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Vie de La Brochure
26 novembre 2020

1920-Bruniquel-cosmopolite

cano autoportrait

Le fait est connu des initiés, le 14 août 1920 le peintre-sculpteur-poète Zadkine s’est marié à Bruniquel (Ossip comme prénom courant mais Josselyn comme prénom officiel). Un Russe à la mairie du village ! En fait ce n’est pas exactement un Russe et je ne l’écris pas parce qu’il avait pu se naturaliser en 1918 mais parce qu’il était né en Lithuanie (Lituanie à présent). Le secrétaire indique d’ailleurs Russie entre parenthèses, plutôt qu’URSS. Or Vilnius la capitale, comme le pays entier, était bien différente de la Russie. Sauf que la ville de naissance Vitebsk était et est en Biélorussie mais comme Vilnius elle était dotée d’un ghetto pour juifs.

Il s’est donc marié pour la vie avec Valentine Prax native de Bône et comme son mari, domiciliée à Bruniquel mais aussi à Paris 35 rue Rousselet dans le 7ème arrondissement. Son père et sa mère avait fait le voyage pour l’occasion étaient en Algérie propriétaire-forestier.

Sauf qu’il n’y avait pas que l’Algérie et la Biélorussie présente devant l’adjoint au maire, M. Gandil. Je m’étonne d’ailleurs que le maire ne se soit pas déplacé en cette occasion exceptionnelle. Peut-être parce qu’entre Zadkine et la municipalité il y avait un différent : pour la construction du monument aux morts un artiste local a été préféré à la proposition de Zadkine. Or cette question n’était pas qu’artistique mais surtout financière (1). Zadkine était si misérable que la légende dit que c’est Ramey qui lui a prêté sa bague pour le mariage, or un monument aux morts était généralement très bien payé.

Valentine Prax avait le prénom de sa mère dont le nom est manifestement d’origine italienne. Ils étaient si bien installés à Bruniquel que le notaire pour le contrat était Montalbanais : Charles Fénié.

Là où le cosmopolite devient encore plus original c’est avec les témoins et l’un d’eux est bien connu des initiés car il est sur une photo du mariage. Foujita a ajouté un u à son nom japonais : Fojita et il était là avec sa femme authentiquement française, Fernande, mais pas une épouse pour la vie.

L’autre témoin, je l’ai découvert sur l’acte de mariage aimablement communiqué par la mairie de Bruniquel : Manuel Cano de Castro. Il s'agit d’un homme bien connu en Catalogne mais natif du Costa-Rica ! Un homme dont tout le monde s’accorde pour dire qu’il était énigmatique. Et sa présence est énigmatique car je ne l’avais jamais croisé auparavant dans le cercle d’amis du groupe Ramey-Zadkine. Je m’étonne d’ailleurs qu’Henry Ramey ne soit pas parmi les témoins.

Tous sont artistes et Manuel Cano a fait le voyage car il habite avec Foujita dans le quatorzième arrondissement à Paris. Il ne manquait que la présence du continent africain !

Voilà donc le tableau d’une journée mémorable à Bruniquel dont nous aurions pu fêter le centenaire cette année si la passion des anniversaires était utile. J’ai placé comme illustration, pour faire dans l’énigmatique, un autoportrait de Manuel Cano. J-P Damaggio

P.S. Aline Beauduffe me communique un texte de Ramey qui indique que Zadkine était prêt à offrir gratuitement son monument aux morts.

(1) Je découvrirai ensuite qu'en fait Zadkine était prêt à faire l'oeuvre gratutiement.

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