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Vie de La Brochure
30 janvier 2020

Georges Julien et Saint-Antonin

georges julien

A chaque moment je suis détourné de mon chemin. Aujourd’hui, les archives de Jean Guilhem me ramènent à ce texte d’André Vignoles au sujet de Georges Julien (1919-1998). Trois dignes serviteurs de l’Etat, dans le plus noble sens du terme, unis par la circonstance. Trois hommes admirables dans leurs différences. Jean Guilhem travaillait à la préfecture pour la défense et promotion de la culture. Je pense qu’il n’a jamais été remplacé. Nous avons correspondu une fois. André Vignoles travailla pour la Poste au Sénégal où il croisa son épouse. Georges Julien fut le directeur du CEG de Saint-Antonin. André est revenu dans sa cité au moment de sa retraite et se plaça aux côtés de la réalité du peuple et de sa langue d’oc. Georges était plutôt du côté de la promotion du peuple par son travail d’éducation. L’école lui avait assuré sa promotion sociale aussi il voulait que d’autres, par ce moyen, bénéficient de cet ascenseur social. Ils s’étaient rapprochés par la langue d’oc mais pas la même langue d’oc. Celle d’André était fondamentalement vivante quand celle de Georges était fondamentalement historique.

Georges était un membre discret du PCF qu’il m’arriva de croiser en réunion de cellule. Ou une fois aux archives communales de Saint-Antonin en quête de liens entre la cité et 1851.

Il m’arriva de le choquer quand j’ai évoqué la Société des vieux amis de Saint-Antonin (à la place de la Société des amis du vieux Saint-Antonin), ou en désignant Saint-Antonin du nom de village car j’avais du mal à dire ville ! On s’est mis d’accord sur le nom de cité ou de bourg.

La photo le montre tel qu’il était : cheveux coupés en brosse contre lesquels les révoltés de 68 se révoltèrent en laissant pousser les leurs, lunettes cerclées, min ce sourire, cravate bien en place. Il était la sévérité même quand André était du côté de la farce.

Leur histoire à ces trois hommes est celle d’une «vieille France» méconnue car ceux qu’elle a promus ont été peu reconnaissants. JPD

P.S. Un hommage lui a été rendu en mai 2016

 

La Dépêche 18/8/98

Georges Julien.

André Vignoles nous fait parvenir sa réaction suite au décès de Georges Julien.

Georges Julien est mort, triste nouvelle. Il est mort et malgré la saison estivale, le beau soleil d'août qui magnifie toute chose, malgré enfin tout ce qui vient enchanter nos yeux et nos oreilles et répandre la joie dans notre riante vallée, notre cœur en cette heure est plein de deuil et de tristesse. Il incarnait, en effet, la plupart des qualités humaines que nous aimerions avoir. Il est juste que lui soit rendu en toute simplicité un hommage mérité, loin de la solennité factice d'un conventionnel éloge funèbre.

Chacun se souvient de sa silhouette de promeneur solitaire parcourant les rues de Saint-Antonin qu'il aimait tant, au point d'avoir décidé d'y passer sa retraite et d'y finir ses jours.

Cet amour de notre cité l'avait conduit à prendre en main les destinées de la société des Amis du vieux Saint-Antonin, de la redynamiser et d'en faire ce qu'elle est encore aujourd'hui. Pour les mêmes raisons, il avait dépouillé et classé les riches archives municipales dont il était le conservateur. Sa connaissance et son amour de la langue occitane, en même temps qu'ils lui permettaient de pénétrer et de comprendre les vieux manuscrits, nous avaient rapprochés. Georges avait notamment procédé à la transcription des livres de comptes consulaires. Pour que ce travail considérable ne reste pas lettre morte, la société a décidé de procéder à son édition et c'est, je crois, la meilleure façon d'être fidèle à sa mémoire. Oui, passionné, curieux de tout, rigoureux, généreux, érudit, le cœur largement ouvert à toutes les émotions, ouvrier patient en toute chose qu'il entreprenait. Georges Julien était tout cela. Il aura été exemplaire jusqu'au bout, tant en affrontant au quotidien et dans la dignité la terrible maladie qui le minait que dans les derniers instants de sa vie. Et mercredi, en partant pour Montauban, il adressait un dernier salut au roc d' Anglars qu'il ne devait plus revoir.

Son souvenir demeurera longtemps dans les esprits et dans les choses à Saint Antonin et nous pourrions dire avec le poète :

Tot parla de vous. La tomba

Ara vos garda ; mas la comba

Ont vos aimèretz se soven

Vostra ama i viu et d'aqui ven

Dins l'aire tan coç cana e plora.

(Tout parle de vous. La tombe maintenant vous garde ; mais la vallée où vous avez aimé se souvient. Oh ! bois peut-être qu'à cette heure où passe de poète, le vent, dans l'air si doux chante et pleure).

Mon ami Georges que les tiens sachent que nous partageons leur tristesse et que nous vénérerons ta mémoire comme si c'était un des nôtres qui nous manquerait désormais.

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