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Vie de La Brochure
8 mai 2020

Gramsci l’homme politique

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De la revue Cuba Debate nous arrive ce texte que je traduis, texte qui insiste sur le côté politique de Gramsci, quand d’autres ne regardent que son côté de penseur. JP Damaggio

 Gramsci, el político

Por Rafael Hernández

Le 27 avril 1935, il y a 85 ans, Antonio Gramsci passait de la mort à l'immortalité. Son accueil à Cuba a été apporté et porté par les vicissitudes de la politique et le débat d'idées. D'une certaine manière, il a représenté un certain thermomètre des vagues intellectuelle et idéologique parmi nous, non seulement en relation avec le marxisme, son enseignement théorique et doctrinal, mais aussi en lien avec l'interprétation du politique et du culturel, et dans la discussion sur des sujets tels que la domination, l’hégémonie, l’intellectuel organique, la société civile, le rôle du parti, la démocratie ...

Gramsci était avant tout un homme politique. Le fascisme italien ne l'a pas condamné pour ses idées philosophiques, pas même pour avoir écrit dans L'Ordine Nuevo, le magazine des communistes, mais pour son intense activité à la tête de ce parti. Il est arrivé à ce poste, trois ans après l'avoir fondé, en 1921, en compagnie de Bordiga, Togliatti et d'autres (avec lesquels il n'était pas toujours d'accord), bien qu'il soit laid, à moitié bossu[1], petit, ressemblant à un intellectuel, et étant empêtré dans des discussions publiques avec ses collègues. Il est devenu Secrétaire Général du PCI pour ses compétences de leader, son pouvoir de conviction, sa capacité d'organisation, son courage et sa vision stratégique; ou pour le dire avec des mots justes, pour son énorme sens du moment historique. Il est vrai qu'il a d'abord sous-estimé les chemises noires «ravissantes» du fascisme, le qualifiant de mouvement petit-bourgeois destiné à passer. Mais c'est, selon Trotsky, le seul qui a le plutôt averti de la possibilité d'une dictature fasciste, c'est-à-dire de la formidable menace d'un populisme aux drapeaux ultra nationaliste, dans un pays perdant et appauvri, capable de galvaniser à droite ce qu’il appellerait plus tard le «bon sens», et qui marcherait vers cette dictature à partir de 1922 - comme le feraient plus tard les chemises brunes national socialistes à Munich en Allemagne.

Né sur une petite île au fond de l'Italie, dans une famille de bas niveau, habituée à faire face à la pauvreté dans le monde rural du travail du grand sud. Grâce à son intelligence et à son autodiscipline, il parvient à l'université, souffrant de faim et de froid à Turin, l'épicentre nord des luttes du prolétariat italien, où il étudie les lettres, intègre le mouvement étudiant, se bat aux côtés des futurs dirigeants des organisations de gauche et des syndicats et il a appris que le rôle de la presse du Parti et de l'organisation elle-même comprenait l'accueil d'intellectuels et la promotion de la pensée, l'utilisation de l'intelligence et de la culture (pas seulement l'art et la littérature), de sorte que le mouvement populaire (non seulement l'union) ne pouvait se mettre à la traîne de la révolution européenne - avec les Russes, les Hongrois, les Allemands.

Il a entretenu des relations très étroites avec les bolcheviks et il a appris de leur expérience de pionnier et de leur leadership, composé de brillants esprits. Ils n'avaient pas à lui expliquer, bien entendu, qu'une révolution était loin d'une promenade dans le pays, d'un rassemblement philosophique ou d'un cours d'histoire des idées du maître Benedetto Croce. Il était très clair que l'organisation stricte du parti bolchevik, sa discipline et ses règles d'action, sous le commandement de Lénine, étaient essentielles pour la révolution; et ils n'avaient rien à voir avec la machinerie fasciste brutale et ses habitudes de leadership. Après avoir visité l'URSS pendant des mois et rencontré personnellement ses principaux dirigeants, il a également averti que, après la mort de Lénine, les divisions au sein du parti soviétique constituaient une menace pour tout le monde. Ayant représenté le PCI devant l'Internationale communiste, il a su se défaire des verres qu'elle assignait aux autres partis communistes, pour comprendre pleinement les problèmes d'une révolution socialiste en Italie, basée sur une alliance entre les ouvriers du nord et les paysans du sud. Il s'est également publiquement opposé à la tendance prônant la bolchevisation du PCI.

Mussolini, un socialiste renégat (tenez compte de ce détail), a réussi à le mettre en prison et à lui infliger une longue peine. Le juge fasciste qui le condamna a déclaré : "Pendant 20 ans, nous devons empêcher ce cerveau de fonctionner. " Sa santé fragile ne résistera pas à ces donjons et il meurt en 1935, à tout juste 44 ans.

Paradoxalement, ce sont précisément les circonstances de la prison qui permettent à ce cerveau révolutionnaire de canaliser son énergie en écrivant, dans des dizaines de livrets, ces textes éblouissants qui continueraient la voie du marxisme de Marx et Lénine, comme théorie révolutionnaire, à partir de la rigueur analytique de la sociologie italienne et européenne, l'anthropologie culturelle, la science politique, c'est-à-dire d'une culture humaniste ancestrale, en récupérant l'héritage de la pensée critique. Grâce à cette prison, nous avons aujourd'hui, par exemple, cette accumulation de notes éparses, rassemblées sous le titre Notes sur Machiavel, sur la politique et sur l'État moderne, lecture essentielle pour ceux qui parlent, écrivent et enseignent la politique et la culture à Cuba.



[1] Note JPD : Tout d’un coup je constate le lien physique qui a pu naître avec Mariategui, handicapé lui par une polio.

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