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Vie de La Brochure
25 juin 2020

Mathiez écrit à La Dépêche en 1922

Krasin

Quels rapports entre la révolution française et la révolution russe ? Le débat est multiple et je donne ici une lettre publiée sur La Dépêche avec réponse de l'homme mis en cause. J'ajoute à la fin l'article de L'Humanité qui est à l'origne de la polémique. Krassine sera le premier ambassadeur de l'URSS à Paris. J-P Damaggio

 

La Dépêche 13 mars 1922 : CORRESPONDANCE

Nous avons reçu la lettre suivante : Monsieur le directeur,

On me communique un article de la Dépêche, où il est dit, sous la signature de M. Yvon Delbos, que j'ai énuméré avec complaisance toutes les horreurs de la révolution et que je les ai « comparées aux atrocités des soviets, pour les confondre dans une commune admiration ». Autant de mots, autant d'erreurs : il n'y a pas un seul mot de tout cela dans l'article « Krassine et M. Aulard », que j'ai publié dans l'Humanité du 20 février, pour rétablir certaines vérités historiques méconnues. Mais il est plus facile de dénaturer ma pensée que de contester les faits précis que j'ai allégués pour prouver que les révolutionnaires français ont été plus d'une fois obligés – bien avant la Terreur –  de violer leur propre lègalité.

Si M. Delbos, connaissait mes ouvrages sur la Révolution française, il aurait peut-être hésité à me prêter des opinions qui ne sont pas les miennes J'ai toujours pensé et écrit que Robespierre et les Montagnards subirent la Terreur comme une obligation inéluctable, mais déplorable et j'ai condamné, au moment même, bien avant que M. Delbos y songeât, les violations répétées de la Constitution et des lois qui caractérise le régime que la Chambre radicale de 1914 a instauré sans nécessité et sans excuse pendant toute la durée de la dernière guerre.

Mais il est exact que je réclame pour les révolutionnaires russes la même justice que pour les révolutionnaires français. Rien de plus, rien de moins. M. Delbos, lui, a deux poids et deux mesures.

Veuillez, monsieur le directeur, insérer la présente rectification — conformément à la loi — dans le plus prochain numéro de la Dépêche, et agréer mes salutations très distinguées. — Albert Mathiez.

Dans l'allusion rapide que j'ai faite à M. Mathiez, je n'ai nullement contesté la grande valeur historique de son œuvre, ni même de son article. Bien plus, contrairement à la plupart des « bourgeois » que flétrissent M. Mathiez et ses amis communistes, je lui ai donné acte que, sous le rapport des atrocités, il y a des analogies entre les révolutions française et russe. Seulement, dans son admiration pour les soviets, il les excuse par ce rapprochement.

Je n'ai nullement contesté, comme il le déclare, les faits précis qu'il allègue. Je me suis borné à les déplorer. Qu'il s'agisse de notre Révolution ou des dictateurs de Moscou je ne vois que des crimes à flétrir là où il cherche une justification à invoquer. C'est une différence assez sensible pour que je persiste à penser que je n'ai pas commis, en critiquant son apologie, l'erreur qu'il me reproche. Y. D.

Aulard_Krassine_Mathiez

 

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