dans le deux cas, mouvement comme collectif, c’est la garantie du plus pur manque de démocratie, ce manque qui est la cause du dépérissement des partis, des syndicats et des grandes fédérations d’associations. Bilan : le remède est pire que le mal. Un phénomène qui cependant n’est pas propre au mouvement social, mais à la société toute entière. La classe dominante s’est lancée dans les réformes pour soigner les maux de la société, réformes pire que les maux !

Les études ne manquent pas sur la crise politique et plus particulièrement sur la crise de la démocratie. Nous sommes en effet dans un monde où d’un côté les pouvoirs veulent tout contrôler et où de l’autre des citoyens ne veulent plus être des marionnettes. La confirmation de cette situation peut se lire à travers la naissance en France de deux partis : d’un côté le FN et de l’autre Les Verts.

La France est le pays par excellence de la politique suite à une histoire très mouvementée en matière de révolutions. A la naissance du FN « la bande des quatre » que Le Pen désignait n’a pas voulu traiter la question avec sérieux. C’était qui « la bande des quatre » : PCF-PS pour la gauche, RPR et Républicains indépendants pour la droite.

Alors que ces quatre partis étaient en effet en grande crise le FN se solidifiait tout comme Les Verts à qui le PS n’oublia pas les multiples crocs en jambes avec par exemple la création de Génération écologie.

Pendant ce temps la gauche de la gauche a joué sur les marges car plus que la gauche elle-même elle en a subi la crise ! L’échec du PSU qui en la matière fut l’élément le plus sérieux n’a pas servi de leçon.

D’un côté le FN sous forme d’un parti centralisé a su capter les problèmes de la classe populaire sur le fond et sur la forme. Sur le fond car la peur rampante des simples citoyens est devenue très forte. Dans la forme car cette couche sociale a besoin d’un chef.

De l’autre Les Verts sous forme d’un parti décentralisé a su capter les problèmes de la classe moyenne sur le fond et sur la forme. Sur le fond car le souci écolo que la gauche a dédaigné devenait très fort. Dans le forme car cette classe moyenne a besoin d’être « citoyenne ».

La droite n’a pas vu venir le FN que Mitterrand a conforté pour lui nuire, la gauche n’a pas vu venir les écolos réduits au simple rôle de marionnettes.

Bref, les questions de citoyen et de mouvement ne sont qu’une façade pour contourner la question permanente : comment les partis peuvent-ils répondre, dans le monde d’aujourd’hui, aux problèmes des  habitants ?

A l’ère du capitalisme féodal il appartient aux dirigeants politiques de construire des solutions et au capitalisme et au féodalisme.

Le FN tente de répondre aux peurs provoquées par l’avancée du féodalisme.

Les Verts tentent de répondre à la crise du capitalisme.

Dans les deux cas leurs réponses sont partiales et servent au capitalisme à devenir plus vert et au féodalisme à devenir plus féodal.

Pour sortir des impasses le chemin sera long et comme pour ces deux partis il ne sera pas marqué par le calendrier électoral ! Jean-Paul Damaggio

P.S. La Une du journal municipal de Montauban en 1994

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