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Vie de La Brochure
9 mars 2020

Civilizations, de Laurent Binet

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Laurent Binet imagine l’échec de l’expédition de Christophe Colomb et la conquête de l’Europe par les Incas, conquête rendue nécessaire (Atahualpa fuit son frère) et possible (car les Vikings leur ont apporté les chevaux).

De Lisbonne à Venise, d’Allemagne à Alger, le XVIème siècle est revisité pour semble-t-il inversé par la fiction l’histoire du monde. Et Atahualpa devint Charles Quint après des événements improbables. Humour et surprises conduisent le talent littéraire de l’auteur mais parfois à vouloir trop embrasser on étreint mal ! Car beaucoup les civilisations sont au rendez-vous. Pour ne pas faire de jaloux après Atahualpa qui arrive à Lisbonne c’est le Mexicain Cuauhtémoc qui arrive à Paris.

Partout, il est question d’ayllus (lignages), d’amautas (poètes-philosophes), de curacas (seigneurs), de huacas (fétiches, lieux sacrés), etc. pour contribue à la dimension aventureuse du roman. Mais malgré ce décalage qui veut placer au second rang la civilisation européenne, c’est elle qui au bout du compte sert tout de même de référence. L’anti-modèle qui se fait modèle même si Atahualpa se fait l’empereur des misérables à qui il octroie l’accès à la terre.

Dans l’effort entrepris à mêler les genres (journal de Colomb, lettres, chroniques) l’apparition à la fin de Cervantès et du Greco tombe un peu à côté, comme pour un ultime effet littéraire.

Tout long des pages on se demande comment l’histoire peut de finir et si je dis qu’elle se finit dans la Florence des Médicis, le lecteur peut deviner l’ultime coup de théâtre. J-P Damaggio

P.S.  Puisque Philippe Pouton pour le NPA en a fait une présentation, à titre de document je la donne ci-dessous.

 

À lire : Civilizations, de Laurent Binet

Roman, Grasset, 384 pages, 22 euros.

Ce roman paru en août dernier vient de recevoir le prix de l’Académie française. Et heureusement car lu dès sa sortie, je me suis rendu compte que je n’en avais pas parlé et que c’était dommage. Donc il fallait rattraper le coup.

Un voyage qui ne se passe pas comme prévu

Car c’est un roman original, historique à sa manière, un livre d’aventures, de voyages, de découvertes de terres, de cultures, de peuples, d’évènements et avec une dose d’humour, d’amusement même si ce n’est pas toujours évident.

Ça commence par les aventures des vikings d’Islande et du Groenland, qui naviguent vers l’Amérique du Nord. Ça se prolonge quelques siècles plus tard avec Christophe Colomb qui part de Lisbonne en 1492 pour « découvrir » l’Amérique, ou plus précisément pour la redécouvrir. Et puis ça part un peu en vrille. Le voyage ne se passe pas comme prévu, en tout cas pas comme l’histoire l’avait écrit.

Pour l’Espagne ce n’est pas alors le début d’une conquête, d’une colonisation, d’un massacre. Colomb et ses collègues sont plutôt mal reçus. C’est raconté sous la forme d’un faux journal de bord. Les Incas finissent par prendre le dessus, s’approprient leurs navires. Colomb ne reviendra jamais chez lui. Et au contraire ce sont les Incas qui vont partir vers l’Europe qui va alors devenir le « nouveau monde ». Car tout s’inverse. Ce sont les Incas, avec l’empereur Atahualpa (personnage historique) qui va découvrir le continent, le conquérir d’une certaine manière.

Roman riche de références

C’est cette histoire qui nous est racontée, celle qui n’a pas eu lieu mais qui aurait peut-être pu se dérouler de cette manière. Ce n’est pas un colonialisme à l’envers, seulement une autre histoire avec les mêmes personnages historiques du 16e siècle (gouvernants, écrivains, religieux…) mais avec d’autres événements, d’autres guerres et d’autres conséquences.

Pas besoin d’être historien pour apprécier ce roman mais il est vrai que c’est mieux de connaitre un peu cette période sans ça on peut passer à côté de certains choses. Le roman est riche de références et de connaissances, il est basé quand même sur l’histoire réelle.

Au bout, on peut en retenir ce qui pourrait être la « morale » de cette histoire : que rien ne s’écrit d’avance, que la civilisation de l’ancien monde n’était pas forcément invincible, que le colonialisme aurait pu être empêché. Ou bien on peut confirmer une sorte de pessimisme, comme quoi l’histoire de l’humanité ce sera toujours des guerres, des massacres, si ce n’est pas les uns alors ce sont les autres qui conquièrent et dominent.

En tout cas, c’est un roman chouette à lire, stimulant et faisant au moins réfléchir sur l’histoire et la société. Philippe Poutou

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