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Vie de La Brochure
13 mars 2020

Crue de 1930 à Lamagistère

 

lamagistère le pont

Je reprends la note du livre : Inondations du Midi en Mars 1930

Photo le tablier du pont détruit.

La cruelle surprise de Lamagistère

Lamagistère a été cruellement éprouvée. Cette jolie localité bâtie en terrasse aux bords de la Garonne qui déroule d’habitude devant elle son cours paisible et majestueux, a été surprise, pour ainsi dire, par le désastre.

Certes le fleuve montait plus haut qu'on ne l'avait jamais constaté, mais à cet instant chacun croyait au maximum de la crue et pensait que la baisse allait survenir, c'est l'opinion qu'on avait encore tandis que l'eau envahissait les rues et assiégeait les habitants dans leurs demeures.

Tous demeurèrent chez eux, confiants, et, comme l'eau montait toujours se réfugièrent au premier étage.

Il y eut ainsi des heures tragiques, l'eau passait entre les rangées de maisons de la rue principale, la route nationale de Toulouse à Bordeaux, avec une impétuosité torrentielle. On se demandait si les maisons allaient tenir ; fort heureusement, en ville, elles tinrent bon.

Mais les habitants y demeurèrent bloqués n'ayant d'autre communication avec le dehors pour clamer leur détresse, que par l'avion de La Dépêche, qui vint les survoler.

Le maire, M. Bourgeat, dont la demeure est riveraine de la Garonne se trouvait en plein courant, ne pouvant entrer en contact avec ses administrés, obligé de se réfugier dans les étages supérieurs, le rez-de-chaussée étant largement submergé. Il vit le pont suspendu qui met en communication la ville avec Donzac et la Gascogne, emporté par les eaux et le tablier détaché s'avancer menaçant, porté par la crue ; fort heureusement ce coup de bélier qui eut détruit sa demeure, lui fut épargné.

Mais quand l'eau se retira, on constata que si les maisons avaient tenu bon, il n'en était pas de même du sol des rues qui avait été raviné, comme si on eut pratiqué des percées à la mine.

La route nationale de Bordeaux à la sortie de la ville, avait été littéralement emportée. C'est la plus grande et la plus forte brèche qui ait été fait à une voie.

Sur 65 mètres et dix mètres de profondeur tout le remblai a été enlevé, on eut dit une carrière ou un cratère de volcan. Six maisons se sont écroulées et de nombreuses fermes ont été détruites. 235 hectares de terrain ont été inondés.

MORT DE L'INSTITUTRICE AVEUGLE

Il y a eu une victime, Mme veuve Raz, surprise par le flot, mais deux dames très estimées à Lamagistère ont aussi trouvé la mort dans l'inondation, à Moissac, où elles étaient en visite; Mlle Boissière, la dévouée institutrice, aveugle, qu'on aimait tant et son adjointe, Mme Saint-Martin, surprises toutes deux dans une maison cernée de la rue Lachapelle, ce quartier moissagais au cœur du désastre.

A Lamagistère aussi il s'est trouvé de courageux citoyens pour arracher à la mort des habitants menacés par les eaux et pour limiter ainsi les deuils.

Nous devons signaler tout particulièrement :

MM. Barrau, Castan, Delbert, Fraiche, Fourmann père et fils, Louis Jonqua, Labernade, Lamolinairie, Pons, Rafi, Salabert.

Un autre fléau vint encore s'ajouter à l'inondation de la Garonne. La crue était passée, quand le bief du canal du midi creva, non loin de Parières, inondant les champs que n'avait pas atteint l'autre fléau.

 

Lamagistère

Témoignage de Danielle Petit sur mon facebook

Ma maman avait 4 ans et c'était le jour de son anniversaire (3 mars). Elle dormait chez un oncle à Lasparière parce qu'elle avait une angine et que ses parents devaient travailler le lendemain. C'est un hameau de Lamagistère entre le canal et le coteau de Clermont-Dessus. Un voisin est passé en hurlant en pleine nuit de se sauver vite parce que le Pont Cacor avait craqué à Moissac, que la vague avait crevé la digue du canal et que l'eau arrivait. L'oncle a mis sa famille et ma mère roulée dans une couverture dans sa Panhar Levasseur et ils sont partis sur le coteau. Ma mère disait que ceux qui étaient après eux avaient été rattrapés par l'eau. Mes grands parents étaient dans leur maison à l'entrée de Lamagistère côté Golfech et sur la berge de Garonne. Leur maison avait les caves (ancienne cuisine) au niveau de la berge et les pièces de vie au niveau de la route un étage plus haut. Ils ont été réveillés par le froid, l'eau avait atteint le dessous de leur lit, (ce qui faisait 2,5 m environ au dessus du jardin et ça s'est fini 20 cm sous le plafond de la chambre, soit plus de 4 m d'eau dans la maison), ils ont attrapé leurs vêtements (ma grand-mère disait que la chaise à côté du lit flottait déjà), sont montés au grenier. Le lendemain ils ont été évacués en barque par "l'imposte", petite fenêtre demi circulaire du grenier. Amenés sur la voie ferrée qui émergeait de l'eau ils sont partis à Valence d'Agen à pied se réfugier dans de la famille. Quand ils sont revenus à la décrue, le plancher de leurs chambres était tombé dans les caves avec tous leurs meubles, linge, vaisselle, etc.....Ils ont réparé la maison avec des fonds de secours qui leur avaient été donnés et depuis, des "tirants" métalliques tenaient les murs ensemble. La crue leur arrivait dessus droit depuis Auvillar, et le courant était terrible. Moi, je me souviens d'une crue en 55 qui avait rempli les caves, l'eau montait de plus de 25 cm à l'heure. Chez ma tante, elle avait monté les 4 dernières marches du jardin le temps d'un repas de famille, et on a évacué les meubles à l'étage les pieds dans l'eau! Vivre avec les crues de Garonne était une vie spéciale et toutes les maisons les prenaient en compte.

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