Le livre avec Raoul Verfeuil

L’homme qui a charpenté ma vie s’appelle Manuel Vazquez Montalban (MVM). Il m’a appris que la fidélité, arme majeure de toutes les religions, pouvait être révolutionnaire. Certes, j’avais noté cette possibilité avec Léon Cladel mais l’écrivain catalan lui donnait une force universelle. La fidélité n’était pas soumission au passé, mais émancipation par le moyen du passé, une position considérée comme peu progressiste. Le vrai révolutionnaire place l’émancipation dans un futur quelconque et souvent communiste.

Et en suivant la pente MVM j’ai constaté également le côté révolutionnaire de la lucidité. Un jour, le poète a décidé que, tout en continuant d’écrire de la poésie il allait passer au roman noir pour atteindre la notoriété. Et il a aussi décidé d’écrire en espagnol, n’usant du catalan que pour quelques chansons en cette langue ou quelques chroniques journalistiques.

Non la lucidité n’est pas un prétexte pour baisser les bras face aux quêtes révolutionnaires. Au contraire, elle en est un bras. Comme la fidélité, la lucidité fait souvent le jeu de toutes les compromissions au nom de ‘indispensable «réalisme». Puisqu’on ne peut remuer des montagnes alors inclinons-nous devant le possible !

MVM a compris que l’utopie n’était autre que le capitalisme et qu’en face il fallait s’armer d’une autre connaissance : celle de l’histoire.

Raoul Verfeuil est passé par les mêmes épreuves. Ne pas céder sur sa gauche, ne pas céder sur sa droite. La lucidité révolutionnaire n’est pas un donné acquis à la naissance comme la lucidité ordinaire mais une construction de l’esprit.

Verfeuil est né radical (comme Jaurès) et sans oublier cette naissance, il est devenu socialiste, pacifiste, communiste. Socialiste contre des radicaux qui contournaient la question sociale. Pacifiste contre des socialistes d’union sacrée. Communiste contre les socialistes d’union sacrée et aussi contre les communistes moscoutaires. Lucidité oblige ! Non le capitalisme n’était pas au bord du gouffre en 1912, 1920 ou 1924 (et pas plus aujourd’hui !).

Ma propre lucidité est simple : bien que ce livre, (cette rencontre avec Verfeuil), soit fondamental aujourd’hui encore, il sera tiré seulement à 50 exemplaires ! J-P Damaggio

Format 24 x 16, 316 pages, sortie le 15 septembre

Et pour cette fois j'ai doté le livre d'un index pour rappeler que Verfeuil n'a jamais été seul : Index