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Vie de La Brochure
3 mai 2020

Paul-Louis, Denise Moran, Tchad

moran_denise

Paul-Louis fut un communiste qui de 1924 à la mort de Verfeuil en 1927 fut à ses côtés. Il fut un communiste construit sur la base de l’anti-colonialisme, question qu’il traita dans un livre majeur en 1905. Il se trouve que sur la revue Commune de 1934 (où il ne participa jamais) passionné par un livre de Denise Moran il en fait le compte-rendu.

Denise Moran, née le 11 septembre 1885 à Paris et morte après 1946, est une intellectuelle féministe française. Il s'agit en fait du pseudonyme de Marthe Savineau, née Marthe Jenty, auteur de nombreux articles, de plusieurs livres et d'un rapport d'enquête sur la condition des femmes en Afrique-Occidentale française.

Il est dans une des deux missions qui visitent les camps des réfugiés espagnols en 1939

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k58104774/f2.image

J’ai récupéré sa photo sir le site du Maitron.

La lecture du compte-rendu vaut son pesant d’or. J-P Damaggio

 

Commune Mai 1934

TCHAD. — Denise Morand (Gallimard éditeur).

« Moins le blanc est intelligent, plus le noir lui paraît bête. » Cette phrase de Gide sert d'épigraphe à un chapitre de ce livre courageux.

En phrases vigoureuses, une Européenne intelligente souligne avec une franchise où s'allient l'écœurement et l'ironie, les turpitudes des milieux coloniaux perdus d'alcool et de sadisme, au milieu desquels elle se trouve isolée.

En ces milieux, elle coudoiera des fonctionnaires qui ne seront pas avares de conseils. De son boy, dont la compétence parfois n'égale pas le dévouement : « Vous en feriez quelque chose, lui dit-on, mais il faut lui casser la gueule. »

Ces méthodes d'éducation rapide ne peuvent surprendre au Tchad où, pour quelque cent-cinquante Européens et autant d'indigènes riches, on reçoit par an 600.000 bouteilles de vin et d'alcools.

Parmi les premiers, ajoute l'auteur, on en cite qui boivent à chaque repas un litre de « picon pur ».

Le climat n'est donc pas seul responsable de la fatigue intellectuelle observée chez certains coloniaux. Combien de semblables détails font mieux comprendre le cynisme et la bestialité de tel broyeur de noirs qui, paraît-il, sauva Verdun !

Pourtant, bien des désagréments européens poursuivent nos fonctionnaires aux colonies.

Tel inspecteur des affaires indigènes que le départ en tournée du gouverneur laissait sans direction, ne se crut-il pas obligé de lui adresser ce télégramme officiel : « Adjudant Mamadou, copule ma femme indigène, que faire ? »

Mais, ce qui fait la valeur du livre, c'est qu'on y voit constamment les indigènes en contact avec ce que nous leur présentons comme les bienfaits de notre « civilisation ».

Ce qu'ils commencent par en connaître ne dépasse guère la domesticité. Les « Mon Père » leur apprennent quelques prières, qu'ils répètent en se contentant d'une vague assonnance: « Notre Père z'aux choux ». Les officiers ne leur donnent guère d'exemples d'intégrité : « Quelques militaires envoient en France, par mandats, jusqu'à dix fois leurs soldes. »

Le fonctionnaire décrète : « Le mot captif doit disparaître du langage administratif. » Mais, est-ce donc un peuple libre qui tente d'échapper par la fuite aux prestations, aux corvées, au portage ?

Le gouverneur-général, par circulaire, interdit les violences. Mais après une répression en Haute Sangha, le même, Gégé demandera : « Combien de morts ? — Huit — Ce n'est pas assez ! »

Puis d'inénarrables rapports, prouveront sa sollicitude pour les survivants !

« Les indigènes ne sont pas partout affectés par l'apparition des sauterelles, ils peuvent, avec ce mets, pour eux «délicieux, varier leur alimentation.»

Vous lirez l'histoire de Boy-cochons et de ses deux épouses, la description du Printemps des fées, au pays noir, vous serez émus du fatalisme et de la résignation des pensionnaires de Bon Prison, vous connaîtrez Mamadou, moniteur aux pieds nus.

Autant de chapitres qui vous révèleront tout ce qu'il y a de profondément humain dans l'âme des peuples non encore avachis par notre éducation cléricale et bourgeoise.

Ils s'opposent à ceux qui décrivent les pionniers du capitalisme.

« Un homme du monde qui ne peut tenir son rang en France « que six mois tous les deux ans, passe le reste « en mission », « paie son poulet de brousse 25 centimes, et demande qu'on « protège la panthère, mangeuse d'hommes ».

Tourisme.

« Sur dix fonctionnaires, j'ai vu au Tchad 3 brutes, 3 ivrognes, 3 voleurs. Et le cumul est fréquent. Le dixième, neuf « fois sur dix, est un incapable, un indifférent, ou un découragé.»

Colonialisme…

Louis-Paul.

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