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Vie de La Brochure
23 juillet 2020

Un livre récent sur Alexandra David-Neel

alexandra David-Neel

Alexandra David-Neel est dans l'actualité avec d'une part l'édition d'un roman d'elle inédit sur sa vie quand elle était actrice et un autre sur son rapport au Bouhhisme présenté ci-dessous.

 La Croix

Claire Lesegretain, le 16/10/2019

• Alexandra David-Neel, l’invention d’un mythe, de Marion Dapsance, Bayard, 300 p., 16,50 €

 

Dans Qu’ont-ils fait du bouddhisme ? (Bayard, 2018, 174 p., 16,50 €), Marion Dapsance remettait en cause la manière dont le bouddhisme est généralement présenté en Occident, c’est-à-dire comme une sorte de sagesse universelle, pouvant apporter bien-être et paix à l’humanité. Elle s’en prenait notamment à l’idéologie visant à faire du Bouddha « un anti-Christ », qu’elle fait remonter au début du XIXe siècle, au moment où l’Occident cessa d’être chrétien, avec des personnalités tel Eugène Burnouf (1801-1852), anticlérical, libre-penseur et fondateur de la Société asiatique.

Une critique sévère du bouddhisme à l’occidentale

Prolongeant sa critique des importateurs du bouddhisme en Europe, cette anthropologue de l’École pratique des hautes études (EPHE) s’attaque ici à « l’anti­spiritualité d’Alexandra David-Néel » (1). Car la célèbre exploratrice, décédée en 1969 à presque 101 ans, a contribué par ses nombreux articles et livres – notamment Voyage d’une Parisienne à Lhassa en 1927 et Le Bouddhisme : ses doctrines et ses méthodes en 1939 – à diffuser un boud­dhisme réinventé, conçu comme l’antithèse du catholicisme.

Théosophie

Enfant unique d’un couple de commerçants, la jeune Louise David, née à Saint-Mandé (Val-de-Marne) en 1868, cherchait un sens à sa vie qu’elle ne trouva pas dans le catholicisme, la religion de sa mère, même si elle songea un temps au carmel « par idéal romantique », selon Marion Dapsance. Après s’être convertie à 20 ans au protestantisme, elle rencontra par les ouvrages de Helena Blavatsky la « théosophie moderne », fondée sur un syncrétisme à base d’hindouisme et de bouddhisme. « Louise David est restée théosophe toute sa vie, ce qui lui a permis, souligne Marion Dapsance, de bénéficier d’un réseau international de personnes partageant les mêmes centres d’intérêt et prêtes à l’assister dans ses voyages.»

C’est dans ces milieux orientalistes, marqués à la fois par l’ésotérisme et le matérialisme, que Louise David a découvert le bouddhisme à partir de 1890. Et c’est donc à travers ce prisme qu’elle l’analysa. Ce qui fait dire à l’auteure que « Louise David, occultiste athée, a joué un rôle important dans la trahison de la pensée bouddhique qui revendique précisément l’indépendance totale de l’esprit par rapport à la matière – rendant seule possible la transmigration ».

Une vie d’errrance

Autre spécificité de Louise David, selon Marion Dapsance : son objectif, à 30 ans, n’était ni l’épanouissement personnel ni le service d’autrui, « mais simplement la survie face à une société conçue comme aliénante ». En ce sens, elle adhéra à un club anarchiste bruxellois et s’engagea dans la rédaction d’écrits politiques et féministes – à une époque où une femme qui ne souhaitait pas se marier n’avait guère d’autre choix que de devenir une « demi-mondaine », tout en poursuivant une carrière de chanteuse sous le pseudonyme d’Alexandra Myrial.

Après avoir épousé à 36 ans Philippe Néel de Saint-Sauveur, elle continua sa vie d’errance entre capitales européennes, Asie et Afrique du Nord – elle fut un temps directrice artistique du casino de Tunis. Son mari ayant mis sa fortune à sa disposition, même s’ils ne vécurent jamais ensemble après leur mariage, celle qui est désormais connue comme Alexandra David-Néel part pour l’Inde, en 1911, avec l’intention d’écrire sur « Le Vêdanta vivant ». Elle y rencontre quelques brahmanes mais, à aucun moment, ne recherche un guru ou un guide spirituel : à ses yeux, écrit Marion Dapsance, « le panthéisme hindou est un athéisme mystificateur et cynique ».

Avec ce même manque d’estime pour ce qu’elle appelait le « lamaïsme », l’exploratrice rencontre à Kalimpong, près de Darjeeling, le 13e dalaï-lama dont elle parle comme du « pape jaune » ou du « grand manitou ». Et « lorsqu’elle constate la religiosité des peuples de Ceylan, d’Indochine et du Tibet, elle conclut, dénonce Marion Dapsance, que ces gens ne sont pas des bouddhistes authentiques ».

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L
Alexandra David-Néel habillée pour l'hiver par La Croix !
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