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Vie de La Brochure
2 juillet 2020

L’abstention à toutes les sauces

Les grands médias sont une catastrophe, c’est connu, mais faut-il encore le prouver en permanence.

Avant les municipales combien de reportages nous ont fait pleurer sur les maires qui ne veulent plus être maires, sur les communes sans listes ? Au final combien de communes sans maire ?

Les vrais problèmes (ils existent), c’est le nombre de communes avec une seule liste et son augmentation catastrophique. Je l’ai calculé pour les Tarn-et-Garonne où on passe de 48% en 2014 à 74% en 2020. Quel journaliste peut me donner ce nombre dans le pays ? Pas besoin d’avoir fait science-po pour comprendre que là où il n’y a qu’une liste, l’abstention puise progresser largement ! Et quand on lit les résultats et qu'à toutes les lignes on découvre élu avec 100% c'est triste à mourir !

La présence d’une seule liste est plus dramatique encore que l’abstention car il démontre qu’il y a de moins en moins de candidats voulant jouer le jeu de la démocratie : pas de démocratie sans les perdants. Souvent les mairies notent sur des plaques la liste des maires : elle devraient mettre à côté la liste des perdants mais dans une société qui ne rêvent que de gagnants…

Donc de quelle crise parle-t-on ? De la crise des partis… qui bavardent ensuite sur l’abstention pour faire oublier leur échec !

J’ai fait un article sur le sujet des candidats aux municipales : on a invité d’abord la société civile sur les lites des partis, on a ensuite mis en place des listes citoyennes sans lendemain, et au final on célèbre le tirage au sort !

Bilan : on déclare ensuite que les abstentionnistes sont plus légitimes que les élus surtout quand ils font « une grève civique », formule ridicule lancée dernièrement par Mélenchon.

Par définition, ce qui est civique est de voter, et non pas de s’abstenir. Bien sûr, je connais des anarchistes qui font du refus de voter un acte civique, mais ils sont très marginaux, et je n’ai pas appris que la montée de l’abstention leur donne un élan.

Par définition une grève est une action, or je ne connais pas de mouvement d’abstentionnistes actifs appelant au refus de vote ! L'abstention est une démission et non pas une action. 

Oui, je veux bien qu’on montre du doigt l’abstention mais à partir d’une analyse réelle sur la longue durée et qui s’appelle crise de l’engagement dans un parti, car ne nous y trompons pas, ce sont toujours des partis qui dirigent le pays, à tous les échelons de la vie politique ! Et les partis nouveaux ne suscitent pas plus l’enthousiasme que les anciens, à une époque où l’adhésion est fortement subventionnée par l’Etat !

D’où le retour au point de départ : les grands médias polluent le débat démocratique pour diriger le pays. Jaurès l’avait compris quand il créa l’Humanité qui existe toujours sans avoir réussi à être un contre journal. Et toute la question est là : Pourquoi ? J-P Damaggio

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