Le père de Lionel Jospin à l’école de Donzac en 1939

Affaire_Robert_Jospin

Robert Jospin (1899-1990), père de Lionel Jospin, a eu un parcours que je résume. Né dans un milieu protestant très pratiquant il décide à un moment de devenir pasteur (effet de la guerre 14-18). Il abandonne ce projet et entre dans l’enseignement comme instituteur en 1930 puis professeur de cours complémentaire. Il devient pacifiste et anime des conférences en France et à l’étranger (avec Georges Pioch). Membre du PS depuis 1924 candidat battu aux législatives de 1936. Dans les années 1930, il devient un des dirigeants de la « Ligue des combattants de la paix », la plus intégriste des organisations pacifistes. Elle n'a qu'un mot d'ordre : « Non à toutes les guerres ». Le Maitron indique : «Durant la Seconde Guerre mondiale, son pacifisme le plaça dans la mouvance de la Ligue de la pensée française de René Château.» Après la guerre toujours dans le cadre de l’Éducation nationale, il entre au service de l’enfance délinquante. Il deviendra chevalier de la légion d’honneur et officier des palmes académiques.

L’épisode évoqué par le rapport de police ci-joint[1], concerne le court moment où il devient instituteur à Donzac. Au moment de l’évacuation de la région parisienne, en raison du fait qu’il avait quatre enfants, il a été détaché en Tarn-et-Garonne. Et il enseigne à Sistels de 5 au 11 novembre 1939 et à Donzac du 11 novembre au 25 décembre 1939.

Des plaintes de parents en font un portrait, réduit à deux ou trois phrases d’enfants. Quand le maire est interrogé à la fin, il confirme indirectement que c’est l’enquête de police qui alimente la critique. On devine le pacifiste qui dérange beaucoup, et l’esprit provocateur qui l’anime.

Le Commissaire de Montauban conclut le 31 janvier : « Il ressort qu’il n’a fait aucune propagande politique auprès des habitants adultes de ces deux communes et que les seuls faits à lui reprochés, qui sont tous rapportés dans le procès-verbal d’Enquête de la Gendarmerie se sont passés dans sa classe. »

Une suspension est proposée à l’Académie de la Seine vu qu’il est revenu à Meudon. Je ne sais les suites.

 Je n’ai retenu cette anecdote que parce que Donzac est juste à côté de Valence d’Agen, commune connue pour héberger Jean-Michel Baylet, le dirigeant politique que Lionel Jospin n’a pas voulu prendre dans son gouvernement entre 1997 et 2001, et qui, en représailles, a décidé de présenter une candidate à la présidentielle de 2001 (Mme Taubira), avec les conséquences imprévues qu'on connaît.

Le Tarn-et-Garonne est-il donc maudit pour la famille Jospin ?

J-P Damaggio

 Un film existe sur lui et un sur son épouse :

http://bbernard.canalblog.com/archives/2013/01/02/26047229.html

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[1] Archives départementales TetG 4 M 622