PCF 82 : avec Valentin Taillefer à Monclar de Quercy

Je pensais avoir perdu ce document (date approximative 1981) et je le retrouve avec grand plaisir. J'ai quelque part une photo de Valentin et sa femme, un couple à l'immense douceur. Je me souviendrais toujours de notre première rencontre : il rentrait du bois pour se chauffer. Chez eux se tenaient le plus souvent les réunions de cellule. Valentin n'a pas été un héros et dans l'entretien j'aime beaucoup le paysage qu'il donne d'abord du Monclar de sa jeunesse. Il apporte sur Pierre Couchet un témoignage important qui complète le portrait que je prépare de ce monument local. Et concernant la Résistance à Monclar à laquelle il n'a pas participé il évoque celui qui deviendra une figure poltiique, Roger Rignac, dont Aimé Vigouroux à Villebrumier aurait pu compléter le portrait de ce champion en duplicité. J-P Damaggio

Discussion avec Valentin Taillefer à Monclar de Quercy

Il est à Monclar depuis 1927. Pour raison de santé il est revenu de Tours où il était le secrétaire du syndicat.

Il a tenu une auberge à Monclar, fait de la menuiserie etc...

Il a pu me donner une image de l'époque.

D'abord Monclar était un village animé surtout le jeudi où il y avait foire. On ne savait pas où passer. A une foire d'aout il a vendu 40 caisses de bouteilles en deux heures et chaque caisse faisait 25 bouteilles d'un demi litre. Chiffre exceptionnel qui aboutit à 1000 litres et donc avec une moyenne d'un litre par personne on aboutirait à 1000 personnes.

La vie venait du commerce qui lui-même venait de l'agriculture.

On venait à pied, à vélo ou avec la jardinière. Il y avait des vollailes de toutes sortes et de tous âges, les oeufs etc...

Une fois par semaine il y avait le cinéma ambulant où il y avait une centaine de personnes.

Venons-en à la politique:

C'est en fait par là que l'on a commencé la discussion et plus exactement sur Fernand Granier. Il a connu Fernand Granier dès 1932 à une réunion à Monclar. En 1936 c'est Ginestet un permanent de Toulouse, instit dans l'Aveyron à l'origine, et même maire d'Aubin ensuite.

Au court de la réunion avec Ginestet il y a eu débat bien sûr. C'est le docteur Bent qui est allé lui apporter la contradiction. Le lendemain le docteur a reconnu que ce Ginestet n'était pas bête. Il n'avait pas réussi à le mettre en boîte. En effet Ginestet avait réussi à prouver que les communistes n'avaient pas le couteau entre les dents.

Ces réunions électorales étaient les seules activités politiques. Taillefer lui-même avec un autre est allé porter la contradiction à Daille peut-être, ou un autre de droite. Juste comme ils allaient à la réunion le candidat repartait car personne n'était venu mais voyant venir les contradicteurs ils décident avec eux de revenir à la salle de réunion et de discuter : la réunion a fini à cent personnes.

La politique n'était que débat.

En plus de Ginestet et Granier, nous avons parlé de celui de Montauban, Couchet le dentiste. En effet le fils Taillefer et lui-même allait se faire soigner chez lui et en particulier le fils y était allé juste avant que n'arrive la vague d'arrestation et Couchet lui a dit :  « -Ne craint rien j'ai tout brûlé.»

Le lendemain Couchet rejoignait le Corps Franc Pomiès à Castel. On le lui reprochera à la Libération et il sera exclu injustement d'après Taillefer. Que pouvait-il faire d'autre ?

Nous en sommes arrivés à parler de la Résistance.

Pour Taillefer la Résistance à Monclar n'était pas très sérieuse. Ceux qui étaient dans le maquis n'avaient rien pour se battre. Ils ont vu les Allemands surtout une fois quand, sur dénonciation d'un cas, la milice est venue faire des arrestations. Cinq personnes ont été arrêtées et envoyées en Allemagne. Deux y sont mortes. Taillefer a permis à son voisin de ne pas être arrêté en le cachant chez lui le temps de la rafle. Rignac lui s'est caché dans un puits. C'était le matin de bonne heure et la rafle à même pris des innocents dont un jeune boulanger qui partait à la Sauzière travailler et qui n'avait pas voulu écouter les conseils de prudence. Le maquis a par la suite exécuté un de ceux qui avait soit disant dénoncé, et pour Taillefer, c'était un pauvre bougre qui s'était même vanté d'avoir pour sa fille ou pour sa femme acheté une nouvelle robe ce qui le dénonçait car avec quel argent avait-il pu faire cet achat ? Ils furent dit-on abattus, exécutés, assassinés...

Le Corps Franc Pomiès à l'inverse était une véritable armée de la Résistance.

Il y a un autre communiste que de nom a connu Taillefer : c'est le charcutier de Septfonds : Durou. C'est par le cinéma ambulant qu'on pouvait lui parler. Ceux qui organisaient ce cinéma étaient de Septfonds et connaissaient bien Durou et comme ils savaient que Taillefer était communiste ils lui en parlaient.

(parenthèse : les souvenirs restent des souvenirs et par exemple en 36 Taillefer garde le souvenir de plus de 30 voix à Monclar pour Granier alors que les chiffres disent autre choses.)

Dans un autre domaine, on a aussi évoqué Cayrou beau-frère de Daille qui était connu pour ses histoires et qui était vétérinaire et sénateur.