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Vie de La Brochure
18 mars 2020

Deux FTP morts à Réalville en 1944

Rodriguez Virazel

Gamin, à l'heure du passage devant le monument aux morts à Réalville, qui avec l'école, nous conduisait devant la stèle pour les deux hommes, personne ne nous avait conté cette histoire. Mon père a un récit un peu différent que celui-ci qui nétait pas signé (sans nul doute Marcel Maurières). JPD

La Dépêche 1984 : Résistance et sacrifice

Deux hommes courageux tombaient, il y a 40 ans, dans le «traquenard de Réalville».

 Ils étaient douze. Douze jeunes hommes d'un maquis des F.t.p. installé à la ferme « Garou », au nord-est de Penne-du-Tarn.

En ce matin du 18 août, il y a quarante ans, ce commando partait à l'attaque d'un train de l'organisation Todd, stationné en gare de La Ville-Dieu, sur une voie de garage. A leur tête, Lucien Naulet, dit « Maurice », et Georges Estival, dit « Lucien ».

A 10 heures, le groupe était sur les lieux. La gare de La Ville-Dieu était calme. Scindés en deux groupes, révolvers aux poings, les partisans bondirent dans un wagon. Surpris, les Allemands levèrent les mains et se laissèrent désarmer sans résistance. Ce ne fut pas plus difficile que cela.

Ces douze hommes étaient : Lucien Naulet, dit «Maurice»; Pierre Garcie, dit «Freddi»; Henri Waterlot, dit «Jean»; René Rebeyrolles, dit «Clovis»; Jacques Rodriguez, dit «Eloi»; Georges Estival, dit «Lucien»; Paul Richez, dit «Robert»; Bernard Destarac, dit «Pierre»; René Borredon, dit «Louis»; René Clastres, dit «Casimir»; Jacques Virazel, dit «Clopino»; Caulet, dit «Antoine».

L'EXPLOIT DE LA VILLE-DIEU

Vingt et un prisonniers, 1.500 kilos d'armes et de matériel divers, tel était le précieux butin de cette opération.

Laissant les prisonniers sous surveillance dans la salle d'attente, les Francs tireurs réquisitionnèrent deux véhicules dans la localité, deux camions susceptibles de contenir le matériel et les prisonniers, leur propre camion étant évidemment déjà bien chargé.

Avant de partir, il leur restait un travail 'à accomplir : faire sauter la locomotive de secours sur la voie et paralyser la gare en détruisant l'aiguillage. Ainsi fut fait.

LA TRAGEDIE DE REALVILLE

Après le cortège descend vers Réalville. Avant d'entrer dans la localité, les trois camions s'arrêtent derrière le château[1].

Georges Estival quitte ses camarades et s'avance jusqu'au passage à niveau pour reconnaître la R.N. 20. Tout paraît tranquille. La route est vide. Il est presque 17 heures. Estival rejoint ses copains et les moteurs tournent à nouveau.

C'est au moment où les camions allaient franchir le passage à niveau que surgit sur la route nationale un convoi allemand venant de Caussade précédé par une auto-mitrailleuse et un side-car.

Il est déjà trop tard. Les Allemands ouvrent le feu et tout de suite, cibles trop parfaites, les lourds véhicules accusent les coups : les pare-brise volent en éclats, les pneus sont touchés. Il n'est plus possible de faire marche arrière. Dans cet enfer de feu, les prisonniers allemands crient pour se faire reconnaître : au même titre que les maquisards, ils sont sous le feu des armes allemandes.

Alors, c'est le sauve-qui-peut pour les partisans qui abandonnent leur butin. Ils ne sont plus que dix : Jacques Rodriguez a été tué, Jacques Virazel n'est pas avec eux. Les Allemands comptent un mort parmi leurs camarades prisonniers. Mais ils ont fait un prisonnier (« Clopino ») et récupéré leur matériel de guerre.

JACQUES VIRAZEL MARTYR DE LA LIBERATION

Ainsi s'acheva cette journée du 18 août 1944. Les dix hommes, après avoir passé la nuit à Lamothe-Capdeville, regagnèrent le maquis de Garou.

Le corps de Rodriguez fut retrouvé au bord de la route de Mirabel : «

Eloi» avait 17 ans. Virazel ne survécut que quelques heures à son camarade. Conduit à la «kommandatur» de Montauban, il fut ramené à Caussade pour y être interrogé et torturé. Il ne livra pas le maquis de Garou. Attaché durant toute la matinée du lendemain sur un camion où il souffrait atrocement de ses blessures et des coups qui lui avaient été infligés. Il fut exécuté dans l'après-midi et tomba fusillé par une colonne allemande qui combattit au Rond, à Montauban. Il avait 18 ans. Deux stèles perpétuent le souvenir de ces deux jeunes hommes, morts il y a quarante ans pour libérer notre sol.



[1] Il s’agit sans doute du château du Martel aujourd’hui restaurant. Pour éviter la nationale ils avaient dû passer par une petite route Albias, Réalville sauf que pour rejoindre Penne, il était peut-être plus simple de passer directement par Nègrepelisse.

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