Le PCF et le droit à l’avortement en 1960 avec Jean Baby

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Dans les documents internes du PCF de 1930 que j’ai publiés, il y est question de ce militant toulousain un peu original Jean Baby dont on ne sait trop pourquoi il a été exclu alors qu’il était sous le feu du Parti socialiste, tête de liste en 1929 à Toulouse pour le PCF, et dont l’exclusion a soulevé une tempête dans la ville. Il y aurait eu incompatibilité d’humeur avec le permanent permanent, Ginestet. La raison fut si futile que très vite Jean Baby a pu reprendre sa carte, d’autant plus facilement que le mouvement des professeurs l’avait envoyé loin de Toulouse et de Ginestet et que toute la faute pouvait être reporté sur le groupe Barbé-Cellor (Ginestet restant cependant en place). Par contre l’exclusion de 1960 est claire et nette : c’est suite à la publication de ce livre chez Maspéro dans une collection où avant lui il y a Frantz Fanon.

A évoquer les membres du PCF du 82 il ne faut pas perdre de vue qu’en 1960 comme en 1920, 1930, 1940 la «ligne» est une donnée cruciale même si elle n’est pas unique.

Jean Baby était un intellectuel présent sur Les Lettres Françaises, sur les Cahiers du Bolchévisme, sur La Pensée et son livre est à la gloire du PCF dont cependant il pointe quelques imperfections. L’exclusion a dû fortement le secouer après des décennies de combat communiste et ensuite il va s’orienter vers les communismes chinois.

L’extrait que je reprends résume de manière parfaite les questions posées, et la méthode de Jean Baby qui dénonce fortement l’adversaire de classe sans pour autant négliger les insuffisances du PCF.

1 ) L’URSS : Lénine a été pour le droit à l’avortement (peut-être que le combat de sa femme n’était pas étranger à cette position) puis Staline a décrété le retour à l’interdiction de l’avortement, décret annulé en 1955.

2 ) Le PCF : sous prétexte qu’il faut des enfants à la France, Thorez est contre le droit à l’avortement (peut-être que le combat de sa femme n’était pas étranger à cette position) puis finalement au Congrès de 1959 il est retenu «formellement» qu’il faut en finir avec la loi de 1920. Sauf que le PCF ne fera rien dans ce sens et ne pourra développer son action parmi les femmes, l’U.F.F. restant timide sur le sujet (pour ne pas dire plus).

3 ) Question de fond classique : les luttes ne doivent pas se détourner de l’essentiel et l’essentiel… ne concerne pas les droits des femmes.

La suite de l’histoire donnera totalement raison à Jean Baby même si les députés communistes ne seront pas les derniers à voter la loi Veil. Le PCF ira à reculons sur ces terrains de lutte nouveaux[1]. Sur cette question, comme sur celles des jeunes, de l’écologie, de la guerre d’Algérie le PCF aura un temps de retard que Martelli théorisera ensuite sous le terme «le retard de 1956» sauf qu’à lire Jean Baby on mesure que le terme de retard est non seulement bien faible, mais peu approprié. Son livre commence par la critique de la notion de paupérisation, Baby étant économiste : au moment où les travailleurs achètent la machine à laver, la voiture etc. l’heure est à la société de consommation et non à la paupérisation ! En tant que parti révolutionnaire le PCF a aussi joué un rôle conservateur. Pointer un aspect n’efface pas l’autre. J-P Damaggio

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[1] Encore en 1972 un médecin communiste de Montauban refusera d’aider une jeune femme enceinte à avorter.